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23 mai 2011

The Tree of Life

Hier, je suis allée voir le dernier film de Terrence Malick, The Tree of Life. J'avais très envie de le voir, sans doute parce que j'ai beaucoup aimé ses œuvres précédentes. En relisant un billet que j'avais écrit sur lui, je me rends compte que j'avais déjà tout dit ou presque !

Si vous n'avez pas aimé La ligne rouge, vous ne pourrez pas aimer The tree of life. Terrence Malick a réalisé son film le plus personnel, on y retrouve toute sa passion pour la contemplation, la vie, la nature. Une ode à la vie, à l'amour qui sert d'ouverture à son film : "there are too ways through life: the way of nature, and the way of grace, you have to choose which one you will follow". On y retrouve le lyrisme, les silences, l'absence de dialogue au profit du non dit. Les images parlent, les gestes surtout, et la musique sublime (que je vais m'empresser d'acheter) vous entraine.

J'ai adoré ce film, même s'il m'a dérouté au départ. Je ne suis pas la seule, dans le cinéma, les personnes bougeaient, susurraient,  un autre s'endormait presque, et un spectateur est parti avant la fin. Je savais, en ayant lu quelques critiques que son film avait déplu à beaucoup de personnes. Aussi, je me sens un peu seule mais j'assume !

L'envolée lyrique au début du film fut la plus troublante, mais ayant déjà vu les œuvres du réalisateur, je savais que derrière allait suivre autre chose, et je n'ai pas été pas déçue. Je ne nie pas le fait que j'ai trouvé très étrange de voir des dinosaures, et que j'ai eu du mal avec ces flashbacks, (surtout ceux du début) même si j'étais heureuse de retrouver Sean Penn dont le regard sait exprimer tant d'émotions. Son personnage, Jack se remémore soudainement son enfance dans les années 50, élevé avec ses deux frères par un père autoritaire et distant, l'impressionnant Brad Pitt (qui ne cesse de grandir à chaque film) et par une mère magnifique et emplie d'amour, la sublime Jessica Chastain.


Le père représente "the way of nature", une nature qui peut être à la fois merveilleuse et monstrueuse. Ses fils ont tous peur de lui, ils vivent dans la crainte de ses colères,  ils lui font parfois front,  mais comme tous les enfants, ils l'aiment et n'attendent qu'un signe de sa part. Brad Pitt est formidable en père autoritaire, violent parfois mais qui finira par admettre ses erreurs. Contrairement à certaines critiques, qui ne voient en lui que le mal, j'ai trouvé au contraire un père qui ignore comment exprimer ses sentiments mais qui aime profondément ses enfants. Il joue avec eux, et semble vouloir les protéger en leur apprenant à se défendre face à un monde qu'il a toute sa vie combattu.  Sa vision de la vie est celle d'un homme qui a toujours du combattre, aussi c'est un rapport de force qu'il établit avec ses fils. Un homme qui se rêvait musicien, qui ne cesse de déposer des brevets en rêvant de gloire, mais qui est condamné à travailler en usine. Un homme autoritaire mais qui lorsqu'il perd son emploi, finit par dire ce que son fils de 11 ans attendait depuis toujours, qu'il l'aime et qu'il est sa plus belle réussite.

Jessica Chastain, Mrs O'Brien est l'image même de "the way of grace", l'image de Dieu - une image faite d'amour, et de pardon. Un amour inconditionnel pour ses enfants, elle est aveuglée par son amour maternel. Elle les protège de tout, même des colères paternelles, et veut à tout prix les protéger du monde extérieur; aussi elle leur offre une enfance presque trop idyllique. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu une mère aussi aimante, aussi belle. C'est au contact des autres que son fils peut expérimenter, et commettre des erreurs, face à elle il est incapable d'exprimer ses échecs, car il est prisonnier de cette image de la famille parfaite dans laquelle elle s'est réfugiée.  Impossible de décevoir une mère aussi aimante. Ainsi, comme il l'exprime, "Mother, father - always you wrestle inside me" il est oppressé par ses deux parents, dont tout semble les opposer. Terrence Malick livre ici une image symbolique de l'amour et de l'autorité, qui traverse les siècles. Cette symbolique peut sembler très primaire et déplaire, car chaque personnage est étudié au millimètre près, ce qui peut nuire au film, lorsque chaque personnage en devient presque caricatural.  Mais j'ai décidé de fermer les yeux, et me laisser porter par cette histoire. 

Hunter McCracken et Laramie Eppler - un amour inconditionnel

Et puis enfin, les enfants. Le casting est une vraie réussite. Hunter McCracken (le jeune Jack), et ses frères joués par Laramie Eppler et Tye Sheridan sont parfaits. Ils interprètent à merveille toutes les émotions qui les traversent (joie, peine, crainte, colère, tristesse, amour) le jeune Jack est impressionnant. Bluffant.  J'ai été hypnotisée par leurs regards, lorsque Jack, qui comme son père est dans l'incapacité d'exprimer verbalement ses émotions, fait de son jeune frère son souffre-douleur. Lorsqu'il s'excuse, on y voit le lien extrêmement fort qui les unit et on se demande comment Jack a pu lui survivre.

Hunter McCracken, le jeune Jack
C'est lui, son frère, "brother" qui représente ici l'amour fraternel et en ce sens le pardon qu'il recherche des années après. Comme son frère avait su lui pardonner,  Jack, adulte, apprendra à pardonner. Les images de ces enfants continuent de m'obséder, une image du bonheur si fragile, de la puissance de l'enfance, des souvenirs, de l'apprentissage de la douleur, du partage et de l'amour. La vie, la mort, tout est lié, Terrence Malick, adepte de la contemplation a voulu nous livrer sa vision du monde, où pour lui tout est lié, la vie humaine, les premières heures de vie sur la Terre, la nature et l'homme ne font qu'un.

Même si ce film est parfois complètement déroutant, les images de ses enfants des années 50, sans télévision, ni ordinateur qui passent leur vie à se chamailler, à jouer ensemble, inséparables, à apprendre la vie m'ont rappelée mon enfance lors de ces longues vacances à la campagne, où nous passions nos journées dehors, à créer notre propre monde, à grimper aux arbres, aller pêcher, faire du vélo - vivre chaque instant intensément. Et où la nature était si proche, assis sur la balançoire, les yeux vers le ciel, à l'écoute du vent dans les arbres, à rouler dans l'herbe, à attraper les criquets, à creuser la terre pour y trouver des vers de terre. J'ai retrouvé ici une partie de mon enfance, et c'est probablement une des raisons pour laquelle j'ai aimé ce film.

Ce film est si personnel, qu'on ne peut que l'aimer ou le détester. J'avoue que j'ai essentiellement aimé suivre le jeune Jack, j'ai été déroutée par les images de la Terre. Terrence Malick offre sa réflexion sur la vie où la religion est très présente mais où elle se mêle adroitement à la nature pour ne faire qu'un. Le réalisateur est un homme obsédé par la vie et sa signification, et ses films sont très personnels, il a tenté ici d'y répondre. Sa vision est donc très différente de la vision européenne et peut donc déplaire.  De plus, il est adepte du lyrisme, genre particulièrement critiqué car très spécial, j'avais déjà lu les mêmes critiques lors de la sortie de "La ligne rouge", lorsque le sergent Witt refuse le combat, presque mutique et préfère la contemplation à l'action.

Je le répète, ici tout est subjectif , j'ai vu un film sur la vie, sur la beauté et la fragilité de l'être humain. Sur la puissance de l'amour. 

Pour ma part, j'aurais offert le prix d'interprétation à Hunter McCracken !

10 commentaires:

  1. J'ai aimé tout les T.Malick, et je sais que je vais adorer celui là aussi. Déjà le thème en soi me plait, alors avec un tel réalisateur, plus mon cher Brad Pitt, c'est le bonheur assurée !

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  2. J'espère car la majorité est déçue, son "désir mystique" dure une bonne heure, mais chaque moment avec la famille O'Brien est magique. Si tu as aimé ses précédents films, tu vas adorer ;-)

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  3. Je signe et persiste j'ai détesté ce film même si j'ai apprécié Le nouveau monde!!! J'admets que les 20 premières minutes sont très belles mais dès la partie docu scientifique grand luxe avec les dinosaures (mais à quoi servent-ils???) le film n'allait nulle part. L'histoire ne m'a pas du tout touchée, Brad Pitt n'avait pas besoin de serrer la mâchoire et de porter des lunettes à triple foyer pour montrer ... qu'il n'est pas Brad Pitt! Je reconnais néanmoins que J. Chastain est très juste. Ce film aura juste eu le mérite de ne pas laisser indifférent.
    Mais que voit-on au début et à la fin???

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  4. Le nouveau monde est le film pour moi le moins "Malickien", car le plus "normal". Je ne dis pas le contraire, j'étais comme toi déroutée par ces images (et les dinosaures ne servent à rien, tout à fait d'accord) - par contre, contrairement à toi j'ai été (comme je l'explique) très touchée par l'histoire, sans doute parce qu'elle me parle personnellement. Pour Brad Pitt,je ne suis pas d'accord avec toi (désolée), je le préfère ainsi que lorsqu'il joue les beaux blonds. De toute façon, j'ai surtout vu les enfants et Sean Penn. Le début et la fin du monde, le soleil qui signifie la vie et la mort (car on sait qu'il va un jour mourir et nous avec). Le cycle de la vie, mais comme je l'ai dit, j'ai surtout aimé la vie de ce gosse. Mais ça serait comme couper une jambe à Malick d'enlever ça, il est à part comme Lynch, Kusturica ou Gus Van Sant. Mais tu as le droit de détester ! Moi j'ai détesté "le premier jour du reste de ta vie" (ou un truc comme ça), de la première à la dernière minute. Pourtant, il est encensé par tout le monde, mais comme toi je persiste et signe ! Et j'ai aimé The Tree of Life.

    Qu'as-tu vu au cinéma d'autre pendant mon absence (un mois)? Car c'est mon premier film, et j'hésite entre plusieurs ...

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  5. Je ne suis pas du tout fan de Brad Pitt beau gosse, son jeu était bon mais avait-il besoin de serrer la mâchoire pour montrer qu'il n'exprime pas ses sentiments? Les images sont magnifiques c'est indéniable mais 2h30 de beau... tue le beau! La scène de la plage à la fin était interminable surtout lorsque la mère marche en levant les bras pendant 5 minutes avec une conclusion qui m'a excédée.
    Pas grand chose à mon cinéma ne m'intéressait dernièrement, enfin vu the Fighter qui m'a scotché, la ballade de l'impossible (encore plus apprécié après Tree of life ;-)) et... Rio qui m'a éclaté et quelles images de la ville. Début juin va falloir que je choisisse entre Mr Nice et Détective Dee.

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  6. J'ai vu The Fighter. Je pense aller voir le dernier Allen, sinon Animal Kingdom mais j'ai l'impression qu'il va disparaitre des salles très rapidement ! Pour la Ballade, pareil - il est encore à l'affiche mais je vais devoir attendre ce week-end.

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  7. C'est vrai qu'Animal Kingdom a eu de superbes critiques mais il n'est pas passé par chez moi... bien que j'habite à 30 minutes de Paris mais avec les enfants c'est un peu compliqué et encore j'ai la chance que mon père les garde quand je vais au ciné. Il y a aussi le film des frères Dardenne très plébiscité mais je n'ai jamais accroché à leur style.
    Finalement j'irai voir Mr Nice, une collègue s'est endormie pendant Detective Dee!
    J'ai vu la BA de La conquête qui a l'air pas mal mais ma conscience politique me dit NON ;-)

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  8. Animal Kingdom est passé tout près de chez moi, mais mon week-end à la Rochelle m'a empêché de le voir ! Dommage. Idem pour le film Dardenne, je sais qu'il a reçu de bonnes critiques, mais je n'ai jamais été fan. Pour Mr Nice, il est sorti le 13 avril mais je ne l'ai pas vu, il n'est plus à l'affiche. J'ai vu la BA. Désolée pour Detective Dee et comme toi je ne veux pas voir la Conquête ;)

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  9. Un très beau film en effet. Déroutant de part les choix du réalisateur mais tellement beau visuellement.
    Nous faisons aussi parti des gens qui ont apprécié ce film (Mr K plus que moi même). On ne peut pas mettre de côté le talent de Terrence Malick!
    Si tu veux voir nos avis en détail, c'est là:
    http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2011/05/25/21227273.html

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  10. Je dois repartir mais tout à fait d'accord, je crois que c'est un film qu'on aime ou qu'on déteste. J'irai voir ton avis à mon retour, la petite géante m'attend ;-)

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