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16 janvier 2011

Somewhere

Je suis allée voir le dernier film de Sofia Coppola "Somewhere" avec Stephen Dorff et la toute jeune Elle Fanning.

J'avais quelques appréhensions en y allant, parce qu'entre la bande-annonce qui m'avait beaucoup plu et la lecture de critiques, mon envie s'est peu à peu transformée en une grande peur d'être déçue. J'avais ainsi regardé une émission de critiques littéraires qui n'avait pas aimé le film, le trouvant très ennuyeux et indigne du talent de sa réalisatrice, Sofia Coppola.

Puis, j'ai lu l'avis d'une amie blogueuse, Cachou qui avait été extrêmement déçue, elle qui avait adoré les premiers films de la réalisatrice américaine : Virgin Suicides, Marie-Antoinette et Lost in Translation. Grâce aux commentaires, j'ai trouvé quelques personnes qui elles, avaient aimé le film, ce qui m'a finalement convaincu d'aller le voir.

Le pitch est assez simple : la tranche de vie d'un acteur célèbre à Hollywood, Johnny Marco qui vit au plus célèbre hôtel de Los Angeles, le mythique Château Marmont et qui voit un jour débarquer sa fille adolescente (13 ans) Cleo. Tous les deux vont passer plusieurs jours ensemble, entre les cérémonies et interviews du père, et apprendre à mieux se connaître, et faire prendre conscience à l'acteur de la futilité de sa propre vie.

Je suis tombée par hasard ce matin sur une interview de la réalisatrice. Elle souhaitait montrer la vie d'un acteur célèbre, finalement assez isolé, qui n'a pas de vie personnelle à proprement parler, n'ayant pas de maison, vivant à l'hôtel, entouré de pseudo amis fêtards et d'escort girl.  Un acteur célèbre dont la vie entre deux tournages vire à l'ennui. Et Sofia Coppola filme très bien l'ennui, peut-être parfois un peu trop bien, je pense plutôt qu'il s'agit d'un choix volontaire de sa part  afin que le spectateur  ressente l'ennui comme le personnage principal.  Car il ne passe pas grand chose, à part les obligations professionnelles du père, on le suit accompagner sa fille à son cours de patinage et profiter des piscines ou hammam des hôtels de luxe.

Je crois que Sofia Coppola a choisi volontairement de démystifier la vie d'un acteur célèbre, montrer aux spectateurs que ceux sont finalement des personnes simples - pas du tout extraordinaires et dont la vie faite de soirées, d'alcool et de jolies filles peut très vite tourner à la dépression chronique. Elle expliquait ainsi dans l'interview qu'elle avait volontairement choisi les tenues vestimentaires du personnage principal. Je m'étais fait la réflexion pendant le film du manque d'imagination de l'acteur concernant sa garde-robe, un vieux jean Levis, des vieux tee-shirt troués et quelques chemises en flanelle. En fait, elle voit Los Angeles comme une ville où le style casual et laid back prédomine - elle pensait ainsi à plusieurs acteurs, dont Keanu Reeves ou Johnny Depp, habillés ainsi - l'image du bad boy. Des hommes à qui tout réussit mais qui refusent de posséder quoique ce soit.



Quant à l'image des femmes dans ce milieu-là à Los Angeles, elle est plutôt négative (excepté pour l'adolescente, Cleo et sa mère), les femmes sont soit des escort girl, soit des femmes ultra maquillées, vulgaires. Sofia Coppola qui se décrit comme classique avoue dans l'interview qu'on ne croise jamais ce genre de personnes à New York.  Toujours cette vieille rivalité entre les deux villes.

L'autre personnage essentiel des films de Sofia Coppola est la musique, or ici j'avoue qu'elle m'a un peu manquée. Fort heureusement, elle est présente les scènes clé du film, et est magnifique (comme la musique du générique de fin). La scène de la piscine où le père et la famille oscillent entre bronzage au soleil et jeux aquatiques est sublime. Elle résume à elle seule le cœur du film : la rencontre entre un père paumé, sans repères et sa fille, intelligente, sage et posée, en manque d'amour. Lui dont la vie entière est prise en charge par son agent, par le personnel du Château Marmont où il peut obtenir ce qu'il veut en un coup de fil,  doit soudainement devenir un homme adulte et un père responsable.



Et il se débrouille plutôt bien. Les rapports père-fille sont magnifiques, Stephen Dorff et Elle Fanning sont formidables. Le père est touchant, il est doux, gentil avec sa fille, et Elle Fanning est superbe, d'un naturel désarmant. Une jeune fille de treize ans bien élevée, timide, respectueuse et qui va subtilement réussir à s'immiscer dans ce semblant de vie que mène son père. Leur complicité est frappante, et on rêve tous de ce genre de relations avec son père. Ces quelques jours qui deviendront de magnifiques souvenirs pour eux. Sofia Coppola a réussi son pari en s'attaquant aux relations père-enfant.

Elle Fanning aka Cleo
Et comme dans tous ses films, Sofia choisit une actrice blonde, éthérée, presque irréelle - comme un ange gardien qui vient veiller son père dépressif.  Je pense ainsi beaucoup à Virgin Suicides, sans doute mon film préféré de la réalisatrice. Je n'ai pas trouvé le film très différent des premiers dans le sens où Sofia Coppola aime toujours autant filmer le silence, les plans larges - et son thème de prédilection ne change pas : la solitude. Que ce soit des grandes familles à l'image unie, des femmes belles et intelligentes, des personnes célèbres, des mégalopoles, la conclusion est toujours la même : les gens les plus entourés sont finalement les plus seuls.  Ici Sofia Coppola reprend cette idée que la vie est faite de longues plages où il ne se passe rien, pour être entrecoupée de jolis moments de bonheur, fugaces qu'il faut savoir saisir.

Pour ma part, j'aurais aimé effacer quelques scènes, en raccourcir certaines, en allonger d'autres et ajouter un peu de musique ci et là, mais finalement cela aurait eu aussi comme effet d'éloigner le spectateur du personnage principal, dépressif et dont la vie rime avec ennui, mais dont la venue de sa fille va apporter fraîcheur, joie et amour et va permettre finalement à son père de réagir.  Une véritable prise de conscience. La dernière scène du film est pleine d'espoir.

Une mention particulière aux acteurs, tous formidables - et à la musique, toujours excellente (dont je vais aller acheter deux ou trois titres sur I-tunes). Alors oui, je n'ai pas trouvé le film exceptionnel, mais il reste unique en son genre, j'ai bien reconnu la touche personnelle de la réalisatrice, et je suis heureuse d'être allée le voir.  Et heureuse qu'il ait balayé toutes mes appréhensions.

7 commentaires:

  1. Je me demandais si j'avais réellement envie de voir Somewhere et après ton analyse j'irai (dans 2 semaines)! J'aime beaucoup l'univers de Sofia Coppola. Les critiques sont relativement mitigées malgré le Lion d'or : les gens en attendaient énormément (après Marie-Antoinette) et au final c'est un film assez simple à prendre comme il est, ce qui a dû décevoir pas mal de monde.

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  2. Tant mieux pour toi, mais comme tu le sais, je ne te rejoins pas ^_^. Y compris pour la musique, qui ne m'a pas hantée comme elle m'a hantée dans ses précédents films, je l'ai trouvé plutôt "easy-listening" cette fois-ci.

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  3. @Doan : oui, tu as tout compris, je crois qu'il ne faut pas chercher à comparer, car elle évolue et n'a sans doute pas envie de refaire le même film à chaque fois. Celui-ci est particulièrement lent, mais une fois prévenu, il n'est pas si mal.

    @Cachou : Oui, nos avis divergent, en fait ta critique étant tellement forte, que tu m'as fait vraiment peur ! Donc, finalement tu as peut-être orientée mon avis ;)

    Sofia est jeune, elle va sûrement encore nous surprendre.

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  4. Je reviens tout juste du ciné. J'avoue ne pas avoir d'avis, incapable de dire si le film m'a plu, plutôt "???" La photo et les lumières n'étaient à mon goût pas très belles, je me dis que ça devait être un parti pris. Le film a démystifié le Château Marmont, au début je me suis dit que la chambre était carrément moche et que le vieux canapé de mes beaux-parents aurait bien y trouvé sa place! Après j'ai compris que c'était une sorte de home cosy pour richoux mais sans les tâches quotidiennes à gérer. Les 2 acteurs principaux sont très bons, ma musique aussi, Sofia Coppola est vraiment douée à ce niveau. Les danseuses de poll-dance, ce ne sont pas les jumelles de Playboy?!
    Dernière question : mais où va Johnny à la fin???

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  5. oui, moi aussi, je n'arrivais pas à dire si j'avais vraiment aimé le film ou pas ! Mais je retiens comme toi la musique et les deux acteurs, leur complicité. Pour la dernière scène, déjà il quitte le Château (comme s'il murit enfin) et là il quitte sa voiture, symbole de sa réussite. J'imagine que pour lui cela signifie redevenir lui-même, quelqu'un de bien (et il n'est plus dépressif). Enfin, ce n'est que mon interprétation !

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  6. J'y ai repensé ce matin, quitter le monde superficiel du show-business pour revenir aux sources.
    le film ne m'a pas du tout donné envie d'aller à LA en tout cas!

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  7. Oui ! L'image est en effet assez peu flatteuse ;)

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