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29 avril 2015

My addictions of the week



Au menu cette semaine : House of Cards, Ida, The Americans, Graham Greene, Girls only, Agata Kusleza, Le labyrinthe du silence, Pine Ridge Reservation, Skins, Robin Wright, Keri Russell, Sioux Lakota, Agata Trzebuchowska, Broadchurch, Keira Knightley, Alexander Felhing, Béatrice Saubin

27 avril 2015

En équilibre

Dernièrement, je n'avais pas trop la tête à aller au cinéma - le beau temps et des soucis personnels m'ont tenu éloignée des salles sombres. Et puis j'avais gardé en tête mon dernier coup de coeur cinématographique pour les Châteaux de sables jusqu'à ce que je tombe sur une interview (encore la faute à la Matinale) de Cécile de France et me voilà embarquée dans cette nouvelle histoire. 

A l'affiche : Cécile de France et Albert Dupontel. Ce seul nom aurait suffi à ce que je me déplace. J'aime énormément cet acteur et je lui trouve que la gravité, la simplicité lui vont très bien. L'histoire me plaisait bien même si à la vue de cette interview, je n'avais pas compris (c'est bien moi) qu'il y avait anguille sous roche... Enfin, le milieu équin m'a toujours plu, et la scène d'ouverture sur la plage, le personnage d'Albert exécutant des cascades équestres au triple galop .. Impossible de résister.

L'histoire ? Elle est inspirée d'un roman autobiographique d'un véritable cascadeur équestre dont le nom m'échappe. Marc (Albert Dupontel) est cascadeur équestre, quand il ne participe pas à des concours de dressage avec son meilleur partenaire, son cheval Othello. C'est sur un tournage qu'un drame effroyable va priver Marc de ses jambes. L'homme est détruit. Son cheval profondément marqué.  De retour chez lui, dans sa ferme après plusieurs mois de rééducation, Marc fait la connaissance de Florence (Cécile de France), chargée par la compagnie d'assurances de s'occuper de son dossier. 


Cette rencontre va venir bouleverser ces deux êtres que tout sépare. D'un côté, un homme brisé n'ayant toujours vécu que par passion, et de l'autre Florence, une épouse et assureuse sérieuse et effacée. Au contact de Marc, Florence va réaliser peu à peu qu'elle est passée à côté de sa passion le piano et s'est sacrifiée pour son époux, ses enfants et cette compagnie d'assurances qui la pousse à faire signer un contrat dédommageant rapidement le cascadeur à un montant parfaitement inférieur à ce qu'il est en droit de recevoir.

Peu à peu Florence va basculer et Marc et elle vont lentement retrouver leur équilibre. 

D'un format classique et linéaire, j'ai pourtant été happée par l'histoire - sans doute parce que ces deux êtres sont finalement comme vous et moi, on peut presque les toucher du doigt. Et peu à peu, on s'éprend de ces deux personnes malheureuses à leur manière mais aussi pleines d'espoir. Celui de remonter un jour à cheval pour Marc et celui de s'épanouir dans sa vie pour Florence. Il est clair que ce film ne laisse aucun spectateur indifférent sur ce qu'il a fait de sa propre vie. 



Les acteurs sont magnifiques, j'ai beaucoup aimé Cécile de France, toute en retenue et fragile. Longtemps, j'ai eu du mal avec l'actrice à qui je trouvais un côté parfois trop "masculin",  ici c'est tout l'inverse. Et Albert Dupontel ne cesse de confirmer tout le bien que j'en pense. Il joue à merveille cet homme plutôt rude, taiseux mais passionné. 

Et puis Othello, toujours aussi sublime ! Décidément, je ne peux résister à la prestance d'un cheval, quelle classe, quelle puissance ! Il impressionne tout autant qu'il vous attire. 

Un très joli moment du cinéma français.  

Mon avis : 

23 avril 2015

La rivière de sang

Mon plaisir est de promener sur le web dans les catalogues des maisons d'édition et de repérer des livres plus ou moins récents. Jim Tenuto a publié La rivière de sang en 2006, il a même fait partie des finalistes pour le Prix Elle l'année suivante. Gallmeister a déniché encore une fois une petit diamant brut. Il m'était difficile d'y résister : le Montana, un ranch de bisons, les Hutterites - bref, tout cela m'a ramené quelques années en arrière à l'époque où je foulais le sol de ce magnifique État.

Ex-star du football universitaire et vétéran de la guerre du Golfe, Dahlgren Wallace a enfin réussi à poser ses valises. Il mène désormais une existence paisible de guide de pêche dans le ranch de Fred Lather, un magnat des médias devenu éleveur de bisons dans le Montana. Jusqu'au jour où l'un des invités de Lather se fait assassiner à quelques pas de lui. D'abord suspecté du crime, Wallace se trouve embarqué malgré lui dans une enquête où se côtoient milices néo-nazies, éco-terroristes et ranchers véreux prêts à tout pour mettre la main sur le ranch de Lather.
De faux coupables en vrais crimes, Jim Tenuto dresse avec humour le portrait acide d'une Amérique déglinguée jusque dans les paysages sauvages et menaçants du Montana.

Après un début de lecture compliqué (manque de temps), il aura fallu attendre un week-end pour que je puisse me plonger avec délectation dans les aventures de Dahlgren et avaler d'une traite les 250 dernières pages du roman, le sourire aux lèvres.
Vous aurez compris : j'ai vraiment adoré ce livre même si le personnage principal croise sur son chemin de véritables tarés cupides et avides.

Frédéric Vitoux du Nouvel Obs avait très bien résumé ce livre : "Comment définir cet excellent premier roman ? Comme un polar des grands espaces ? Un chant d'amour au Montana ? Un portrait inquiétant d'une Amérique à la dérive ? Ou comme un livre d'une tonalité plutôt gaie, rapide, tonique, où l'auteur appelle un chat un chat et ne confond pas une truite arc-en-ciel avec une cuttbow ni avec une cutthroat aux traits carmins sous les branchies. Le bonheur en somme."

Si vous êtes d'humour plutôt joyeuse, comme ce fut mon cas par ce grand soleil - vous allez le voir comme un livre tonique, gai et drôle et comme une véritable déclaration d'amour pour le Montana et la pêche à la truite. Si vous êtes d'humeur maussade, vous allez le voir comme le visage sombre de l'Amérique : celui des extrémistes en tout genre : les éco-terroristes, les milices néo-nazies et les éleveurs de bœuf prêts à tout pour récupérer la terre et tuer les bisons.

"Le moment de perfection était proche. Ma définition de la perfection inclut une rivière, de la solitude, une mouche sèche et une truite. Fabrication de nouveaux souvenirs pour remplacer les vieux. L'eau lente du ruisseau était glacée, d'un vert tourbeux. Aucun autre pêcheur ne troublait le calme des lieux."

Je ne peux que vous inciter à le lire - il reflète bien ce double visage de l'Amérique mais aussi cette période charnière où les stars hollywoodiennes (et milliardaires en tout genre) sont venus jeter leur dévolu sur les terres du Montana (et du Wyoming) pour y réaliser leur rêves de cowboys. Ce mouvement était lié en partie à Robert Redford, lui-même longtemps propriétaire d'un immense ranch et réalisateur de L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Suivirent d'autres films phares de cette époque : Et au milieu coule une rivière, Légendes d'Automne... Et quelques années plus tard, The Brokeback Mountain. 

J'ai d'ailleurs vu le film de Redford à Great Falls - et je me souviens de l'ambiance de la salle : les gens rigolaient et fustigeaient les clichés qu'Hollywood répandaient sur eux (ex : le cowboy ne mange que d'énormes steaks de bœuf) et les libertés prises par les scénaristes (les lieux ne coïncidaient pas avec la réalité, la réserve indienne n'était pas la bonne, etc.). Mais qu'importe, la machine était lancée. 

Je ne le cache pas : j'ai toujours rêvé de posséder un ranch au Montana, c'est clairement le paradis sur terre. Et d'y élever des bisons. Oui, mon plus grand rêve. Moi une française. Mais quand on a eu la chance d'y vivre quelque temps, difficile d'en revenir.

En attendant, lancez-vous et lisez ce livre mais avant préparez-vous à essuyer les coups tout en profitant de la beauté du Montana et de l'humour présent tout au long de ce roman.


Copyright Mary Koga (1972)

Dernière anecdote : c'est la première fois que je trouve un roman qui mentionne les Hutterites - quelle surprise pour moi ! Car j'avoue que je me sentais bien seule quand je prononçais leurs noms. Concrètement, cette communauté religieuse ressemble beaucoup aux Amish et aux Mennonites, bien mieux connus des français (merci Harrison Ford et Witness de Peter Weir). D'ailleurs, j'avais déjà croisé des Amish (le marché bio de Saint-Louis au Missouri les accueille par dizaine) mais j'ignorais tout des Hutterites. Ma première rencontre avec eux fut assez amusante donc j'ai décidé de vous la raconter.

J'arrivais au centre commercial de Great Falls quand j'ai aperçu sur le parking un bus scolaire jaune s'arrêter et une dizaine de jeunes gens (adolescents) en sortir - habillés comme les Amish (j'ai plus pensé à La petite maison dans la prairie j'avoue) : chapeaux de paille, chemises blanches à bretelles noires pour les garçons, foulards colorés ou à poids et robes à fleurs pour les filles. Etonnée de les voir sortir d'un bus (moderne) et encore plus lorsque je les ai vus de près : tous les jeunes arboraient au pied des baskets Nike ! 

Mon amie (et patronne) m'expliqua alors qu'il s'agissait d'Hutterites - une communauté religieuse d'origine allemande (du Tyrol), dont le chef était Jakob Hutter. Ils se sont réfugiés en Amérique au 18ème siècle. Principalement au Canada, au Sud Dakota et au Montana. 


Copyright Mary Koga  (1972)

Contrairement aux Amish qui refusent toute modernité (pas d'électricité, de gaz, de voitures, etc.), les Hutterites sont ouverts à pas mal de choses. Ma chef me proposait d'aller les rencontrer chez eux car elle connaissait une des colonies. Nous voilà parties quelques jours plus tard. Éleveurs de porcs, ils ont tout le matériel moderne (tracteurs, camions, etc.) et roulent donc en voiture. Anabaptistes, ce n'est qu'à l'adolescence que les jeunes gens se font baptiser. 
Ils parlent un vieux dialecte allemand tyrolien du 16ème Siècle, croisé avec un autre dialecte d'origine slovène (mes sept années d'allemand n'auront servi à rien). Les hommes et femmes mangent séparément (dans mon cas, dans des salles séparées). Une cloche et les prières régissent leurs vies quotidiennes. Les filles arrêtent l'école comme les garçons à l'âge de 14 ans et ils se marient très jeunes. 

Tout le monde encensait leur pain - et moi, pauvre petite française qui rêvait de baguette, je me suis jetée dessus. Erreur ! Leur pain ressemble à du pain de mie... mais très très sec (vieux de dix jours) et très salé ! Mais j'ai fait bonne figure, comme lorsque j'ai eu peur en voyant certains enfants. En effet, les Hutterites emmènent donc régulièrement les jeunes en ville au contact de la civilisation moderne. Résultat : beaucoup d'entre eux sont attirés par cette vie et quittent la communauté. Dans le cas de la colonie en question (moins de trois cent membres), cela s'est traduit par des mariages entre cousins et la consanguinité a fini par rejaillir physiquement sur les visages de plusieurs jeunes (filles et garçons) : les yeux bridés, trop écartés, une bouche légèrement déformée... Ma patronne me l'a expliqué au retour, comprenant mon désarroi. Mais il s'agit d'une exception car comme le précise l'auteur, la communauté (dans sa totalité, USA + Canada) compte environ 40 000 membres, ce qui est suffisant pour éviter ce genre de soucis. Depuis des années se sont écoulées et les choses ont du changer.

Les Hutterites avaient accepté en 1972 la venue d'une photographe Mary Koga pour prendre les photos que je présente ici mais depuis ils refusent toute photo et ont même engagé au Canada des procédures pour ne pas avoir à fournir de photos pour leurs permis de conduire. Pour information, les habits n'ont pas changé depuis cette époque. 

Si vous voyagez au Montana, n'allez jamais de vous même dans une colonie  Hutterite (ils emploient ce mot) sans y être invité. Cela serait très mal interprété. Vous avez de grande chance de les croiser de toute manière en ville ou sur la route et ils sont très gentils. 

En attendant, jetez-vous sur La rivière de sang !



Gallmeister, Totem, Traduction Jacques Mailhos, 321 pages

20 avril 2015

My addictions of the week


Je suis peu présente sur le blog ces temps-ci : la faute au beau temps ! Je préfère aller me promener ou lire ou sortir avec des amis, aussi je néglige mon blog et surtout les salles de ciné ou les expos. Je suis en vacances dans deux semaines et je compte bien me rattraper. 
J'ai quand même quelques sujets à vous présenter :

Au menu cette semaine : Broadchurch, Collioure, Tom Cruise, The ballad of Midsomer county, DCI Banks, Collioure, Edge of Tomorrow, Emilie Blunt, folk song, abandon de lecture, vacances dans les  Pyrénées orientales, Seth Lakeman ...

13 avril 2015

Tag cinéma (21 questions)


Silence, ça tourne !




1. Le film le plus déprimant que tu aies vu Leaving Las Vegas avec Nicolas Cage et Elisabeth Shue (1996). J'ai vu le film alors que j'habitais au Tennessee. Je me souviens que j'étais accompagnée d'une amie japonaise qui n'a pas compris la scène finale du film. Le film racontait la descente en enfer d'un homme (Cage) qui vient à Las Vegas avec le but de boire jusqu'à la mort. Déprimant à souhait. 

2. Le film le plus dérangeant que tu aies vu : le terme dérangeant peut être interprété de plusieurs manières. Je pense à Délivrance même si je pense qu'il s'agit là d'une œuvre majeure du cinéma et à Black Swan que j'ai adoré mais qui m'a troublé différemment. 

3. Un acteur/une actrice que tu as vu dans plus de 8 films : J'ai plusieurs acteurs à qui je suis fidèle, mais comme il faut en choisir un : Meryl Streep, dont je pense avoir vu toute la filmographie : Voyage au bout de l'enfer, Kramer contre Kramer,  Le choix de Sophie, Falling in love, Le mystère Silkwood, Out of Africa et Un cri dans la nuit.

4. Un film que tu pourrais regarder en boucle jusqu'à la fin de tes jours : un seul ? Non ! Allez, je choisis ceux que je revois tous les ans : Laura d'Otto Preminger, Luna Park d'Andreï Goutine, Certains l'aiment chaud de Billy Wilder, Drive de Nicolas Winding Refn, Breakfast at Tiffany's de Blake Edwards et Danse avec les loups de Kevin Costner, et j'allais oublié la trilogie Le Seigneur des Anneaux.

5. Le tout premier film que tu te souviens avoir vu : E.T et puis j'ai été beaucoup marquée par Stand by me. Ma mère m'a emmené voir Le livre de la jungle quand j'avais cinq ans mais je ne me souviens plus de ce moment-là.

6. Un film que tu aurais aimé ne jamais avoir vu :  Contrairement à Papillote qui prend son travail au sérieux et va voir tous les films, même les pires - je choisis toujours mes films aussi je suis rarement déçue. Ah si, quoique cela fait toujours une anecdote à raconter : The Blair witch project - je me suis endormie à 3 reprises ! Le pire film jamais vu (enfin presque vu).

7. Un film dont tu aimerais voir une suite : Les Goonies de Richard Donner mais à l'époque du premier, avec les mêmes acteurs (qui auraient vieilli d'un an) ou retrouver encore les personnages du Seigneur des Anneaux ...



8. Un livre que tu aimerais voir adapté en film : oh difficile, vu que je lis énormément. Ah si, mais ça va se faire (et je n'ai malheureusement aucun pouvoir dessus) : The crowded room avec Leonardo Di Caprio qui adapte Les mille vies de Billy Milligan de Daniel Keyes. Un de mes cinq livres préférés de tous les temps.

9. Le film le plus esthétiquement beau que tu aies vu : Tree of Life de Terrence Malick, Out of Africa de Sydney Pollack, Tron de Joseph Kosinski, The fall de Tarsem Singh  et The way back de Peter Weir.

10. Ton réalisateur préféré : Impossible de n'en citer qu'un seul : Terrence Malick, Gus Van Sant, David Fincher, Otto Preminger, Billy Wilder, Sam Peckinpah, Sydney Pollack.

11. Ton style de film préféré : je ne me limite pas à un seul genre : les western, les thrillers, les films "indépendants" (comme ceux que je cite ici), les films de guerre.

12. Un film qui occupe une place spéciale dans ton cœur : Luna Park d'Andreï Goutine - je connais pratiquement l'ensemble dialogues par cœur (en russe). Ce film m'a longtemps obsédé et j'ai même réussi à racheter des photos du tournage.

13. Ta comédie préférée : un thème très large et très subjectif : Certains l'aiment chaud et La folle histoire de l'espace (je ris en tapant ces mots) (dans le même genre que les Hot Shots).

14. Un clip musical que tu aimerais voir développé en film : aucune idée.



15. Un film que toute le monde aime mais que tu détestes : trop facile : Le premier jour du reste de ta vie. Ce film m'horripile - avec les films adaptés des livres de Marcel Pagnol.

16. Un film que tu aimes mais que tout le monde déteste : Tree of Life de Terrence Malick.

17. Un univers cinématographique dans lequel tu aimerais vivre : l'Ouest sauvage de Danse avec les loups (au sein d'une tribu Lakota) ou dans la Terre du Milieu. Rien que ça.

18. Ton biopic préféré : honnêtement, les films biographiques sont généralement trop lisses car ils veulent toujours honorer le personnage principal. J'ai cependant trouvé ma réponse : Les Seigneurs de Dogtown de Catherine Hardwicke, suivi de près par Invincible d'Angelina Jolie.

19. Cinéma mainstream ou cinéma indie : les deux mon général ! 

20. Vieux films ou films récents : vieux films ? en fait, un peu de tout mais mes préférés remontent souvent à pas mal d'années.

21. Un film avec une très bonne bande originale : question piège pour moi, puisque c'est pratiquement mon genre de musique préférée ... je pourrais vous en citer des dizaines .... Mais je vous conseille fortement la bande-originale de The way back, signée Buckhard Dallwitz. 

The End.



09 avril 2015

Pike

"Benjamin Whitmer, c'est Shakespeare qui aurait baisé avec Ellroy !" Olivier Marchal

C'est avec cette citation, ainsi que la quatrième de couverture et un extrait (tous disponibles sur le site de Gallmeister) que je me suis laissée tenter par l'histoire. 

Douglas Pike est de retour après des années d'absence dans cette bourgade des Appalaches où il vit de petits boulots, loin de son passé tumultueux. Son seul ami est Rory, un jeune boxeur qui rêve d'être repéré et de faire carrière mais doit pour l'instant se contenter de matches, parfois truqués, contre les étudiants d'université. 
Alors que les deux hommes déjeunent tranquillement une jeune femme débarque accompagnée d'une gamine de douze ans, Wendy. Elle annonce alors à Pike que sa fille unique est décédée et qu'il doit dorénavant s'occuper de sa petite-fille et repart sans elle. 

Au même moment, un flic pourri jusqu'à la moelle, Derrick, abat de trois balles un jeune homme noir dans la banlieue de Cincinnati. La ville se déchaine, les émeutes ne sont pas loin. 

Bientôt, leurs chemins vont se croiser.

Benjamin Whitmer, est né en 1972 et vit à Denver (Colorado) où selon l'éditeur, il passe le plus clair de son temps à hanter les librairies et les stands de tir. Je n'en doute pas une seconde. Whitmer est tout sauf un citoyen américain lambda. En premier lieu, le romancier américain a choisi de remonter le temps, dans les années 80 à l'ère Reagan. En ce temps-là, on aime les armes et l'on s'en sert.

Ici, tout le monde est perdant, la classe ouvrière n'a pas goûté au bonheur américain. Bruce Springsteen accompagne tous les losers (amusant car je suis fan du chanteur aussi je connaissais les paroles), il s'adresse à tous ces laissés pour compte de l'Amérique triomphante. Et même si le héros se découvre une nouvelle raison de vivre en la personne de Wendy, celle-ci est déjà aussi désabusée à 12 ans que son grand-père à à peine cinquante ans.

"Une fois sobre, faut toujours faire ce qu'on a dit qu'on ferait quand on était bourré. C'est comme ça qu'on apprend à fermer sa gueule.
Pike se tourne vers lui (...) - C'est du Hemingway, dit Roy en souriant. C'est Wendy qui me l'a apprise. Ca colle pas mal, hein ? Même si j'étais pas bourré." (p.85) 

C'est l'Amérique des perdants. Que ce soit les jeunes hommes noirs des banlieues de Cincinnati qui ne côtoient que drogues, gangs et violence ou les jeunes "white trash"  ploucs blancs de la campagne - tous ont perdu tout espoir en leur pays. Ici point de joyeux "happy end", l'avenir n'est qu'une suite de déconvenues. La vie ne vous épargne pas et ne vous fait pas de cadeau.

Lorsque Pike s'embarque dans la chasse à l'homme, désireux d'apprendre qui a fourni à sa fille la dose mortelle de drogue, il sait qu'il n'en rapportera rien de bon. Tout au long de ce périple, l'homme se souvient de ses années au Mexique où il avait l'impression d'être au paradis. Le voilà soudainement chargé de l'éducation d'une gamine qui a grandi toute seule, fume et l'envoie balader. 

Pike est un roman NOIR, ce n'est pas un polar, ici pas de victime, pas de flic ou de détective privé, pas d'enquête - ici pas de rédemption. Tragédie. La preuve ? Le seul flic de l'histoire est violent et corrompu jusqu'à l'os. Les balles fusent et les corps tombent. Ca déménage chez Whitmer.

"Alors écoute. J'ai jamais vu personne foutre en l'air sa vie dans les grandes largeurs sans se prendre pour quelqu'un de spécial. Et les trous à rats dans lesquels les types de ce genre se sont enterrés avaient exactement la forme de leurs rêves". (p.84)

Avec Whitmer, vous allez vous embarquer dans une virée qui vous fera parfois chavirer le coeur ou parfois vous fera hoqueter. Whitmer a son propre style, parfois brut mais aussi teinté de lyrisme comme lorsqu'il décrit les paysages de son pays. Ce pays immense qui ressemble encore à un western où on tire à peu près sur tout ce qui bouge et où l'ont croit qu'il faut toujours aller vers l'Ouest. 

Les Appalaches, ça me parle - j'ai étudié dans une fac nichée dans une de ces montagnes au Tennessee. Je me souviens de ces bourgades que l'on traversait. L'été indien y était sublime mais honnêtement vous n'aviez jamais envie de vous arrêter dans ces bourgades. Pike m'y a ramené et je l'ai suivi, avec beaucoup de plaisir.

"Pike roule toute la nuit sur les petites routes. Puis toute la journée suivante. Traverse d'abord le Tennessee, puis l'Arkansas, jusqu'à presque ne plus en pouvoir. Ces montagnes basses et amples avec des logements pour esclaves derrière chaque ferme, où vous ne pouvez pas faire un pas sans écraser une pointe de flèche indienne sous votre botte. Et pas une seule des bourgades qu'il traverse ne lui donne envie de s'arrêter." (p.281).

Au salon du Polars à Lyon, une internaute a décrit Benjamin Whitmer ainsi "B.Whitmer a un sourire de loup et un regard bleu d'enfant." Elle a très bien résumé le livre. Et j'ai hâte de pouvoir soutenir ce regard mercredi prochain à la librairie où il est attendu ;-)

Pat Garrett and Billy The Kid - Sam Peckinpah

Edit : J'ai donc rencontré le fameux Benjamin Whitmer il y a huit jours à la librairie Les Nuits Blanches. Je l'ai trouvé fatigué, il m'a répondu que c'était sa tête normale. Il possède 5 armes, en porte une quand il ne sent pas sécurité, fume et boit quand il n'a pas la garde de ses gosses. Déteste les pigs,  les flics, il les fuit comme la peste. Ils ont tué son meilleur ami.  Avoue une relation haine/amour avec les armes et son pays et aime se lâcher dans ses livres, on le croit. Whitmer ne croit pas au rêve américain. Il bosse pour vivre, sa nouvelle carrière de romancier ne suffit pas, et il n'a pas choisi la voie la plus facile. Car romancier, c'est une chose - mais auteur de romans noirs c'est être le chien qui mord la main du maître qui le nourrit. D'ailleurs, les chiens, il les aime pas beaucoup.

Quand je lui ai demandé d'où lui venait son inspiration, il m'a répondu que pour Pike, il avait rêvé la nuit d'une homme à forte carrure marchant dans les bois tenant à la main une petite fille.

Il a bien insisté sur le genre de ses romans : noir. C'est le coeur du système qui est pourri, ici pas de bon samaritain. Il y tient. Comme il l'a dit (c'est mieux en anglais) : "My books are all about tragedy. I want to break your heart".

Il est drôle, très drôle - accessible, sans concessions, sans fard. Loin du politiquement correct qui nous fait souvent bondir. Il vous regarde droit dans les yeux quand il vous dédicace son livre, enfin pour moi, ce fut à deux reprises (j'ai acheté son dernier Cry Father) - il apporte un vent d'ouest comme on les aime à Nantes. Hâte de lire son deuxième opus et un jour son troisième (il travaille lentement nous dit-il, mais ça parle de prison, d'évasion, des années 40...).

Et si vous doutez encore : il aime les bonnes choses et les bonnes gens : Sam Peckinpah (le réalisateur de La Horde Sauvage (Wild Bunch), Guet-apens et Junior Bonner avec McQueen,  Les chiens de paille, Pat Garrett and Billy the Kid, etc.). J'ai vu et revu tous ces films avec mon père quand j'étais encore une gamine.  Mon père m'a permis de découvrir cette autre Amérique.

Et Whitmer de lâcher qu'il aime aussi Johnny CashWaylon JenningsBob DylanCormac McCarthyDennis Lehane et l'activiste John Brown. 

Mama, take this badge off me
'cause I can't use it anymore
It's getting dark, too dark to see
I feel like I'm knockin' on heaven's door

Knock, knock, knockin' on heaven's door
Knock, knock, knockin' on heaven's door
Knock, knock, knockin' on heaven's door
Knock, knock, knockin' on heaven's door

Mama, put that gun to the ground
'cause I can't shoot them anymore
There's a long black cloud comin' on down
I feel like I'm knockin' on heaven's door

Bob Dylan, original song from Pat Garrett and Billy The Kid's movie (Sam Peckinpah)


Vous l'aurez compris : une rencontre à la hauteur de mes espérances et une forte envie de lire son deuxième roman ;-)


07 avril 2015

My addictions of the week


Le printemps est arrivé ! J'ai profité d'un jour de ces derniers jours pour profiter au maximum du soleil et des parcs où tout fleurit - Nantais, filez au parc du Procès ou de la Gaudinière pour profiter au maximum de ces paysages magnifiques, où les coquelicots font de l'ombre aux tulipes et iris. C'est magnifique.  Après un début d'année difficile, j'avoue que ces quelques heures dans la nature me font toujours un bien fou. 

Hâte que la température suive pour pouvoir m'installer de longues heures au soleil, un livre à la main. 

Au menu cette semaine : Jessica Brown FindlayHouse of Cards, The Archivists, Closed Circuit, Russell Crowe, Stephen Tompkinson, Nic Pizzolatto, Colin Farrell, Jennifer Connelly, DCI Banks, True Detective, Rebecca Hall, Cary Fukunaga, Eric Bana, Caïn, Winter's Tale (Un amour d'hiver).... 

03 avril 2015

Les châteaux de sable

C'est en regardant une interview d'Emma de Caunes sur la matinale de France 2 que j'ai eu envie d'aller voir ce film. Je suis honnête : sans ce reportage, je n'aurais probablement jamais passer la porte du cinéma, n'ayant pas d'affinités particulière avec le casting et la bande-annonce ne m'en parlant pas vraiment. 
Et quelle erreur aurais-je faite ! Car j'ai eu un véritable coup de coeur pour ce film qui m'a transporté dans le département voisin, dans une belle maison en pierres au bord de l'Atlantique. 

Le spectateur découvre Eléonore (Emma de Caunes), photographe parisienne, qui prend la route avec Samuel (Yannick Renier) en direction des Côtes d'Armor pour vendre la maison de son père, tout juste décédé. 
Samuel et elle ont rompu il y a six mois après qu'Eléonore l'ait trompé. Samuel a refait sa vie avec Laure mais accepte d'accompagner Eléonore effondrée depuis la mort de son père. Orpheline. Ils y retrouvent Claire (Jeanne Rosa), l'agent immobilier qui s'est occupée d'organiser des visites durant les deux jours qu'ils vont passer chez le père (Alain Chamfort) d'Eléonore. 
Ce week-end en Bretagne sera celui où tous les personnages vont connaître toutes sortes d'émotions, de révélations, les rancoeurs et les souvenirs s'entremêleront - le rire succédera à la tristesse.

J'ai poussé la porte, j'ai eu peur un instant - une voix off - les personnages qui s'adressent à la caméra - la crainte d'un film bobo pseudo-intellectuel parisien mais la tempête viendra balayer tout ça, et très vite je suis emportée par l'histoire, par les personnages, par l'atmosphère, les vagues, la mer, les apparitions du père...   

Le film, ai-je vérifié dure 1h42 mais j'ai cru être partie près de Tréguier pendant deux jours entiers ! J'ai adoré être kidnappée ainsi en compagnie d'êtres touchants, émouvants. 

La voix off qui surprend au départ, on finit par l'aimer : elle raconte chaque personnage. On y aperçoit la maison de Brassens (le titre du film est un titre d'une de ses chansons, mais je lui préfère l'orage.) et on suit Eléonore qui doit quitter ce lieu chargé de souvenirs. 

Tout y est simple, beau, attachant et drôle (c'est important de le dire) et on se laisse bercer par la musique de Patrick Watson. 

Moi qui aime beaucoup la photographie en noir et blanc, le réalisateur intègre ici cet art avec talent, dans l'histoire, chez les personnages - ces instantanés (du temps présent et du passé) sont magnifiques.



Les acteurs sont si naturels qu'on croit presque que ce sont des amateurs. Moi qui n'ai jamais eu d'atomes crochus pour Emma de Caunes, je la trouve ici totalement libérée. Je ne connaissais pas les autres acteurs, chapeau bas à Yannick Renier, Jeanne Rosa (adorable) et Christine Brucher. Et que dire de la présence discrète mais très jolie d'Alain Chamfort.

Je suis Nantaise, et quand on me parle de vagues, d'océan - je pense toujours à mes voisins armoricains, la mer est démontée, les pêcheurs affrontent des vagues gigantesques et on se réchauffe à coup de cidre et de galettes. Une jolie en maison en pierres couverte d'ardoises protège vos jours de bonheur et de mélancolie. Car comme dans l'histoire, les deux sentiments sont entremêlés.

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps,
Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer les dents,
Le bel azur me met en rage,
Car le plus grand amour qui me fut donné sur terre
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter,
Il me tomba d'un ciel d'orage.




Merci à Olivier Jahan pour ce très beau moment. 

Mon avis :