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13 mars 2017

Les figures de l'ombre

Il y a des histoires qui méritent d'être portées sur le grand écran, récemment celle des Loving que j'ai adorée et celle de ces trois femmes scientifiques américaines, restée trop longtemps dans l'ombre. J'ai eu la chance d'aller étudier dans un lycée américain en Floride, et de visiter Cap Caneveral, et d'assister, même de loin, au lancement d'une fusée. Pourtant, lors de ma visite, je n'ai jamais entendu parler de Katherine G.Johnson, de Dorothy Vaughan ou encore Mary Jackson. 

Et pourtant ces trois femmes noires américaines ont joué un rôle crucial dans la conquête spatiale. 1962. La NASA est installée à Langley, en Virginie. Les lois de ségrégation sont toujours en vigueur malgré les premiers mouvements pour les droits civils et les discours d'un certain Martin Luther King. 3 femmes se hâtent au travail lorsque leur voiture tombe en panne. Arrêtées par un policier blanc au bord de la route, les trois femmes sont nerveuses, mais lorsqu'elles lui disent travailler pour la NASA alors que la guerre froide fait rage, la réaction du policier, au départ plutôt malveillante, change du tout au tout, et les voilà escortées comme des stars jusqu'à leur travail. 

Ces trois amies sont des computer, traduction : des calculatrices. Elles sont toutes nées avec une machine à calculer dans la tête et l'armée américaine en a besoin. La NASA est en effet dirigée par cette dernière, qui mène ici une autre bataille avec leur ennemi suprême : l'URSS. Et les Soviétiques viennent d'infliger une sérieuse défaite aux Américains en envoyant dans l'espace le premier homme, Youri Gagarine. Le Président américain, J.F Kennedy exige que les Etats-Unis fassent de même. Mais envoyer un astronaute en orbite n'est pas une mince affaire. 



Hal Harrison (Kevin Costner) travaille sous la pression, il a chargé Paul Stafford (Jim Parsons), ingénieur en chef, de mener au plus vite les essais. Afin de contrôler l'ensemble des calculs, on lui a adressé Katherine (Taraji P.Henson), cette jeune femme est un génie des chiffres, mais c'est aussi la première femme noire à pousser la porte de cette salle ultra secrète. L'accueil qui lui est réservé, en particulier celui de Stafford est terrible. Mise à l'écart, on lui attribue sa propre cafetière (pour les gens de couleur) et la jeune femme doit parcourir chaque jour des kilomètres pour retourner aux seules toilettes femmes ouvertes aux femmes de couleur, dans un bâtiment qui leur est réservé. La scène est à la fois risible et pathétique et Harrison ne peut s'expliquer ces longues absences répétitives. Le tout finira en un énorme clash.

De son côté, Dorothy Vaughan (Octavia Spencer) assure les missions de responsable de l'unité des calculatrices, une vingtaine de femmes noires qui passent leur journée à calculer, sans en avoir le titre, ni le salaire. Malgré ses demandes répétées à sa supérieure, la très froide Vivian Mitchell (Kirsten Dunst), rien ne change. Sauf l'annonce de l'arrivée d'une machine révolutionnaire : IBM. Le premier ordinateur qui est censé remplacer toutes ces femmes. La machine est très attendue, car ce sont des milliers de calculs qui sont faits tous les jours, des milliers de projections afin de connaître avec précision la trajectoire dans l'espace de l'astronaute, John Glenn. Mais pour le moment, les techniciens sont incapables de la faire fonctionner, au grand dam de Harrison. Dorothy emprunte un livre sur ces drôle de machine et décide de s'y glisser en cachette dans la salle où trône cette énorme machine, prenant un risque énorme pour sa carrière.



Les essais ne sont en effet guère concluant, Mary Jackson (Janelle Monae), assiste le professeur chargé de la capsule qui doit protéger l'astronaute  : or à chaque entrée dans l'atmosphère, la fusée prend feu et surtout se désintègre. Jeune femme très intelligente, qui n'a pas la langue dans sa poche, Mary apprend qu'elle peut postuler pour être la première femme ingénieur spécialisée en aéronautique. Exceptée qu'il lui faut encore un diplôme, or les cours lui permettant de décrocher ce sésame sont donnés le soir dans un lycée réservé exclusivement aux blancs. Excédée par cette situation, Mary décide de porter son cas devant la justice.

Les trois femmes vont, malgré une pression énorme, le racisme et le sexisme ambiant, réussir à changer leurs vies, et celle de l'histoire spatiale américaine.

J'avoue, j'avais un peu peur de m'ennuyer pendant les deux heures et 28 minutes que durent le film, quelle erreur ! Malgré une construction assez classique, impossible de s'ennuyer. Comme les héros du film, on se prend aussi au jeu de la conquête spatiale, et même en ignorant tout des mathématiques, on se prend de passion pour ces jeunes femmes qui se donnent corps et âme à leur travail. A une époque où les femmes étaient encore supposées rester à la maison et élever leurs enfants, voici des femmes passionnées par leur métier, prêtes à y sacrifier une partie de leur vie personnelle, malgré les lois ségrégationnistes.


La bonne surprise du film, c'est de voir, que malgré les obstacles et les humiliations, ces femmes n'ont jamais abandonné et ont été reconnues pour leur talent et leur contribution inestimable à l'histoire américaine. 

L'autre plaisir du film, ce sont les acteurs - on ne s'ennuie pas une minute en compagnie de ces trois actrices,  j'ai adoré leur jeu et on sent le plaisir qu'elles ont eu à interpréter ces rôles. J'ai eu aussi beaucoup de plaisir à retrouver Kevin Costner dans le rôle de cet homme qui à l'époque a fait tomber quelques barrières et a reconnu le talent de ses femmes.

Les autres acteurs sont formidables comme Kirsten Dunst qui joue parfaitement le rôle de cette femme blanche, qui va apprendre à surpasser ses préjugés. Et puis Jim Parsons, notre Sheldon Cooper qui se transforme en cet homme machiste, raciste mais surtout jaloux du génie de Katherine.

L'autre bonne surprise du film c'est la présence de Mahershala Ali, que j'ignorais. Il était toujours aussi sexy.  Evidemment, on connaît aujourd'hui la fin heureuse de l'histoire et le réalisateur leur rend ici un hommage appuyé et nécessaire mais sans oublier pour autant de réaliser un bon film.

Ce n'est pas un film révolutionnaire, mais j'espère qu'il sera montré à toutes les petites filles, qu'importe leur couleur, juste pour leur dire, qu'elles ont le droit de rêver. Rien n'est impossible.

Mon avis : 


4 commentaires:

  1. Ouh la, heureusement que ton billet est enthousiaste car j'ai prévu d'y aller dimanche mais je n'avais pas vu que ça durait si longtemps.

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    1. oui moi non plus, j'ai même hésité un peu mais j'ai lu un avis où la personne disait ne pas avoir vu le temps filer et elle avait raison ;-)

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  2. décidément, il y a plein de bonnes sorties en ce moment! un film que je verrai avec plaisir!

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    1. oui ! j'ai encore deux autres films que j'aimerais voir - ça fait du bien mais ça prend du temps !

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