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03 septembre 2010

Un roman français et d'autres...


Pendant mes courtes vacances, j'ai lu et lu. Vite, et avec envie, une belle crise de bibliophile.

J'avais emporté plusieurs romans avec moi, j'en ai lu deux et acheté d'autres (premier jour : vide-grenier, j'ai passé deux heures à fouiller les caisses de vieux livres, plusieurs livres achetés et deux lus).


Celui-ci est le dernier lu - je l'avoue, je ne suis pas trop fan de Mr Beigbeder. A tel point, que je n'avais lu aucun de ses livres, mais en découvrant "Un roman français" en poche, j'ai craqué pour la première et la quatrième de couverture. La première, car malgré un physique bien différent de nos jours, j'ai reconnu immédiatement l'enfant du portrait, le romancier lui-même, et puis j'ai aimé le résumé et je me suis dit que le jury du prix Renaudot ne pouvait pas se tromper. Installée confortablement à l'ombre, sur un transat, je l'ai ouvert et lu jusqu'à la dernière page en un après-midi.

Je n'aurais jamais cru dire ça, mais je l'ai aimé. Certaines phrases m'ont marquées : "Depuis je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l'écriture comme un moyen de le retenir". ou "Tapez sur la tête d'un écrivain, il n'en sort rien. Enfermez-le, il recouvre la mémoire".

Beigbeder raconte comment la mémoire, ses souvenirs d'une enfance un peu trop calfeutrée et finalement maussade lui sont revenus lors de sa malheureuse garde à vue. Il a décidé d'écrire ce livre, alors qu'il était enfermé dans cette horrible prison de la Cité, pour rendre hommage à sa famille. Il dit ne plus se souvenir mais tout lui revient, j'ai découvert un homme sensible, intelligent, inquiet, troublé, un enfant enfermé dans le corps d'un adulte, un homme timide.
J'ai aimé l'hommage qu'il adresse aux siens, à son frère, ses parents. Je n'en dirais pas plus, car je crains de provoquer l'effet inverse. Il a de le retenue, du recul et de l'humour. Pas de pathos.

"Un secret" de Philippe Grimbert - je n'avais pas prévu de lire ce roman, mon amie l'avait emmené et voyant à quelle rapidité je lisais, non je dévorais les livres me l'a proposé la veille de notre départ. Je l'ai lu également d'une traite, le soir, en moins de deux heures. Cette autobiographie, ce secret est une sorte de pépite magnifique mais dont l'histoire est si terrible qu'on a du mal à la trouver belle. J'avoue que j'ai toujours autant de mal à lire des histoires liées à la Seconde Guerre Mondiale, liée à la déportation et aux terribles épreuves infligées à un peuple innocent. Bref, impossible de retenir mes larmes, en même temps ce livre est un magnifique témoignage d'une histoire d'amour extraordinaire (pas dans le sens du merveilleux mais dans le sens de son originalité), dont l'auteur est aujourd'hui le seul héritier. A lire d'urgence.


Charles Dickens s'est invité pendant mes vacances avec ses "Great expectations" et je ne lui en veux pas. Il était temps que je lise ce roman, même si je l'avoue, j'ai eu un peu de mal - non pas que je n'aime pas lire Dickens - j'adore ça mais replonger dans l'anglais britannique du 19ème siècle ne fut pas aussi aisé que ça., moi la méchante "Américaniste". Le livre est un classique, Pip est un héros qui comme David Copperfield ou Oliver Twist est orphelin et doit se battre pour sortir de sa condition, et espérer devenir un jour un gentleman. Ma surprise fut à la fin du livre, lorsque je découvris qu'il existe deux fins - la première, fut changée avant la publication du roman à la demande de l'éditeur, qui la trouvait trop triste. Déjà, en 1860 les anglophones ne voulaient entendre parler que de happy ending ! Comme au cinéma américain aujourd'hui, où on modifie la fin pour que tout se termine bien, ici Pip et son grand amour Estella terminent ensemble. Je fus donc très heureuse de pouvoir lire la véritable fin, souhaitée par Dickens et bien plus réaliste et fidèle au livre. C'est mon côté français qui s'exprime ici. Sinon, j'ai aimé le roman même si aujourd'hui il paraît un peu "daté", il atteint son but. J'ai vraiment plongé dans ce siècle passionnant où les classes sociales prédominaient et conditionnaient les gens. Car si la structure du livre est très classique, le thème lui est toujours d'actualité.

Après avoir lu son premier roman, "Sharp objects" j'avais donc très envie de lire le deuxième opus de Gyllian Flynn. Je l'ai lu en français, ce qui je dois l'avouer - m'a à nouveau gêné. C'est une des raisons qui expliquent pourquoi j'ai mis beaucoup de temps finalement à lire et à finir ce livre. Les mots réels (en anglais) venaient se jeter sur moi, comme si leur tonalité opérait plus que les mots français. Mais ce n'est pas l'unique raison. Si j'ai adoré son premier roman, c'est qu'il fichait une bonne claque à la littérature américaine contemporaine, l'auteur mettait en avant un personnage principal violent, perdu, qui se mutile et semble incapable de voir la vérité. Dans ma critique, je citais Mo Hayder comme référence, ce style violent mais intense et passionnant. Gyllian Flynn a de nouveau choisi de ne pas faire de son héroïne un personnage aimable, mais en plus elle y a ajouté du pathos. Son personnage qui semble avoir été incapable de faire quoi que ce soit en 20 ans m'a énervé (depuis Anna Gavalda et son personnage de type en crise de quarantaine), je n'avais jamais eu autant envie de mettre à mon tour des claques à quelqu'un.

Je ne dis pas que sa description d'une Amérique du Middwest fauchée, perdue, isolée, trompée est erronée. Oh non, Gyllian Flynn sait parfaitement décrire le Sud dans "Sharp objects" et ici elle fait un formidable boulot en parlant de cette ville paumée au coeur de l'Amérique, où les habitants sont dévorés par les crédits, les fausses promesses électorales, les bigots fanatiques et la peur de l'autre. Mais j'aurais préféré plus de rythme, surtout vers la fin, quand on connaît la vérité, ce qu'a fait chacun des protagonistes la fameuse nuit du drame. L'amie qui m'a prêté le livre m'avait dit avoir été gênée par la construction même du roman, chaque chapitre fait parler un personnage, dans le passé et le présent. Mais cela ne m'a pas dérangé outre mesure (chaque chapitre donne le prénom et la date), c'est le manque de rythme, de progression. Ai-je vu ou lu trop d'histoires horribles ? J'ai cependant beaucoup aimé la description de la mère, dévouée et déjà morte à 33 ans - morte car endettée, isolée, seule et dépassée par une vie qui n'a aucun sens. Elle représente à elle seule cette Amérique rurale oubliée et abandonnée.

Résumé de l'histoire (en entier sur Amazon) : Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de 15 ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l'innocence bafouée. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s'est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d'un type très particulier, elle accepte pour la première fois de revisiter les lieux sombres de son passé. C'est là, dans un Middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu'une vérité inimaginable commence à émerger. Et Libby n'aura pas d'autre choix pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l'affaire, quelles qu'en soient les conséquences.

From the New Yorker : Libby Day, the protagonist of Flynn’s disturbing second novel, was, as a seven-year-old, the only survivor of her family’s brutal murder by her older brother, an event dubbed by the media the “Satan Sacrifice of Kinnakee, Kansas.” Twenty-five years later, she has become a hardened, selfish young woman with no friends or family. Since the tragedy, her life has been paid for by donations of well-wishers, but, with that fund now empty, Libby must find a way to make money. Her search leads her to The Kill Club, a secret society of people obsessed with the details of notorious murders. As Libby tries to gather artifacts to sell to The Kill Club (whose members, it turns out, doubt the guilt of her brother), she is forced to reëxamine the events of the night of the murder. Flynn’s well-paced story deftly shows the fallibility of memory and the lies a child tells herself to get through a trauma.
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