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24 août 2011


Ma tendre Mamie a décidé de s'envoler vers d'autres cieux, une dizaine d'années après mon grand-père.  Je n'ai pas une grande famille, et ces deux personnes furent mes seuls grand-parents. Des êtres que j'ai beaucoup aimés. Mon grand-père était plutôt discret, mais il nous fabriquait tous les jouets que l'on souhaitait et nous laissait crier, hurler, courir au milieu de ses plantations. Il m'a appris l'horticulture et la patience. 

Ma Mamie était une grande-mère douce, patiente qui nous gâtait avec ses petits plats et son écoute.  J'ai grandi et j'ai découvert à la mort de mon grand-père, une femme déterminée et libre. Elle est tombée amoureuse de deux autres hommes, chaque histoire a duré plusieurs années. Elle nous a appris qu'à 70 ans la vie commençait.  Aujourd'hui, je pars lui rendre hommage, et en repensant à sa vie, cette femme qui est née pauvre, a fait un bon mariage, a travaillé toute sa vie car elle ne concevait pas de ne rester qu'une épouse et mère, a toujours vécu avec son temps (les meubles changeaient tous les quinze ans). 

Une femme qui n'avait à la fin de sa vie aucun regrets, juste un profond ennui et une envie de partir rejoindre ceux qu'elle a aimés. C'était une femme moderne. Je la remercie de mon cœur pour tout cet enseignement.

Ce midi, vin d'honneur en sa mémoire car chez nous, on célèbre les belles vies. Et samedi, je serai toujours en famille, dans l'Est pour le mariage de mon cousin, du bon vin alsacien et des plats très légers ! C'est une première de voir autant de famille en si peu de temps. Ma Mamie a eu la bonne idée de nous faire traverser la France dans les deux sens en quelques jours. Tout à fait elle ;)

Ce qui explique le peu de billets produits ! Mais je ne suis pas loin et je continue de vous lire.





17 août 2011

Bridesmaids ou Mes Meilleures amies


Le temps extrêmement changeant m’a poussé à retourner m’enfermer dans les salles de cinéma, j'avais envie de voir la dernière comédie américaine qui a « explosé le box-office » Bridesmaids ou Mes meilleures amies en français.

Le pitch est simple : Annie, la trentaine traverse une période sentimentale et professionnelle compliquée lorsqu’elle est choisie par sa meilleure amie, Lillian pour être son témoin à son mariage, elle lui présente alors ses 4 demoiselles d’honneur, toutes plus bizarres les unes que les autres, et tout va partir en vrille …

Le concept est purement américain, en effet le mariage à l’américaine est très codifié : la mariée choisit une maid of honor et des bridesmaids (demoiselles d’honneur). Il n’y pas de témoin à proprement parler, comme en France. La plus proche sera effectivement désignée maid of honor, chargée d’organiser la fameuse bachelor’s party (dernière soirée de célibataire), prévoir des tonnes de surprises, s’occuper des robes, de faire le toast, la répétition du mariage (les américains répètent leur mariage la veille, si si, la cérémonie, la première danse, je parle des grandes cérémonies). Bref la liste est extrêmement longue pour la chanceuse et c'est donc un véritable challenge. Je la plains ! Elle doit ainsi s’occuper des robes avec la mariée qui aura le mot final – car la tradition veut qu’elles portent toutes la même robe – généralement très moche. Il est logique que la mariée soit la plus belle ce jour-là, non ?

On s’est tous amusées à regarder les photos ou les images au cinéma de mariage américain en pouffant de rire, et c'est bien normal. Moi-même j’ai acheté une année une robe de demoiselle d’honneur rose bonbon, brillante avec un énorme nœud devant pour une soirée déguisée (mes deux copines également, on avait chanté Barbie Girl avec un pote bourré sapé paillettes).

Et si aujourd'hui, on s'inspire des thèmes (champêtres, rétros) que les américains savent bien faire, que l'on peut trouver des sites très sympas qui vous donnent envie de vous marier, pour avoir vécu aux États-Unis, dans des zones rurales, je confirme que cela existe encore bel et bien. J’ai assisté à plusieurs mariages, et je me souviens d’une cérémonie en plein mois d’août à Saint-Louis, un jour où il faisait pas moins de 42°C à l’ombre, je me suis précipitée dans l'église pour être enfin au frais, mais que nenni ! Les murs en pierre n'étaient que de piètres imitations, et il faisait 50°c à l'intérieur, et voir arriver les invitées avec des collants blancs, j’ai cru mourir. Le rose et le bleu sont les couleurs de mises, comme pour les bébés.


Mais REVENONS au film !

Kristen Wiig alias Annie
Jude Apatow, le nouveau roi de la comédie américaine en tant que producteur et réalisateur (40 ans toujours puceau, en cloque mode d'emploi, funny people) a donc choisi cette fois-ci de mettre à l’honneur uniquement des femmes.  Les hommes sont quasi inexistants (exceptés pour le policier), et cela fait du bien. Je ne sais plus quelle actrice disait récemment qu’elle en avait marre de voir des comédies où l’homme était drôle et la nana, gourde. Cela change donc, le casting est composé d’actrices peu connues en Europe mais réputées outre-manche, le premier rôle va à Kristen Wiig (Annie) – une actrice issue du sérail télévisuel, une spécialiste de la comédie car elle officie au célèbre show Saturday Night Live.

La mariée (Lillian) est interprétée par l'excellente Maya Rudolph qui a un long passé de comédienne dans des séries télévisuelles et fait aussi partie du SNL.

Ne pas oublier Rose Byrne – une de mes actrices préférées, qui montre ici ses talents de comédienne, elle ne ressemble plus du tout à son personnage de Damages (Ellen Parsons) bien qu’elle interprète une autre Helen, l’épouse du patron du futur marié – une bourgeoise pimbêche hyper bien gaulée en pleine compétition avec l’héroïne du film, surnommée "Little miss Perfect" et qui va rendre gaga notre pauvre Annie.

J’ai aussi retrouvé Melissa McCarthy qui jouait Suki dans Gilmore Girls. Cette fois-ci, elle interprète Megan, la future belle sœur de la mariée, une femme aux formes atypiques, très masculine, qui pète et qui rote mais qui est aussi honnête et soucieuse des autres. Ce rôle lui avait la porte de tous les talkshows US.

Deux autres demoiselles, Rita et Becca viennent compléter la petite bande. La première est une femme mariée, mère de trois garçons qui se morfond dans sa vie de desperate housewife, et ne rêve que de faire la fête et se trouver de jeunes amants ! Face à elle, Becca, jeune mariée  puritaine et coincée avec toutes les idées préconçues qui vont avec et qui va au contact des autres se lâcher et comprendre ce qu’est la vraie vie.

Le film est drôle, même si j’ai eu du mal à rentrer dedans, car il n’y avait que la version VF de proposée, or je l’ai trouvé assez mauvaise au début, et connaissant les voix de deux des actrices, j’avais du mal à les reconnaître. Fort heureusement, l’histoire est plus forte que tout. Je ne m'attendais pas à cette sorte d'humour car ici il est potache et cru.

Ainsi, deux femmes assises devant au cinéma ont apprécié moyennement. C’est de l’humour gras,  Megan pète, rote et montre son corps. Les scènes les plus drôles sont celles de l’affrontement entre Annie et Helen, qui se battent pour être la plus proche de la mariée. Rien ne se passe comme prévu dans la vie d’Annie, qui va perdre son boulot, son logement, comprendre que son petit ami (l'apparition fort agréable de John Hamm de Mad Men, qui joue ici un parfait idiot) ne sera jamais son petit ami officiel, gâcher leur virée de célibataires (tant mieux car en les voyant partir pour Las Vegas, je me suis dit que le film finissait par trop ressembler à l'autre comédie The Hangover (Very bad trip)).

Je n'ai en effet, pas pu m'empêcher de faire le lien, fort heureusement l'histoire ne s'arrête pas là et l'histoire d'amour (il y en a une, c'est quand même une histoire de nanas !) est attachante.
De gauche à droite : Melissa McCarthy, Wendy McLendon-Covey, Ellie Kemper, Kristen Wiig, Maya Rudolph et Rose Byrne
 
Et je n’ai pas autant ri que je le souhaitais, j’avais beaucoup ri en voyant The Hangover, et voyant le succès au box-office, je pensais retrouver le même humour. Avec le recul, j'avoue qu'il y a fort heureusement de très bons moments, celle où Annie tente de se faire arrêter par ce policier qui lui plaît, en accumulant les fautes de conduite, où elle incapable de vendre du rêve (des bijoux) à des futurs mariés ; mais bizarrement sa déchéance ne m’a pas fait autant sourire que ça, et son comportement m’a parfois irrité. Son égocentrisme m’a un peu énervé.

En réfléchissant, ce n’est pas plus mal que d’avoir une héroïne parfaite, finalement elle en prend pour son grade (et le mérite amplement, j’adore la scène où une cliente lui rentre dedans) et Helen, la grande bourge finit par montrer de véritables sentiments et une faiblesse attachante.

J'adore Megan, alias Melissa McCarthy, la première à gauche, on voit ici son style...
C’est donc une bonne comédie, il faut aller la voir avec le cœur léger, et si c'est le cas, elle vous amusera. Ma note ? Un C+.

Et quand on voit les robes, avouez-le, c'est quand même pas génial, de plus, certaines seront toujours plus avantagées que d'autres selon leur physique et la robe elle-même. Sauf si la robe est très laide ...

Allez, elles sont toutes sympas, et voir enfin des femmes s'éclater, ça fait du bien !

15 août 2011

Montana


Dans le cadre du challenge 50 états, 50 billets, je dois donc écrire un billet sur chaque état. Celui-ci sera forcément particulier car j'ai eu la chance de vivre au Montana, d'y travailler, et de profiter de cette nature exceptionnelle. Le Montana était un état vraiment méconnu du français moyen jusqu'à ce que Robert Redford, amoureux de ces paysages exceptionnels décide d'en faire un film. Ce sera Et au milieu court une rivière (A river runs through it) en 1992, adapté du livre de Norman McLean. Les spectateurs découvrirons les paysages sublimes de cette contrée lointaine.  A noter, que Robert Redford n'a pas acheté son ranch au Montana, mais dans l'état voisin du Wyoming.

A la frontière du Canada, le Montana est le quatrième état le plus grand des États-Unis en superficie (plus grand que le Japon qui compte plus de 120 millions d'habitants) mais totalise à peine 980 000 âmes ! Le plaçant dans tous les derniers. Il y a plus de vaches au Montana que d'être humains (appris dès mon arrivée). A l'ouest, il est traversé du nord au sud par les Montagnes Rocheuses, sublimes, et le parc national du Grand Glacier qui offre des randonnées extraordinaires, à l'est, c'est la prairie qui s'étend sur des centaines de kilomètres jusqu'au deux Dakota. Au sud, il partage une immense frontière avec le Wyoming et l'Idaho.

Missoula
Missoula
Sa capitale est la jolie ville d'Helena, mais la plus grande ville est Billings. Pour ma part, j'habitais la cinquième ville, située au nord ouest de l'état, Great Falls. En fait, je n'habitais pas dans la ville mais à dix kilomètres, dans la plaine, avec une vue sur les Rocheuses. Les autres villes sont Missoula à l'ouest, la ville des écrivains (ses ateliers d'écriture sont les plus demandés aux États-Unis et de nombreux écrivains viennent y participer), Bozeman plus au sud et Kalispell tout au nord ouest (dont j'aime la sonorité). J'ai eu la chance de visiter ces villes.

Le Montana est célèbre, non seulement pour ses immenses étendues, ses ranches, ses cowboys, ses rivières (la pêche à la mouche, les truites) mais il abrite également des parcs célèbres : le parc National du Glacier, voisin du Canada, dans les Rocheuses qui s'étend jusqu'à la réserve indienne des nations Flathead (têtes plates), le parc National du Yellowstone (il possède trois des cinq entrées du parc), qui continue au Wyoming, le monument National de Little Big Horn (la fameuse bataille qui coûta la vie au méchant Général Custer et vit la victoire des amérindiens).

Le parc National du Glacier

J'ai eu la chance de visiter ces parcs, d'y passer plusieurs nuits, d'y camper dans des aires réservées ou à la sauvage, de croiser des bisons, des ours, des daims, etc. Tant de souvenirs, que cela m'est difficile d'en choisir un, et bizarrement j'ai gardé peu de photos de cette époque. 

Les conditions de vie sont assez rudes, très froides l'hiver (long hiver enneigé et température sous zéro assurée), des étés courts et chauds, avec des moustiques énormes et de jolis serpents à sonnettes tapis dans l'herbe, qui vous coupent toute envie de marcher pieds nus dans l'herbe (un de mes plus grands plaisirs). Mais la beauté du paysage suffit à vous couper le souffle et vous faire oublier tous ces points négatifs.

D'autres films viennent apporter la reconnaissance à cet état rural :

Legends of the Fall (Légendes d'Automne) fut réalisé deux ans après, toujours avec Brad Pitt, situé également au début du siècle, et mettait en scène une autre fratrie où les trois frères s'amourachaient de la même femme (la sublime Julia Ormond). J'ai vu ce film une cinq ou six fois, et si l'histoire est bien située au Montana (à Helena, la capitale) - le film n'a pas été tourné là-bas. Ce livre est inspiré d'une nouvelle du plus célèbre romancier Jim Harrison.  Bien que n'étant pas natif du Montana, il y a trouvé l'inspiration pour écrire plusieurs nouvelles dont celle-ci. Je l'avais découvert avec Dalva, que j'avais beaucoup aimé et qui doit être ajoutée rapidement au billet consacré au Nebraska !

Robert Redford ramena de nouveau le Montana au centre de l'histoire en filmant The Horse Whisperer en 1998 (L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, dieu que le titre est long en français) cette fois-ci dans l'état du Grand Ciel (son surnom). Adapation du roman de Nicholas Evans, le film fut tourné dans plusieurs endroits. J'habitais là-bas, et j'eus la chance d'assister à sa diffusion dans la salle de cinéma locale. Très rapidement, les spectateurs notèrent les erreurs, ainsi lorsque l'avion se pose, il se pose dans une ville mais dans le film c'est une autre ville qui ne possède aucun aéroport. La scène du repas où tout le monde ne mange que du bœuf (car ils sont tous éleveurs de bétail) fit beaucoup rire dans la salle, le jeune lad indien appartient à une tribu qui n'habite absolument pas près de Yellowstone (les Blackfoot vivent à la frontière du Canada). Le film était bien mais le couperet vint à la fin, puisque Hollywood avait décidé d'offrir un "happy end moraliste", en renvoyant l'épouse esseulée près de son mari. Dans le livre, elle le quitte pour le beau Robert. Non mais !


En plus d'assister aux matches locaux de baseball, j'ai eu la chance de voir des rodéos (cf. mes photos en noir et blanc) et surtout de mieux comprendre la nation amérindienne, fortement représentée dans cet état. Car une de mes passions, depuis que je sais compter, ce sont les "Indiens d'Amérique". Petite, mon père m'autorisait à regarder les western et très tôt je suis tombée amoureuse de ces guerriers aux coiffes impressionnantes, à leur fierté et leur amour de la liberté.

Le Montana, a été pendant longtemps un lieu de prédilection des trappeurs, d'origine française, qui furent les premiers à faire du commerce avec les tribus locales, et à épouser des squaws. Aussi, de nos jours, on peut croiser beaucoup d'amérindiens avec des noms de famille bien français (ainsi une amie mariée à un Indien Blackfoot s'appelle Marceau). Le nom même des tribus indiennes est parfois français : les Gros ventre, les Nez percé, etc.  L'état accueille sept réserves indiennes : Blackfeet, Flathead, Crow, Northern Cheyenne, Fort Belknap, Fort Peck et Rocky Boy's (nom des réserves et non des tribus qui y vivent).

J'ai eu la chance d'assister à des Pow Wow (fêtes traditionnelles) et je n'ai qu'une envie : y retourner !
J'ai traversé plusieurs réserves en me rendant dans différents endroits, et elles ont eu vite fait d'effacer toutes les idées reçues et mes dernières illusions. Ils vivent pauvrement, dans des réserves généralement isolées, sans ressources naturelles, les carcasses des véhicules et articles d'électroménager cassés s'y entassent, offrant parfois une image de désolation mais leur fierté est revenue - et la transmission de leur culture et leur langue également.

Les Gros Ventre partagent la réserve de Fort Belknap  avec une autre tribu, les Assiniboine, ils appartiennent à la nation Blackfeet, ils parlent Arapaho et Cheyenne. Les Flathead abritent trois tribus : les Bitterroot Salih, Kootenai et Pend d'Oreilles. On a retrouvé des traces des Kootenai datant de plus de 14 000 ans, peuple principalement pêcheur et chasseur.

An Assiboine indian - Copyright Ken Blackbird
La confédération Blackfoot ou Niitsitapi (signifie le peuple originel), située à la frontière canadienne, compte cinq nations (composées de plusieurs tribus), dont trois sont situées au Canada et deux aux États-Unis. Ils partagent une culture et une langue commune (l'algonquin). Peuple de guerriers émérites, ils adoptèrent rapidement l'usage du cheval, contrairement aux autres amérindiens des Plaines, et chassaient le bison. Ils sont, pour les européens, l'image la plus commune que l'on se fait de l'"Indien". Leur population fut décimée par les maladies des blancs,  puis par la famine et des hivers terribles, ils furent ensuite victimes des lois raciales, leur imposant de ne plus porter leurs vêtements ou parler leur langue, enfin le gouvernement tenta de les séparer en leur allouant des terres privées éloignées les unes des autres. La plupart des tribus trouvèrent refuge au Canada - ainsi, si la nation Blackfoot compte quatre nations : les Piegan du Sud, les Siksika, les Piegan du Nord, les Kainai et les Blood Indians, seuls les Piegan du Sud et les Kainai résident aujourd'hui sur le sol américain.

La réserve de Fort Peck est située à l’extrême nord-ouest de l'état et accueille deux nations indiennes : les Sioux et les Assiniboine, composée de plusieurs tribus qui vivent séparément. Si je vous parle de cette réserve, c'est qu'elle a abrité le fameux Sitting Bull (Bison assis) qui mena la révolte contre l'homme blanc en 1876 et qui leur offrit leur seule grande victoire et le scalp de Custer, à Little Big Horn.

Aujourd'hui, les réserves possèdent leur propre gouvernement, tribunal, prison et lois (pêche, chasse). Seul le FBI peut entrer et intervenir à l'intérieur de la réserve. Un de mes films préférés vous permet d'entrer dans ces communautés, il s'agit de Thunderheart (Cœur de Tonnerre) réalisé en 1992, le film est vraiment réaliste sur la situation particulière de ces réserves, qui représentent aujourd'hui la population la plus pauvre des USA. Aucun des traités signés au 19ème siècle n'a été respecté, et plusieurs nations sont aujourd'hui en procès avec le gouvernement fédéral.

Seul point positif, leur reconnaissance progressive, ils se sont regroupés en nations et ont mené de nombreux combats juridiques. La prise de conscience qui suivit amena successivement Marlon Brando dans les années 70 puis Kevin Costner à défendre leurs causes. Depuis peu, le droit d'avoir sur leur réserve des casinos ont permis à plusieurs tribus (situés sur la côte Est américaine) de faire enfin des bénéfices, partagés dans toute la communauté. J'espère que les réserves du Montana obtiendront le même droit.



Summer movies : Planète des Singes, les origines

Un peu de frissons d'abord : La planète des singes, les origines ou Rise of the Planet of the Apes. Peu de films m'impressionnent, les films d'horreur par exemple me font plus sourire que frémir. Mais certains films me "dérangent", et j'avoue que celui-ci a eu son petit effet sur moi.

J'ai comme tout le monde vu la série des années soixante-dix inspirée du roman de Pierre Boulle, écrit en 1963.  Je me souviens aussi de la première adaptation cinématographique, où les limites du cinéma étaient à l'époque flagrantes (les masques de singes portés par des acteurs), mais néanmoins le film avait réussi à faire connaître mondialement l’œuvre du romancier français. Puis Tim Burton décida de s'y attaquer à nouveau en 2001. Si le film n'est pas exceptionnel, les effets spéciaux eux étaient très réussi, j'ai vraiment encore en tête le visage de Ari, interprétée par Helena Bonham Carter.

Cette dernière version a décidé de ne pas montrer le règne des singes installé, et l'arrivée inopinée d'hommes sur la planète Terre mais le commencement de l'évolution de la race simiesque. Car les singes n'ont rien d'exceptionnel au départ, tout est le fruit du travail d'un scientifique Will Rodman, interprété par le beau James Franco, qui tente désespérément de bloquer l'évolution de la maladie d'Alzheimer qui frappe son père en testant une molécule qui régénère les cellules détruites sur des chimpanzés. Sa première expérience étant un échec, il ramène chez lui le premier bébé singe, génétiquement modifié, prénommé César. C'est lui qui mènera les autres singes à leur liberté, et deviendra leur leader. Cette même molécule sera aussi responsable de la disparition des êtres humains, alors qu'ils mènent leur première expédition vers la planète Mars. Vous aurez compris la suite.



Les effets spéciaux sont ceux utilisés pour Avatar, c'est l'acteur Andy Serkis qui interprète le rôle de César - habitué à se travestir de la sorte (Gollum dans le Seigneur des Anneaux, Kong dans King Kong, etc.), il fait un travail magnifique, et le résultat est bluffant.

Si le film n'est pas spectaculaire et parfois un peu trop simple, certaines scènes ont leur effet néanmoins : les singes envahissant les rues, les immeubles ou le Golden Gate (le célèbre pont de San Francisco).  Le réalisateur a voulu ici se pencher sur la relation homme-animal. Comme le romancier le souhaitait à l'origine, même si les singes ne font qu'imiter les êtres humains au départ, leur évolution les mènera un jour à les surpasser. Le changement lent de César, le développement de son intelligence est à la fois passionnant et effrayant. Passionnant, car il a établi une relation proche avec son "père" James Franco, et à travers ses yeux, nous permet de voir tout l'amour qui le les lie et effrayant car son ses facultés intellectuelles développées, il réalise subitement sa condition d'animal - "une espèce de macaque", animal de cirque ou cobaye de laboratoire face à la cruauté humaine. La réflexion est bien là, et on ne peut s'empêcher de les encourager à se méfier des hommes.

Comme je le disais au début, si les films d'horreur me font rire ou m'endormir (je me suis endormie si si), celui-ci, parce qu'il y a un fond de possibilité - de quoi l'homme est-il capable pour obtenir ce qu'il veut ? C'est parce que Will refuse de voir son père mourir de cette maladie, qu'il commet l'irréparable avant de réaliser son erreur, que je me suis sentie mal à l'aise. Ce film m'a donc "dérangé", moi qui aime beaucoup les grands singes, j'ai toujours rêvé d'aller sur l'île de Bornéo voir les orang-outang ou au Rwanda rencontrer les gorilles, là ils ont réussi à me faire peur. Lorsque le regard de César change, lorsqu'il devient violent, je me suis sentie toute petite. Mais c'était exactement le but du film.

Et puis, vous l'aurez remarquer, ici les premiers rôles sont occupés par les singes, on en oublie presque les rôles occupés par les acteurs. James Franco tire son épingle du jeu, on voit à peine sa petite amie jouée par Freida Pinto, un peu mieux John Lithgow qui joue le père.  Un bon film estival qui réussit à mêler action et réflexion.



14 août 2011

Nebraska


Dans le cadre du challenge 50 états, 50 billets, voici un état encore méconnu du grand public. Le Nebraska est le 37ème état américain, situé dans les Grandes Plaines du Centre des États-Unis. La capitale de l'état est Lincoln, mais sa plus grande ville est Omaha.

Le Nebraska tient son nom de la langue Otoe ou de la tribu Omaha, signifiant "eau plate", en hommage au fleuve Platte qui traverse l'état. Plusieurs tribus amérindiennes peuplaient cette terre aride (d'où son nom Badlands, les mauvaises terres) : les Omaha, Missouria, Ponca, Pawnee, Otoe, entre autres.  Si les premier explorateurs étaient français dès le début du 18ème Siècle, il a fallu attendre la seconde moitié du 19ème Siècle pour que les migrants choisissent de s'y installer.

En effet, son climat rude et sec était peu accueillant, et les milliers d'immigrant qui venaient ici trouver une terre gratuite durent se contenter de mottes de terre pour construire leurs premières maisons, les arbres se faisant rare. Ayant vécu au Montana, je sais ce que le terme plaine signifie vraiment. Une terre plate, des herbes hautes, et de très rares arbres, une vue à plus de trente kilomètres, où rien ne semble vraiment pousser.  Mais cette terre plut énormément aux éleveurs de bétail, ce qui expliqua la croissance rapide de cette état, avec de surcroît l'installation d'usines de métallurgie.

Si le Nebraska est encore aujourd'hui une terre de fermiers et d'ouvriers, elle a donné naissance à de grands artistes : Montgomery Clift, Fred Astaire, Marlon Brando, et plus récemment Nick Nolte.

Mais c'est un fait tragique, né à Lincoln, qui a inspiré plusieurs artistes : la folie meurtrière de Charles Raymond Starkweather, 19 ans et sa petite amie Caril Ann Fugate, 14 ans en 1958.  Ils assassinèrent onze personnnes au Nebraska et dans le Wyoming pendant leur chevauchée sauvage qui dura deux mois. Ils finirent par être capturés fin janvier 1958, Starkweather fut exécuté dix-sept mois plus tard, et Fugate resta 17 ans en prison.

Charles Starkweather, né en 1938 à Lincoln au Nebraska grandit dans une famille de la classe moyenne et reçut une bonne éducation, mais une maladie génétique et des problèmes de locution en firent un souffre-douleur à son école. Une myopie sévère ne fut détectée qu'à l'adolescence, expliquant de fait ses difficultés scolaires, mais il était déjà trop tard. Sa haine des autres avait pris le dessus. Étrangement, c'est en voyant James Dean dans "A rebel without a cause" qu'il se trouva un héros, un jeune homme rejeté de tous, comme lui. Il adopta son style capillaire et vestimentaire.

Sa rencontre avec la très jeune Caril Ann Fugate (elle avait treize ans) n'arrangea rien. Il tua en premier un jeune vendeur fin 1957 qui avait refusé de lui faire crédit, et ne fut pas arrêté. Deux mois plus tard, il assassinat la mère, le beau-père et la demi-sœur (âgée de deux ans) de Caril Ann,
Caryl Ann Fu
après qu'ils lui aient demandé d'arrêter de voir leur fille. La jeune fille et lui restèrent six jours dans la maison avant de prendre la fuite. Ils tuèrent en chemin encore sept autres personnes, dont deux jeunes adolescents de 17 ans et 16 ans avaient décidé de les faire monter dans leur voiture alors qu'ils faisaient de l'auto stop. Charles Starkweather tuait ses victimes avec ou sans raison apparente, pour leur voler leur véhicule ou leur argent, ou par plaisir. Il n'était ni drogué, ni malade.

Ils furent finalement arrêtés au bout de deux mois, blessé par balle, Charles Starkweather se rendit, se croyant mourant. Il tente d'innocenter au départ sa petite amie, puis lors du procès avoua qu'elle avait participé à la moitié des meurtres, finissant souvent le travail, un sourire aux lèvres.

Cette balade meurtrière inspira mon chanteur préféré, Bruce Springsteen dont voici le clip, plus bas, de la chanson intitulée Nebraska. C'est une des chansons les plus belles écrites par le chanteur, plus récemment il a repris le thème des hors-la-loi avec Outland PeteLes paroles de Nebraska sont les suivantes :

saw her standin'on her front lawn just twirlin'her baton
me and her went for a ride sir and ten innocent people died
from the town of Lincoln, Nebraska with a sawed off.410 on my lap
through to the badlands of Wyoming, I killed everything in my path
I can't say that I'm sorry for the things that we done
at least for a little while sir me and her we had us some fun
the jury brought in a guilty verdict and the judge he sentenced me to death
Midnight in a prison storeroom with leather straps across my chest
sheriff when the man pulls that switch sir and spaps my poor head back
you make sure my pretty baby is sittin'right there on my lap
They declared me unfit to live said into that great void my soul'd be hurled
they wanted me to know why I did what I did
well sir I guess there's juste a meanness in this world


Badlands
Elle inspira aussi pas mal de réalisateurs de films : le Sadiste (1963) et le très célèbre Badlands (1973) du généralissime Terrence Malick (vainqueur de la dernière Palme d'Or à Cannes, avec The Tree of Life), avec le jeune Martin Sheen et Sissy Spaceck dans les rôles principaux.

Quentin Tarantino, qui souhaitait rendre hommage au film de Malick, réalisa en 1993 le film True Romance, sur un jeune couple entrainé dans une descente aux enfers.

Puis vint Natural Born Killers, en 1994 qui fit beaucoup de bruit à sa sortie, accusé de prôner la violence. Le réalisateur Oliver Stone avait choisi Woody Harrelson et la talentueuse Juliette Lewis pour interpréter ces amants diaboliques dont la folie meurtrière fut glorifiée à tort par les médias.

Plus récemment, la télévision s'en est également inspirée avec l’épisode "la treizième marche" de la série Criminal Minds diffusée début 2011.

Enfin, cette virée meurtrière inspira également les écrivains, dont Stephen King qui fut grandement influencé dans son adolescence par ce couple diabolique. Il s'en inspira pour créer le personnage du Kid dans son livre The Stand (le Fléau, 1978) (où Starkweather était un ami du héros), dans la version initiale complète (rééditée depuis en 1990), son personnage est beaucoup plus présent. Une autre œuvre de King, la nouvelle 1922 de Full Dark, No stars (2010) a lieu au Nevada.

Un extrait du film de Terrence Malick, Badlands :






09 août 2011

The Last Tycoon by F.S FITZGERALD


The Last Tycoon, par F.S Fitzgerald fut publié en 1941 après sa mort par son ami Edmund Wilson puis de nouveau publié en 1994 sous le titre The Love of the Last Tycoon, titre souhaité par l’auteur.

F.S Fitzgerald, né à la toute fin du 19è Siècle et décédé en 1940, est un romancier américain, membre de la « génération perdue » (The Lost generation), groupe créé par Ernest Hemingway pour désigner les écrivains qui avaient servi lors de première guerre mondiale et perdu de ce fait beaucoup de leurs illusions (Dos Passos et T.S Eliot en font partie également).

F.S Fitzgerald est devenu célèbre avec ses romans : This side of the Paradise, (qui obtint un large succès à sa sortie et apporta la gloire au jeune romancier), puis The Great Gatsby et Tender is the Night. (tous deux adaptés au cinéma malgré leurs succès très mitigés dans le monde littéraire).

Lorsqu’il entreprend l’écriture de The love of the last Tycoon sur un magnat de Hollywood qui se sait condamné, F.S Fitzgerald ignore que lui-même ne vivra pas assez longtemps pour finir l’écriture de ce roman.

C’est d’ailleurs assez étrange d’entreprendre la lecture d’un livre dont on sait qu’il est inachevé. Son ami Edmund Wilson, qui décida de le publier un an après le décès de l’écrivain, décida d’y joindre les notes de l’auteur et les extraits des correspondances entre l’auteur et son éditeur, ainsi que les informations données de vive voix par le défunt, pour entrevoir la fin que le romancier souhaitait donner à son récit.

Je ne connaissais absolument pas l’histoire, aussi je fus surprise de la fin brutale du héros, mais j’ai été ravie d’entrer dans le  « monde secret de l’auteur ». Je suis en effet toujours captivée par le processus même de l’écriture, chaque écrivain travaille différemment. Ainsi, j’ai découvert que Mo Hayder n’a pas de bureau, et écrit dans son lit entourée de livres, avec un ordinateur. D'autres en sont incapables et préfèrent noircir des cahiers d’écolier (je vous conseille la lecture de cette interview d’Amélie Nothomb, qui écrit toujours à la même heure, en buvant le même thé et ne fait jamais de ratures). D’autres ont besoin de planifier chaque chapitre, alors que certains ignorent jusqu’à la fin de leur récit quand ils se lancent dans l’écriture.

F.S Fitzgerald travaillait beaucoup ses romans, ici on en a l’exemple, non seulement il indiquait dans ses correspondances avec son éditeur l’avenir réservé à ses personnages et ses intentions, mais il détaillait en plus de manière précise l’articulation de son roman (chapitre par chapitre, chaque sous-partie, les personnages présents, l’action souhaitée et le nombre de mots). Il approfondissait psychologiquement et historiquement chaque personnage important. Il explique ainsi la combattivité et le succès de son héros (connu très jeune, comme le romancier) par une jeunesse passée dans les mauvais quartiers, où enfant il se battait et rusait pour survivre. ll ne mentionnera pas ses indications dans le roman à proprement parler, mais comme un acteur dans la marge du scénario.

Son talent est donc ici exposé au grand jour, F.S Fitzgerald était méthodique et perfectionniste. Son sens du détail l’amènera à créer un des portraits les plus fascinants de la littérature américaine, celui de son personnage principal Monroe Stahr. Ce magnat hollywoodien qui dévoue sa vie à son travail, va tomber éperdument amoureux d’une jeune femme irlandaise, sosie de son épouse défunte. Le monde parfait dans lequel il vit et qu’il dirige va peu à peu s’écrouler autour de lui, comme le passage du cinéma muet au cinéma parlant. Les scénaristes, embauchés à la dizaine et qui travaillent à la chaine commencent à se syndicaliser et à faire valeur leurs droits, Hollywood commence à vaciller et Stahr est la statue à renverser.

Zelda et F.S Fitzgerald
Le portrait de cette immense machine à succès est saisissant, je pense même qu’il a peu changé en 70 ans, certaines remarques de l’écrivains ont toujours aussi véridiques. Et dominant ce monde surréaliste, ces immenses magnats (je pense également à Howard Hugues) étaient désespérément seuls, enfermés dans une tour d’ivoire.

Le talent de F.S Fitzgerald est de faire de son personnage principal un homme à la fois surpuissant et craint, et terriblement humain, faillible et romantique. Il se sait de santé fragile mais refuse de modifier son rythme de travail, malgré le risque.
Conscient de sa mort imminente, il va alors porter tout son espoir dans le fol amour qu’il éprouve pour une jeune femme, sosie de son épouse décédée. Celle-ci est étrangère au monde d’Hollywood (et s’en méfie) et est fiancée à un autre homme. Mais Stahr à qui rien ne résiste, ne voit en cet obstacle qu’un défi de plus à franchir.

DAMES - Lobby Card (1934)
La construction de ce roman peut sembler difficile au départ, car F.S Fitzgerald emploi deux narrateurs : le magnat (à la troisième personne du singulier) et une jeune femme, fille d’un des producteurs hollywoodiens, ennemi juré de Stahr, follement amoureuse de Stahr.  Alors hospitalisée pour tuberculose cinq ans après la mort du magnat, elle décide de témoigner de l'histoire d'amour entre Stahr et Kathleen.

Le romancier a hésité plusieurs fois à l'introduire comme premier chapitre, présentant ce témoin dans sa chambre d’hôpital, et finalement c’est en lisant les notes que l’on comprend mieux la structure du roman. Par ailleurs, il est précisé à chaque début de chapitre qui « prend la parole », j'ignore si cette aide était destinée à demeurer pour la publication. En choisissant cette jeune étudiante comme narrateur, F.S Fitzgerald peut ainsi montrer l’aura qui entoure Monroe Stahr, et les raisons qui font succomber d’amour les femmes qui le fréquentent.
En effet, je l'avoue, en tant que lectrice, le portrait de cet homme à la fois énigmatique et profondément romantique ne peut que plaire.

J’ai eu plus de difficultés à comprendre Kathleen, son amour mystérieux (appelé Thalia dans sa première version). F.S Fitzgerald décrit bien dans ses correspondances son envie d’en faire une femme « mystérieuse et fatale », aussi lorsqu’elle commence à fréquenter Stahr, elle tente de le fuir, refuse de le voir et de lui dire la vérité (elle est promise à un autre homme), mais elle ne peut lui résister lorsqu’il vient la chercher. Ses propos m’ont semblé parfois incohérents, leurs dialogues (ils finissent par passer une nuit ensemble) presque trop « hollywoodiens », fantasmés et surannés. Sans doute à l’époque, ce genre de dialogues plaisait aux lecteurs, aujourd’hui ils paraissent superficiels.

C’est pour moi le seul point négatif de l’histoire. Car en lisant les notes, et l’avenir que le romancier souhaiter donner à son roman, j’aurais beaucoup aimé pouvoir continuer la lecture.

Hollywood in the 30's
Sa description du tout Hollywood est précise, acérée et offre une critique sans précédent d’un monde à part. Le soin qu’il apporte à détailler ses personnages en choisissant non pas le mode purement descriptif (très barbant) mais par leurs actions ou leur inaction est passionnant.

Ainsi il note :
« Actress – introduced so slowly, so close, so real that you believe in her. Somehow she’s first sitting next to you, not an actress but with all the qualifications, loud and dissonant in your ear. Then she is one, but don’t let it drift away in detailed description of her career. Keep her close. Never just use her name. Always begin with a mannerism. »

Une véritable leçon d’écriture. 

Son sens du phrasée, sa maitrise du rythme, son vocabulaire en font un romancier fascinant. Ses notes sont toutes aussi passionnantes que son roman :

« There are no second acts in American lives ».

« Most of us could be photographed from the ay of our birth to the day of our death and the film shown, without producing any emotion but boredom and disgust. It would all just look like monkeys scratching. How do you feel about your friends’home movies about their baby or their trip ? Isn’t it a godawful bore ? »

Gatsby Le Magnifique
Auteur critiqué après la publication de Gatsby, il promettait à son éditeur que ce roman était le "bon". Mais il semble que la vie ait joué un drôle de tour au romancier, en décidant de lui octroyer une fin précipitée comme celle qu’il avait choisi pour son personnage.

J’ai maintenant envie de lire ses autres romans et nouvelles, et de relire Gatsby Le Magnifique.
En apprenant un peu plus sur la vie décadente de Fitzgerald (à lire ici), j’ai appris que l’un de mes romanciers préférés, et sans doute, mon préféré : J.D Salinger, admirait beaucoup l’œuvre de F.S Fitzgerald. Je le comprends mieux. 

"Give me a hero and I'll write you a tragedy » avait dit le romancier, il a tenu parole.

06 août 2011

Super 8

J'avais très envie d'aller voir ce film, en souvenir de tous ces films qui ont marqué mon enfance, et je ne le regrette pas. J.J Abrams, le papa de Lost et producteur de Cloverfield (que je n'ai pas vu, ou je ne m'en souviens pas) a écrit et réalisé ce film comme un hommage à son enfance, où il passait tout son temps à réaliser des films de zombies avec ses copains, gamin rêveur qui a eu la chance d'être un jour repéré par son maitre, Steven Spielberg. Car en voyant le film, il est impossible de ne pas penser à Spielberg.

Le réalisateur a donc choisi de situer l'histoire en 1979, époque où les caméras Super 8 permettaient à de jeunes garçons de se rêver réalisateurs et de séduire les filles.

Le pitch ? Lilian, petite ville d'Ohio (ville fictive) est le théâtre de tournages de films de zombies via une caméra Super 8 par un groupe de pré-ados : Joe (Joel Courtney), le doux rêveur et maquilleur, Charles (Riley Griffiths) le réalisateur dictateur, Preston (Zach Mills) lumière et son, Martin (Gabriel Basso) acteur, et Cary (Ryan Lee), l'obsédé des explosifs. Les garçons réussissent à persuader la jolie Alice (Elle Fanning) de jouer dans leur film, l'épouse de Martin,  et de les conduire dans une petite gare isolée à minuit afin de tourner plus de scènes. Alors qu'ils répètent le tournage d'une scène entre Martin et Alice, les ados voient un train arriver au loin et décident de l'inclure dans leur scène pour lui apporter du réalisme.
Joe, Cary à la caméra et Charles le réalisateur hurlant

Mais alors que les jeunes acteurs sont obligés d'élever la voix, Joe remarque des phares de voiture fonçant droit sur l'avant du train. Une énorme collision s'en suit, et les gamins doivent s'échapper pour échapper à la mort. Une vingtaine de wagons viennent se casser, s'envoler, et exploser au-dessus de leur tête détruisant tout sur leur passage. Les gamins s'en sortent miraculeusement, lorsqu'ils entendent un drôle de bruit, en s'approchant d'un wagon, ils découvrent des tonnes de cubes de formes étranges répandus sur le sol, Joe en ramasse un. Ils trouvent la voiture et leur professeur de biologie à l'intérieur, celui-ci encore vivant, les avertis de ne jamais rien dire sur ce qu'ils ont vu et lorsque l'armée arrive sur les lieux, les ados arrivent à s'échapper. Mais pour un temps seulement, car leur ville va être bientôt le lieu d'étranges phénomènes.

Ça vous dit quelque chose ? Plusieurs films me sont venus à l'esprit, il faut dire que j'ai grandi avec les films de Spielberg : Rencontre du Troisième Type, E.T et les Goonies. Et pour moi, Super 8 est un mélange des trois, ajoutez-y les effets spéciaux modernes et vous y êtes. Mais ce n'est pas une remarque négative de ma part, bien au contraire. Je suis fan de ces trois films, et j'ai beaucoup aimé me retrouver de nouveau dans la peau d'une pré ado, à qui une histoire extraordinaire arriverait et où l'amitié et l'amour seraient des pièces pivots dans l'histoire.

Le tournage du film de zombies

J.J Abrams n'a d'ailleurs pas cherché à cacher l'influence de Spielberg sur ce film, car lui aussi a grandi en regardant ces films. L'action en 1979 apporte une touche de nostalgie d'un temps passé, où les enfants ne jouaient pas encore aux jeux vidéos ou restaient scotchés des heures devant un écran (télé ou ordi). Ils sortaient et s'inventaient des mondes imaginaires. Celui des zombies était très à la mode (les années 80 ont vu les Freddy, Massacre à la tronçonneuse, etc. envahir le grand écran).  J.J Abrams réussit donc à nous entrainer dans les aventures de ces 6 gamins qui vont devoir affronter leurs plus grandes craintes mais également apprendre à se soutenir les uns et les autres. Alors que des phénomènes inexpliqués commencent à envahir la petite ville de Lilian, les gamins continuent de tourner leur film coûte que coûte, contre l'avis même de leurs parents.


Côté acteurs, le réalisateur a choisi des jeunes acteurs inconnus, excepté pour la très jolie Elle Fanning, toujours aussi douée - d'ailleurs, vu qu'elle joue une actrice dans le film, elle montre en quelques scènes son talent naturel (elle peut faire pleurer qui elle veut), le jeune Joel Courtney est adorable et le tyrannique Riley Griffiths est excellent. Je ne veux pas oublier le jeune Cary, le fana d'explosifs qui se trimballe toujours avec un sac à dos remplis de feux d'artifices ou de bâtons fait maison. Enfin, on reconnaît Noah Emmerich qui joue ici le méchant Colonnel Nelec, et Kyle Chandler célèbre acteur de séries, qui interprète le père de Joe, shériff adjoint de Lilian, dépassé par les évènements.



Côté scénario, on suit avec plaisir l'histoire même si on a souvent, adulte, un sentiment de déjà vu mais jamais on ne s'ennuie. Les critiques reprochent au réalisateur d'avoir fait un copier-coller de Cloverfield, que je n'ai pas vu.  En effet, lors de la première partie du film, les phénomènes restent étranges et personne n'a encore vu la "chose". Elle apparaît finalement sur le film super 8 réalisé le soir de l'accident du train. Cette bête détruit tout sur son passage et enlève les citoyens. Ainsi, lors de la deuxième partie du film, on assiste au combat entre elle et les militaires, et les critiques ont reproché que ce déroulement est identique à Cloverfield


J'ai donc passé un excellent moment, même si en rédigeant ce billet, je ne peux que revoir ce film comme un sorte d'hommage remplis de clins d’œil à d'autres films, les petits cubes me font penser à E.T ou comme lorsque les gamins sautent sur leurs vélos, ou sortent en cachette la nuit. Lorsque Joe entre en contact avec l'extraterrestre, impossible de ne pas penser à E.T et Rencontre du Troisième Type (avec toujours l'invasion des militaires et leur folie du secret). Enfin, j'ai même pensé à Disctrict 9, film que j'ai beaucoup aimé, et même à Predator (rassurez-vous pas de Schwarzi dans le film) pour le physique ingrat de la bête.

J'ai pour ma part surtout apprécié le clin d’œil aux Goonies - une véritable épopée, où les gosses se sentent parfois abandonnés par leurs parents mais trouvent soutien et amour auprès de leurs copains et sont prêts à affronter le pire pour les défendre. Bizarrement, j'ai l'impression qu'il est difficile de tourner ce genre de films à notre époque, les gamins paraissant plus égoïstes et isolés qu'autrefois, seuls dans leurs chambres devant leur ordi ou playstation. Est-ce pour cela que j'aime tant les Goonies ? Et que j'ai vraiment apprécié Super 8 ?

Oui - on passe un excellent moment, donc allez le voir, je pense même retourner le voir, car oui j'ai beaucoup aimé, même si le scénario peut être prévisible, la bande son est géniale (Oh Sharona ...), les gamins super attachants, et le générique de fin est très drôle. Oui : le générique de fin - surtout ne vous levez pas ! Si vous voulez voir l'autre film du film, tourné lui avec du Super 8.

03 août 2011

Summer readings


L'été est parait-il la saison propice à la lecture - fort heureusement, les vrais lecteurs n'ont pas besoin des rayons du soleil pour dévorer les pages après les autres. Même si le soleil a fini par faire son retour (la chaleur avec), j'ai du mal à imaginer les heures de lectures allongées sur la plage définitivement perdues. Pour ma part, je travaille (les vacances arriveront plus tard), donc c'est principalement dans le busway et le bus que je lis quotidiennement.

J'ai retrouvé Jo Nesbø  avec "Le sauveur", une nouvelle enquête de l'inspecteur Harry Hole. J'ai fait connaissance assez récemment avec l'inspecteur Harry Hole, célèbre enquêteur norvégien. Je vous avoue qu'étant une grande fan d'Irnaldur Indriðason et son inspecteur islandais Erlendur, j'avais peur de le "tromper" en allant lire les autres auteurs nordiques.

Mais j'ai craqué un jour, en lisant "Le bonhomme de neige" pour lequel je n'ai écrit aucun billet. Ce dernier est en fait plus récent (2008) que celui pour lequel j'écris un billet ce soir  (2007). J'avoue que l'idée de retrouver un policier parfois cynique, blessé, solitaire m'effrayait un peu, tant je tiens à Erlendur. Mais les deux personnages sont distincts, pas le même âge (voir Harry Hole parler d'amour, savoir qu'il n'a qu'une petite quarantaine m'a bien perturbé) et surtout l'Islande et la Norvège sont deux pays aux cultures différentes.

"Le sauveur" est unique dans le sens, où tout en suivant une enquête suite à un assassinat, on quitte la Norvège pour aller en ex-Yougoslavie, à Vukovar suivre le destin d'un tueur à gages, qui va s'accaprer la vedette, Jo
Nesbø ayant choisi par instant de mettre son héros de côté. L'intrigue est bonne, un tueur à gages, ex-enfant de la guerre atterrit à Oslo pour tuer un membre de l'Armée du Salut, mais à une heure de son départ, sa mission rondement menée, il découvre qu'il s'est trompé de cible, et doit absolument terminer le travail, avec dans les pattes l'inspecteur Harry Hole.

L'auteur permet à des lecteurs infidèles comme moi, de prendre un livre au hasard et de s'y plonger, si certaines allusions sont faites sur ses précédentes enquêtes, le lecteur n'est pas ignoré et l'auteur n'hésite pas à fournir des détails permettant de comprendre les relations compliquées de l'inspecteur avec sa hiérarchie ou son ex-compagne. J'ai également aimé le fait que l'auteur nous fasse pénétrer un peu plus dans son pays, j'ai ainsi découvert la puissance et le mystère entourant l'Armée du Salut norvégienne. Une société bien différente de la nôtre, avec cette atmosphère propre aux auteurs nordiques. J'ai réalisé à quel point, comme beaucoup d'autres lecteurs, je suis devenue moi-même accro aux romanciers nordiques. A la différence prêt pour le norvégien qu'il aime ouvrir ses enquêtes aux autres pays, et utilise intelligemment la violence, n'hésitant pas à tuer des personnages secondaires importants.

J'ai eu du mal à entamer le livre au départ, puis impossible de le lâcher, j'ai réussi à le terminer dans les meilleurs conditions, un transat à l'ombre, une boisson fraiche à la main, loin du froid glaçant et meurtrier d'Oslo.  Ville et pays que j'avais depuis longtemps envie de visiter (depuis toute jeune, merci A-ha), et je le ferai certainement, pays où, oui les policiers ne sont pas armés, où les journées sont plutôt calmes, où l'alcool fait plus de dégâts que les armes. La fin de ma lecture a coïncidé avec la tragédie qui les a frappés. J'ai vraiment hâte d'aller là-bas.

Puisque j'étais partie sur les lecteurs nordiques, j'ai enchainé avec un livre en anglais, "The dogs of Riga" du célèbrissime Henning Mankell.  Pour les mêmes raisons que j'avais ignoré le norvégien, j'ai longtemps ignoré le suédois. J'ai donc découvert l'auteur un peu par hasard, en allant à la médiathèque rendre mes livres (j'ai emprunté trois autres livres), je suis tombée sur cet exemplaire, en anglais et dont la quatrième page de couverture m'a donné envie. J'ai longtemps étudié le russe et l'histoire de la Russie et de l'Empire soviétique, et étant allée en Finlande, j'ai découvert la proximité des pays Baltes (Riga étant la capitale de la Lettonie). 

Il ne s'agit donc pas de la première aventure de Kurt Wallander, l'inspecteur suédois d'une petite ville provinciale mais qu'importe. Ayant lu ce livre à la suite de celui de
Jo Nesbø, je peux définitivement dire que oui, il s'agit bien du même genre - des romans policiers avec comme héros des policiers éculés, solitaires, cyniques, désabusés écrits par des auteurs scandinaves mais au style vraiment différent. C'est ce qui me fait tant aimer le genre policier, il ne cesse de renouveler malgré les ressemblances. Kurt Wallander vit seul, ancien alcoolique, il s'occupe de son père veuf et se pose la question de quitter son job de policier provincial pour un poste bien payé dans la sécurité, lorsque un canoë de sauvetage avec à son bord deux lettons assassinés échoue sur la plage. L'enquête va mener Kurt Wallander à quitter sa petite vie pour aller découvrir la Lettonie, Riga en 1991 à la veille de leur indépendance.

Mankell explique en épilogue la naissance de ce livre, suivie quelques mois plus tard, au printemps 1991 du coup d'état qui allait mener à l'indépendance des trois pays Baltiques. L'histoire a donc fini par rattraper son retard, Mankell a en effet dans son livre émis plusieurs fois ce développement. Il envoie donc son héros, seul, affronter un pays encore sous la coupe du régime soviétique, où les chiens de Riga représentent ces hommes à la solde du pouvoir, prêts à tout pour le sauvegarder, où les opposants sont kidnappés, torturés et tués.
Ystad

Le personnage même de Kurt Wallander est intéressant, car il vit dans une petite ville suédoise, il n'est pas armé, et est assez désabusé par son métier. Il a finalement peu de crimes à résoudre, plus souvent des affaires de violence conjugale, et a un vrai problème avec l'alcool. Comme son homonyme norvégien, il tombe amoureux, est encore jeune (mon héros islandais a pris tout à coup un coup de vieux) et prend des risques énormes.

J'ai découvert la Suède avec Stieg Larsson, et son Millénium - pas la Suède de la capitale Stockholm, mais celle de la province, très intéressante. J'ai donc cherché sur une carte la petite ville d'Ystad où ont lieu les enquêtes, ville tout au sud de la Suède, proche de Malmö et surtout de Copenhague, la capitale danoise, donnant sur la mer Baltique.  La ville, peuplée de près de 18 000 habitants est devenue célèbre en partie, grâce au personnage de Mankell. J'ignore si ses descriptions sont exactes, mais j'étais heureuse de la trouver sur la carte, étape nécessaire pour comprendre mieux la proximité de la Lettonie, et la dérive du bateau de survie.

Le style de Mankell est comme son âge (il est né en 1948, Jo
Nesbø en 1960), plus mûr et plus posé, les mots plus étudiés, moins nerveux mais tout aussi intéressant. Comme pour Nesbø, il nous emmène à la découverte de la vie provinciale en Suède, où le temps semble toujours passé plus lentement, où la dépression est fortement liée au froid et au manque de soleil.

Maintenant, j'ai envie de lire les autres opus de ces auteurs, ce qui ne m'empêchera de piétiner d'impatience pour la suite des aventures d'Erlendur, mon bougon Islandais qui a trouvé le moyen de disparaître dans les fjords dans le dernier opus.

J'avais aimé mon voyage en Finlande, les peuples nordiques sont fascinants, ils sont beaucoup plus aux prises avec la nature (le froid, la neige) que nous le sommes, ils vivent dans des sociétés privilégiées économiquement, mais où leur rigueur protestante vient à l'encontre d'un certain fatalisme et d'une latence dépressive omniprésents. 

Et si vous êtes curieux, les deux romanciers ont des sites web à leurs noms (en anglais).

Bonne lecture ! 
 
PS : petite information si vous êtes curieux, la Scandinavie au sens strict est représentée par ces trois pays: la Suède, la Norvège et le Danemark, à l'histoire et à la culture commune,
dont les habitants, assez homogènes ethniquement (hormis les Samis et les Finnois), parlent des langues apparentées (encore plus proche que l'italien et l'espagnol par exmple, d'origine indo-européenne). Depuis peu, on y inclut les Iles Feröé et parfois l'Islande, mais jamais la Finlande, le finnois n'étant pas une langue indo-européenne. Demandez à n'importe quel suédois ou danois qui vous expliquera à quel point la langue finnoise est compliquée à apprendre. J'ai rencontré un pauvre Danois, qui parle couramment le suédois, le norvégien, l'anglais et qui marié à une finlandaise, avait un mal fou à apprendre le finnois. Et je confirme ! Le finnois appartient aux langues finno-ougriennes qui comprennent leur voisin proche Estonien (dont la capitale Tallin est en fait située juste en face, en ferry) et plus étrangement leur lointain cousin hongrois.

Même si ici, j'ai parlé principalement d'un auteur norvégien et d'un auteur suédois, mon héros Erlendur, étant islandais, je préfère donc employer le terme de nordique.