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02 novembre 2011

La couleur des sentiments


Bizarrement, j’ai vu The Help (je l'ai vu en vo) il y a déjà presqu’une semaine, or j’ai complètement oublié d’écrire un billet à son sujet. Est-ce un signe ? Ce film faisait la une des magazines ciné, en lisant le billet de Papillote, et sans avoir lu le livre, j'ai eu envie de le voir. J’ai surtout entendu parler du débat qu’il a créé outre-Atlantique, certaines personnes le taxant de raciste.

Voici donc mon billet, qui je parie, chère Humanitude (tu es aide-soignante ?) ressemblera à beaucoup d'autres ;) Pour moi le thème majeur du film est l’émancipation féminine, avec en parallèle celui de la communauté noire américaine. L'histoire a lieu au beau milieu des années 60 pendant le mouvement des Droits Civiques qui secoue l’Amérique (la mort de Kennedy en 1963 est montrée dans le film).
L’émancipation de ces femmes noires en premier – condamnées à travailler toutes leur vies comme employées de maison (« help » en anglais, à la fois femme de ménage et nounou). Seul job qui leur est ouvert pour un salaire de misère au sein de ménages blancs, riches et racistes, et en second l’émancipation des jeunes femmes blanches qui refusent de suivre une autre voie toute tracée : un mariage de bonne fortune, et une vie de «desperate housewife » comme c’est la tradition dans ces familles sudistes.

Ainsi le film s’ouvre avec le retour de Skeeter (Emma Stone) jeune femme blanche qui est partie étudier le journalisme à la fac. Elle retrouve ses amies d’enfance, toutes mariées et déjà mères. Le fossé est déjà présent entre elles et ne fera que grandir. Skeeter veut devenir journaliste et écrivain, et n’a pas comme seul objectif de se trouver un beau parti. Mais la pression sociale est là : sa mère, les bals organisés, les blind dates, Skeeter comprendra vite que son avenir n’est pas ici.

Sa décision de vouloir écrire sur la condition des domestiques, est significative, elle veut parler de l’émancipation de la femme en général (et quelque part de sa propre condition), et le fait d’avoir quitté le Sud lui a ouvert les yeux sur les conditions des Afro-Américains. Le départ inexpliqué de la nounou qui l’a élevée (et a vécu pendant 23 ans près de sa famille) sera le facteur déclencheur. Elle va trouver une confidente en la personne d'Abileen Clark (la belle et émouvante actrice Viola Davis), qui va lui ouvrir son coeur et son passé. Elle ouvre la porte au spectateur dans son quotidien, celui d'une femme qui doit quitter ses propres enfants pour aller élever ceux des blancs et subir toutes leurs remarques racistes. La ségrégation existe, et perdure même si le mouvement des Droits Civiques commence à semer ses graines de révolte.
Le film est assez long (2h25 je crois), et il est apparemment fidèle au roman (je ne l’ai pas lu). Il se regarde avec plaisir, avec une certaine émotion parfois. Le spectateur est entrainé dans une période charnière de l’histoire américaine, ce qui m’a plu, aimant les films historiques.
Jessica Chastain et Octavia Spencer, mon couple préféré
Le casting est parfait. Rien à dire, tous les acteurs tiennent leurs rôles. Moi qui aime beaucoup Jessica Chastain (depuis l’Affaire Rachel Singer et The Tree of Life), j’ai été ravie de la trouver dans ce rôle de « white trash » (plouc blanc), une blonde décolorée à la Marylin, rejetée par la communauté bien-pensante et bourgeoise, et dénuée de toute once d’animosité. Honnêtement, ce sont mes scènes préférées dans le film. Sa rencontre avec Minny Jackson (interprétée par Octavia Spencer, la révélation du film), sa nouvelle employée, qu’elle considère plus comme une amie/ figure maternelle/confidente est amusante.  Ainsi, c’est à Minny de lui rappeler les "règles" (elle mange dans  la cuisine, la maitresse de maison dans la salle à manger) m’a beaucoup amusée. Ces deux actrices sont impressionnantes. Je le répète, sans elles, je me serais probablement ennuyée.  
Brice Dallas Howard (la jolie choucroute dans la robe fleurie)


Car oui, je dois l'avouer : j'ai trouvé le film un peu trop long et parfois guimauve. Est-ce du à l'histoire ou au casting presqu'entièrement féminin ? J'aurais donc des préjugés ? En fait, j'aime les personnages combatifs, aussi celui de Minny m'a vraiment plu. Les scènes où elles critiquent les toilettes de leurs maitresses de maison sont excellentes.

A noter aussi l’excellente interprétation de Brice Dallas Howard, qui joue le rôle de la peste, méchante, jalouse et raciste Hilly. J’avoue que je n’avais pas reconnu l’actrice avec cette choucroute sur la tête !
 NB : le rôle de Yula Mae est tenu par l’actrice Aunjanue Ellis, qui joue actuellement le rôle du Capitaine Higthower dans la série Le Mentaliste.
L’émancipation de la femme est aussi montré lorsque l'une d'elle quitte son mari violent avec ses enfants. Même si au départ, j’avoue que j’étais un peu déçue de voir que la femme en question était noire (mon reproche : l’association d’idées : seul l’homme noir est violent, alcoolique. Idée fortement répandue dans le Sud, et encore à ce jour). Peut-être est-ce là que les critiques envers le film ont trouvé leur source. Un autre film (l’excellent The Right to Kill) revient sur cette croyance (encore présente de nos jours) que l’homme violent par nature (et violeur) est noir.
Mais je crois que l’objectif de l’auteur Alice Walker, était en fait de montrer que les femmes prenaient leur vie en main en refusant de rester auprès d’un mari violent. Et que l’émancipation de la femme commençait par le travail. Enfin, je n'ai pas lu le livre, à vous de me confirmer mes impressions.
J’ai donc aimé le film, même si en y repensant, je n’ai pas aussi été touchée que pour, par exemple, les héroïnes de La Couleur Pourpre. J’apprécie le regard porté sur ses femmes, dont on parle peu, et l’angle choisi par l’auteur. La réalisation est propre, nette. Le scénario bien écrit.
J’ai vu d’autres films sur cette période cruciale, que j’ai plus appréciés. Plus violents et la grande majorité n'est pas axée sur l’émancipation féminine, ils me viennent cependant à l’esprit :
Je cite de nouveau :

  • Le droit de tuer (The right to kill) avec Samuel L.Jackson et Matthew McConaughey, un de mes films préférés.

  • Love Field avec Michelle Pfeiffer (une jeune femme blanche s’éprend d’un homme noir en novembre 1963) (tournée en 1992), une bonne surprise – Michelle Pfeiffer en pseudo Jackie Kennedy et le racisme abordé différemment.

  • Dans la chaleur de la nuit, avec Sidney Poitier et Rod Steiger (tourné en 1967), un classique tourné en plein mouvement des droits civiques (Martin Luther King sera assassiné en avril 1968)

  • Enfin, le génial Mississippi Burning avec Gene Hackman et Willem Dafoe (tourné en 1988), qui vous fait sentir la tension et le risque permanent d’explosion de haine qui menaçait chaque citoyen à cette époque.

6 commentaires:

  1. Coucou! Je suis en train de lire le roman, je ne vais donc pas aller le voir au cinéma. Et puis j'avoue que comme toi, j'ai trouvé la bande-annonce très "guimauve" (j'aime bien ton expression) et que donc elle ne m'a pas donné envie plus que ça. En tout cas merci pour ton avis, plus mitigé que la plupart de ceux que j'ai pu lire jusqu'à maintenant! ;o)

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  2. Désolée, je dois modérer mes commentaires (un spammer était venu m'embêter pendant un temps). Tu me diras pour le livre, car je ne l'ai pas lu et je pense qu'il est mieux que le film ;)

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  3. je suis assez d'accord, le film joue beaucoup plus sur l'aspect desperate housewives et est un peu guimauve, mais en revanche je me suis pas ennuyée. Tu me diras quand tu auras ton tablier ;-)

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  4. Ah j'ai oublié de te le dire ! J'ai reçu finalement deux places gratuites pour le film ;) Bon, un peu déçue à la base (vu que j'ai vu le film) mais je les ai offertes à ma mère ;)

    Pas de tablier, snif, snif...

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  5. ah bon ????? je leur avais pourtant bien précisé !!! mais alors ils n'ont pas envoyé de tablier à l'autre gagnante non plus ? faut que je me renseigne !!!

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  6. Ben, oui.. Moi qui viens de redécorer ma cuisine, ne manquait plus que le tablier ;)

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