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26 juillet 2011

El secreto de sus ojos


J'avais souvent entendu parler de ce film, qui a remporté en 2010 la fameuse statuette en or du meilleur film étranger. El secreto de sus ojos, traduit Dans ses yeux est un film sublime, magnifique et surprenant jusqu'au bout. 

Je connais très mal le cinéma sud américain, et encore moins le cinéma argentin, mais je commence à l'apprécier de plus en plus. Le film est historique, il nous plonge dans l'Argentine des années 70 et dramatique, il parle d'amour, d'amour perdu et du sens que chacun accorde au mot justice.

L'histoire se situe au début en 1999 à Buenos Aires, Benjamín Espósito ancien agent fédéral du département de la justice à la retraite (il n'était pas juge mais participe à l'instruction)  se lance dans l'écriture d'un roman, largement inspiré d'une affaire classée 25 ans auparavant qui le hante toujours. Cette affaire est celle du viol et du meurtre brutal de Liliana Coloto, jeune institutrice de 23 ans. Espósito, accompagné de son assistant Pablo Sandoval, en fait une affaire personnelle, après avoir été extrêmement touché par la douleur du mari de la victime, Ricardo Morales. Celui-ci digne et réservé, attend que la justice mette derrière les barreaux l'assassin de sa femme. Espósito va persuader la jeune greffière en chef Irene Menendez-Hastings et Sandoval de mettre tout en œuvre pour identifier et arrêter l'assassin, malgré les réticences du juge. Il va réussir à l'identifier à travers son regard (d'où le titre). L'histoire ne s'arrête pas à cette simple enquête, le spectateur découvre qu'Espósito est amoureux de la greffière mais ne va jamais oser avouer ses sentiments et va la laisser épouser un autre.

Ricardo Darin, formidable acteur (ici en 1999)
Si l'affaire est classée une première fois, faute de preuves, Espósito va finalement rouvrir l'enquête, après avoir croisé l'époux de la victime attendre tous les jours à une gare différente l'assassin de sa femme, persuadé que celui-ci vit en banlieue où il se cache. Mais l'Argentine est un pays compliqué, nous sommes en 1977 et même condamné, l'assassin va retrouver la liberté. Les années passent, et en écrivant ce roman Espósito tente à la fois d'apporter une fin à l'enquête et à sa propre histoire d'amour inachevée avec la greffière.

Le réalisateur Juan José Campanella maitrise parfaitement l'art du flashback, en nous faisant remonter le temps, de 1999 à 1974 sans que jamais cela ne choque. Le montage est totalement maitrisé, assez rare dans ce genre de films, qui finissent souvent par fatiguer le spectateur.  Campanella réussit un tour de force, il entraine le spectateur dans les tourments de cet homme, ses doutes, sa soif de justice et de vérité. Le réalisateur joue avec les regards, les silences et le temps, qui avance inexorable et éloigne les chances de retrouver la vérité.

1977 - Irene et Benjamin

Le spectateur ne peut détacher son regard - chaque échange, chaque dialogue apportent une partie de la réponse, et 25 ans après les faits, l'écrivain et la greffière (toujours en activité) repartent en croisade, en espérant trouver une solution à leur propre histoire, sous couvert de rendre justice et d'apporter une fin juste au livre. Lorsque le dénouement approche, le spectateur comprend soudainement le poids de chaque mot prononcé, qui à l'époque n'avait pas été entendu pour sa juste valeur, présage du futur.

L'histoire porte un regard sur l'être humain, sa lâcheté, ses faiblesses, son impuissance (le cheminement pour retrouver l'assassin, à travers ses faiblesses est impressionnant). Quant à la justice, elle n'est pas rendue comme on l'attend.

Juste, justice
- le mot ici prend tout son sens, le meurtre brutal de la jeune Liliana est également un prétexte pour porter un regard sur le système judiciaire argentin des années 70, où l'on extorque des aveux à des innocents pour se faire mousser, où les assassins intègrent les forces de police spéciales qui assassinent ceux qui cherchent la justice, où les affaires sont classées.

La fin est sans doute le moment le plus fort du film, où tout se bouscule, où tout prend sens. Brutale mais nécessaire, elle interroge le spectateur sur sa définition du mot justice. J'ai été frappée de me voir faire le même cheminement que le personnage principal, et de saisir l'incroyable vérité.
1975 - Morales espère croiser chaque jour à la gare l'assassin de sa femme, Esposito et lui nouent une relation particulière
Un grand bravo aux acteurs, tous parfaits : Ricardo Darín (Benjamín Espósito), Soledal Villamil (Irene Menendez-Hastings) et Pablo Rago (Ricardo Morales) m'ont bluffés ! Les scènes entre les deux hommes sont parmi les plus belles qu'il m'ait été donné de voir, leurs échanges sur la souffrance, l'absence, le deuil sont magnifiques.

Le film est hors du commun, et la fin impressionnante.  je ne peux donc que vous le recommander chaudement ! A voir absolument.





2 commentaires:

  1. j'ai beaucoup aimé aussi, il m'avait scotché au ciné, je l'ai revu avec la même intensité sur canal. j'adore la scène du stade, et de la confrontation où le meurtrier se fait piéger, très intense. et la fin !!!

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  2. Oui la scène du stade et la fin évidemment, bizarrement je me disais que qu'il mentait mais je n'aurais jamais pensé à ça ;-)

    C'est vraiment un film sublime.

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