"Rebecca" - premièrement il y a le prénom. Un prénom qui résonne encore en moi. J'ai toujours aimé ce prénom, mes premiers souvenirs sont liés à Tom Sawyer. Tom Sawyer, me direz-vous ? Oui, car Tom en pinçait pour Becky. Et dans le premier opus de ses aventures, Rebecca "Becky" Thatcher est nouvelle en ville et Tom lui fait ouvertement la cour. Enfant, je rêvais d'avoir un petit ami aussi libre et drôle que Tom Sawyer. Puis les années passèrent, et j'étudiais l'histoire, Rebecca prenait forme. Un prénom hébraïque, la mère d'Esaü et de Jacob, épouse du fils d'Abraham, et deux mille ans plus tard, le prénom de nombres de victimes de la Shoah. Enfin, la Rebecca d'Alfred Hitchcock, adaptation cinématographique du roman de Daphné du Maurier.
Les années ont passé, et si je connaissais le film (lointain souvenir effacé par une autre "morte" célébrée au cinéma : Laura d'Otto Preminger *) et même l'existence de ce livre, je ne l'ai jamais lu. Mais il m'intriguait, et cet été en vacances, lorsque j'ai aperçu le livre par hasard au fond d'une boîte dans un vide-grenier dans le Lot, je n'ai pas hésité. Cette édition est vieillotte, les pages jaunes, l'odeur de renfermé et les tâches auraient pu me rebuter mais au contraire, j'aime les vieux livres, et j'adore la couverture. Aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai identifié cette femme comme étant Rebecca au départ, car dans l'histoire le trench est trop grand pour la nouvelle Mme de Winter.
Mon livre ne présentait aucune quatrième de couverture, j'ai donc découvert l'histoire au fur et à mesure de ma lecture. Les premiers mots "Last night I dreamt I went to Manderley again" sont aussi célèbres et m'ont tout de suite entrainé avec la jeune mariée dans une histoire palpitante, dont l'héroïne peut souvent apparaître à tout lecteur du 21ème Siècle, je dois l'avouer, assez désuète. Mais j'ai aimé le style, son élégance, la politesse des mots, cette tension croissante toujours maîtrisée, et la pudeur de l'héroïne, ses inquiétudes et ses rêves de mariage parfait, de mari idéal. Je n'ai aucun mal à me glisser dans ce trench trop grand, ce salon trop imposant, cette "happy valley" où les rhododendrons et azalées vous parfument le corps et l'esprit. Je pouvais sentir Jasper me lécher les mains, et l'odeur du thé servi immanquablement à 16h30. Je ne suis pas objective, j'adore cette époque, je regarde Miss Marple, Hercule Poirot (années 30) - j'aime cette atmosphère so British, empreinte de cette vieille Angleterre où les us et coutumes priment sur les personnes.
La simplicité du personnage principal, son statut social, l'absence de passé (aucune histoire d'amour) son physique jugé peu valorisant (comparé à Rebecca) et son manque d'assurance permettent au lecteur de s'identifier à elle plus facilement, comme un costume que l'on met. Même si parfois, j'ai du relever la tête, ainsi lorsque Mme Danvers s'en prend à l'héroïne, je peux vous assurer que le roman aurait pris une toute nouvelle direction avec moi à sa place !
Manderley, c'est le synonyme de la fin d'une époque pour moi, celle des bals, des apparats, d'une certaine société anglaise, de sa splendeur et sa décadence, de ces années "folles" où l'excès était de rigueur, où les gens vivaient dans un tourbillon de fêtes et de faux-semblants, de mensonges. Rebecca en était le symbole, un symbole de vanité, de beauté outrageante et de pouvoir absolu. La nouvelle Mme de Winter arrive comme la vérité, et met tout le monde à nu, face à ses propres démons. Manderley brûle, le feu est purificateur.
En hébreu, Rebecca ne signifie-t-il pas "" celle qui est rassasiée, qui a eu ce qu'elle voulait "?
Acheté par hasard et intégré au challenge Daphné du Maurier par la suite !
Merci à Océane
Merci à Océane
(*) Laure d'Otto Preminger est un de mes cinq films préférés, vu sans doute 30 fois, elle vaut bien un billet ! Et je n'ai pas pu m'empêcher de la voir en Rebecca, beauté parfaite, presqu'irréelle.
Je suis ravie de cette recension ! et puis j'aime beaucoup la façon dont tu amènes la lecture !! C'est un roman à l'ambiance spéciale, presque magique !!
RépondreSupprimerje te link dans le billet concerné !
merci encore :)
De rien, j'ai été emballée par l'histoire et je vais lire d'autres romans.
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