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01 novembre 2011

Les Marches du Pouvoir

Difficile, voire impossible de lui échapper. Ce Ryan est absolument partout, dans tous les magazines cinés, les magazines féminins (le sexy Ryan), les magazines people (il se tape la belle Eva) et dans vos salles. A peine ai-je vu Drive, que le revoilà dans le dernier opus du réalisateur George Clooney. J'avais parlé des Marches du Pouvoir  dans un billet précédent, croyant que sa sortie aurait lieue plus tard en France. Que nenni, le film sort des deux côtés de l'Atlantique à la même période. George nous aime.

Avouez que l'affiche est un sacré coup de génie, les visages de deux acteurs se fondent en un seul et résument la relation particulière qui unit un directeur de campagne à un candidat politique. George aime les films intelligents, et aime appuyer là où ça fait mal.

Le film se penche sur le personnage de Stephen, interprété donc par la nouvelle coqueluche d'Hollywood, Ryan Gosling, jeune consultant emprunt d'idéal qui décide de rejoindre la campagne du Gouverneur Mike Morris (George en futur Président, c'est la classe). Stephen assiste le directeur de campagne, interprété par le génialissime Philip Seymour Hoffman (on a épuisé les superlatifs avec lui), et rédige les discours du candidat.

Contrairement au consultant classique, doué mais qui n'aime que l'argent, et se fiche royalement pour qui il travaille, Stephen explique qu'il croit en Mike Morris, qu'il le croit seul capable de sortir l'Amérique de son profond marasme. Il aime Mike Morris. Trop naïf notre Stephen, car malheureusement la réalité va bientôt le rattraper.

George Clooney n'a pas seulement souhaité mettre à mal l'image des hommes politiques, mais du système lui-même où tous les coups sont permis. Tant pis pour ceux qui vont payer le prix fort. Stephen est un pion, dans une partie d'échecs où il risque fort de tout perdre. La morale de ce film est que quiconque arrive dans ce jeu l'esprit idéaliste, repartira par la petite porte ou deviendra à son tour, un loup.  George est allé voir, derrière le politicien, ces hommes de l'ombre, les directeurs de campagne, les attachés de presse, ceux qui rédigent les discours. Ceux qui finalement mènent à la victoire, un candidat dont parfois l'intelligence est proche de la coquille vide.

George and Ryan.
Très doué pour les discours, les réparties, et les phrases clés, Stephen est l'ennemi juré de l'autre candidat démocrate (seul le parti démocrate pouvait défendre un candidat athée, contre la peine de mort et pour l'avortement ;-)) en course à l'investiture. Nous sommes ici dans l'Ohio, les primaires démocrates (on sait dorénavant de quoi il s'agit, en ajoutant qu'ici on gagne la voix de grands électeurs avec des règles propres à chaque État) où tout peut se jouer. Les tractations avec les élus, les dessous de table, les vieilles vidéos ressorties du placard, bref tout est bon pour déstabiliser l'autre.

Et si pour cela, on doit virer le meilleur "speech writer" (celui qui écrit les discours), on hésite pas, comme de confier ses secrets à la journaliste du Times, la géniale et trop rare (je l'ai d'ailleurs déjà dit dans un de mes billets) Marisa Tomei. Rien à dire, le casting est parfait, George. L'agneau n'aura d'autres choix que de se laisser manger, ou alors d'enfiler la peau de loup et de passer à l'attaque, aux oubliettes les grands principes, la loyauté, la confiance et la Constitution.

George Clooney s'attaque à l'homme politique, moraliste dans ses discours, mais homme faible et vil dans le privé, bizarrement son crime (qui permettra au jeune Stephen de revenir dans l'arène), n'a rien d'illégal, Je ne vous dirais pas tout, mais sachez qu'il est lié à la mort d'une personne. George Clooney n'a pas eu de difficulté à trouver des tonnes d'histoires semblables. L'hypocrisie étant une qualité exacerbée chez les politiciens.

Le film est monté comme un thriller, le suspense est là, la tension monte, les discours sont cinglants et percutants. On se rapproche parfois du film noir, comme lorsqu'ils se retrouvent la nuit, dans l'arrière cuisine d'un restaurant, ou lorsqu'ils tentent d'élaborer une stratégie, dans un gymnase, assis sur des chaises pliantes. J'ai aimé le film, même si plus rien ne me surprend, dans la politique ou le monde des affaires. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver cette brochette d'acteurs.

A noter, que je suis rassurée, Ryan est un bon acteur. Je n'ai pas pensé une seconde à son autre personnage, dans Drive. Il a su tout de suite s'imprégner de son nouveau rôle, et avec son physique passe-partout, jouer les jeunes idéalistes.

Enfin, ne pas oublier la jolie présence de Evan Rachel Wood que j'avais beaucoup aimée dans The Wrestler.

Ce portrait m'a fait penser au jeune Jon Favreau, ce nom vous est peut-être inconnu, mais lors de la campagne présidentielle (et la course aux primaires), ce nom était intiment lié à celui d'Obama. Jon Favreau (né en 1981) avait d'abord travaillé pour John Kerry, lors de la campagne de 2004, puis ses talents avaient été remarqués par Robert Gibbs, proche d'Obama. Très doué pour rédigé des discours, c'est lui qui allait contribuer à la victoire d'Obama en 2007 avec son célèbre discours "Yes We Can" et celui prononcé lors de son investiture.

Il a déclaré avoir été très influencé par les discours de Robert Kennedy (moi aussi), et si aujourd'hui il travaille à la Maison Blanche, il a avoué ne plus vouloir s'engager politiquement après ce mandat, dévoué entièrement à la cause d'Obama. Favreau a été nommé l'une des 100 personnes les plus influentes par le magazine Times, ce qui vous donne une petite idée du pouvoir de cet homme de l'ombre.

Pour finir, le titre Ides Of March est inspiré sans doute de la mort brutale de César, assassiné un 15 Mars, jour dédié au Dieu Mars et pour lequel on organisait des parades militaires. Ides of March désigne le quinzième jour du mois de Mars dans l'ancien calendrier Romain. C'est aussi le jour de pleine lune. Le jour où tout se joue.

2 commentaires:

  1. Très bonne critique, que je rejoins comme tu as pu le lire chez moi.
    L'anecdote concernant Favreau est intéressante, je ne savais pas tout ça!
    Et en effet l'affiche est très bien vue ;o)

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  2. Merci ! J'ai découvert mercredi que ma sœur était super fan de Ryan G. ! Oui, on a eu le même constat.

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