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16 octobre 2010

Zakhor, Al Tichkah

Souviens-toi, n'oublie jamais.  C'est la traduction française de ces mots, qui traduisent l'horreur vécu par des millions d'être humains, hommes, femmes, enfants dont le seul tort fut d'être juif.

Je voulais lire ce livre depuis longtemps, les paroles et l'air de la chanson "Comme toi" de Jean-Jacques Goldman trottant encore dans ma tête, dont le prénom identique racontait ce même destin tragique, la Sarah du chanteur n'avait pas encore 8 ans, aimait la musique, surtout Schuman et puis Mozart...  Celle de Tatiana de Rosnay avait dix ans, vivait à Paris, dans la Marais avec ses parents, émigrés polonais. Elle fut l'une des nombreuses victimes de la rafle du Vel d'Hiv,  organisée par les autorités françaises le 16 juillet 1942. Mais cette Sarah-là, réussit à s'échapper, pour un temps.


Je vais aller voir le film, parce que je pense qu'il est important de le voir, comme j'ai déjà vu le film "La Rafle" dont l'histoire est finalement assez proche, et comme j'ai souvent regardé des documentaires, toujours aussi choquée et incrédule devant autant d'horreur. Ma visite de la cache d'Anne Frank à Amsterdam quand j'étais étudiante m'a profondément marquée, depuis j'ai le sentiment qu'on a un devoir de mémoire envers eux.

Enfant juif portant l’étoile jaune obligatoire. Prague, Tchécoslovaquie, entre septembre 1941 et décembre 1944.
— Czechoslovak News Agency

Le livre se concentre sur deux personnages féminins vivant à plus de soixante d'écart, d'un côté : la petite Sarah Starzhynski, avec son histoire : l'arrestation de sa famille, le camp de Beaune-la-Rolande, la fuite, l'attente, la mort. De l'autre, une Américaine journaliste, Julia, chargée d'écrire un article sur la Rafle du Vel d'Hiv, dont on célèbre le triste soixantième anniversaire et dont elle ignore tout. Et un secret de famille qui unit leur deux familles, petit lien fragile mais si puissant.

Je n'ai pas été séduite par le style, ni l'écriture de l'auteur mais  par l'intrigue. De plus, les chapitres consacrés à Sarah sont parfois un peu trop mélodramatiques, ce qui ne doit en aucun cas diminuer leur puissance dramatique, simplement j'ai retrouvé certains passages identiques, mais il est essentiel qu'ils soient répétés encore et encore :  les conditions déplorables et inhumaines du vélodrome, les trains où ils furent parqués comme du vulgaire bétail, la séparation des mères et de leurs enfants. 

Photo du film "La Rafle"

Mais l'histoire est si forte que j'ai lu les 260 dernières pages d'une traite,  Mon autre déception vient du fait que j'ai deviné les choix (personnels et professionnels) de l'héroïne à chaque fois. Le prénom de sa fille était d'une telle évidence, etc.

Mais j'ai aimé l'obsession de Julia pour retrouver Sarah (étonnée cependant de son choix (ne pas lire ce passage si vous ne connaissez pas l'histoire !) de ne pas aller se recueillir sur sa tombe), car j'aurais eu la même réaction. Comme j'ai aimé le choix de l'auteur,  de démontrer que contrairement à d'autres rescapés, qui avaient eux aussi choisi l'exil, cette petite fille fut incapable de se reconstruire, pour se laisser finalement rattraper à l'âge adulte par son passé.

Pour information, j'ai lu cet été un autre livre sur cette période sombre, "Un secret" de Patrick Grimbert.  L'histoire vraie de ce petit garçon dont la famille avait été arrêtée ce fameux 16 juillet 1942 m'avait beaucoup ému également.

Contrairement au film "La rafle", la petite Sarah a été créée de toute pièce par son auteur Tatiana de Rosnay, mais en voyant les photos, on comprend vite qu'il y a eu beaucoup de Sarah, et la réalité est beaucoup plus triste : plus de 13 000 personnes furent arrêtés ce jour d'été, les enfants (plus de 4000) furent gazés dès leur arrivée à Auschwitz. Plus de renseignements sur wikipedia (contrairement à ce qui est écrit, quelques enfants survécurent dont le héros de "La Rafle", certains s'échappèrent du vélodrome, d'autres du camp de Beaune-la-Rolande, mais leur nombre est une goutte d'eau comparé à ceux qui disparurent à jamais).

Photo de la famille de Charlotte Barillet
 (son histoire est lisible ici)




Comme l'héroïne journaliste du livre, j'ai ressenti la même émotion devant ces vies terrassées, c'est pour cela que ces mots résonnent particulièrement en moi :

"J'aurais voulu lui dire, leur dire, à tous ceux-là, mais comment ?  Je me sentais impuissante, j'aurais voulu crier, hurler, à elle, à eux, à tous, que je savais, que je me souvenais et que je n'oublierais jamais".

Zakhor, Al Tichkah

1 commentaire:

  1. jen'ai pas lu ni vu "elle s'appelait sarh" par contre j'ai vu un secret et une interview du vrai mec, terrible son histoire. il l'a bien surmonté

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