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28 décembre 2011

Des vents contraires

J'avais offert le livre d'Olivier Adam à ma mère, lors de sa sortie. J'ai souvent l'habitude de les lire avant de les offrir, mais ma mère l'a alors prêtée à ma tante qui l'a emporté avec elle à Strasbourg. Au revoir le livre. Je l'avais donc un peu oublié, lorsque le film est sorti.  Je ne connaissais donc pas l'histoire (ou très peu) et je n'avais même pas vu la bande-annonce, à part une ou deux images à la télévision lors d'un journal (une image furtive d'Audrey Tautou et une blonde que je n'avais pas reconnu (Isabelle Carré)).

Je suis donc allée voir Des vents contraires sans a priori, sachant cependant que j'aime beaucoup Audrey Tautou (même si son rôle est vraiment secondaire) et Benoît Magimel. Comme j'en échangeais hier soir avec des amis au restaurant, j'ignorais donc qu'il était plutôt déprimant. Enfin que l'histoire n'est pas très gaie, et que les mouchoirs peuvent se révéler utiles. Une rangée de midinettes et d'ados à boutons se sont tous mis à pleurer devant moi dans la salle, à ma grande surprise. J'étais aussi surprise de leur simple présence, l'histoire étant vraiment triste. L'effet Magimel ? Certains le trouvent trop effacé, trop en retrait. Moi je l'ai aimé dans Les petits mouchoirs (alors que je n'ai pas aimé le film) et là il ne m'a pas non plus déçu.

L'histoire est assez simple au départ : Paul (Magimel) et Sarah (Audrey) sont mariés, parents de deux jeunes enfants. Paul est écrivain et sa femme médecin, tous deux traversent une crise dans leur couple. Un soir, ils s'engueulent. Le lendemain Paul emmène ses enfants à l'école, sa femme part travailler. Elle ne rentrera jamais. Un an passe, Paul n'écrit plus, est en pleine déprime. La police l'a soupçonné pendant un temps. Les enfants vont mal. Comme il l'explique au policier, ils dépérissent. Désargenté, Paul accepte de retourner à Saint-Malo, travailler à l'auto-école familiale, gérée par son frère (Antoine Duléry) et habiter la maison vide de ses parents.


Paul est toujours mal, quitter Paris, c'est quelque part accepter l'inacceptable. Il est toujours amoureux de Sarah, et pense sans arrêt à elle. Jalil Lespert, le réalisateur s'attache à nous montrer l'absente, sous forme d'apparitions, flashbacks ? Rêves éveillés ? Elle est là, le regarde, le touche, lui caresse le visage. Ses derniers mots lors de leur dernière conversation (une engueulade) étaient qu'elle n'en pouvait plus. Revenir à Saint-Malo n'a rien d'aisé pour Paul qui est parti il y a dix ans sans jamais se retourner. Il détestait son père, l'entreprise familiale, la vie là-bas. Sa relation avec son frère est chaotique, mal dans sa peau, il est resté, a assumé la maladie du paternel, repris l'auto-école. Il jalouse son frère, sa vie à Paris, ses enfants. Bref, je n'en dis pas plus mais les deux frangins sont comme deux accidentés de la vie.

Fort heureusement, petit à petit Paul va faire des rencontres, à travers son job, ses sorties qui vont lui faire sortir la tête de l'eau. Ses enfants vont mieux, lui aussi. La relation père-enfants est magnifiquement filmée, tout y est juste. Les jeunes acteurs sont formidables. Benoît Magimel est tout à fait juste. Ils deviennent très proches, inséparables. Une rencontre le marquera un peu plus, celle d'un père sorti de prison qui enlève son enfant un soir après l'école. Cet ami, Samir, est interprété par Ramzi Bedia (le Ramzi, vous savez le copain d’Éric). Je n'ai jamais vraiment aimé leurs sketches, et jamais vu leurs films. Mais dans ce contre-emploi d'homme désespéré, il est parfait.  Ces deux hommes s'accrochent à leurs enfants comme à des bouées. Isabelle Carré joue un inspecteur de police intelligent, posé, réfléchi. C'est une actrice que j'aime, car elle peut jouer n'importe quel rôle. . La mer est là, belle et sauvage, le vent souffle.

Incapable d'écrire depuis le départ de son épouse, j'ai été intriguée, en fait, j'ai pensé sans cesse à ce qu'il aurait pu écrire, une lettre à l'absente. Les rumeurs les plus folles courent, ne pas savoir c'est l'enfer. Mais la vie est toujours plus forte. Je m'arrête là, je ne vais pas raconter pas la fin du film.

Je connaissais Antoine Duléry de visage, mais pas de nom. Il joue très bien, comme les autres personnages secondaires. Je reviens sur Benoît Magimel qui m'a vraiment plu dans ce rôle, et Audrey Tautou qui sait parfaitement faire vivre ce fantôme, cette épouse envolée. Elle est d'une justesse parfaite. Elle n'a plus ni la voix, ni la gestuelle qu'on lui connaît. J'ai vraiment hâte de la voir dans la Délicatesse. Elle m'épate toujours, en la voyant ainsi la veille dans une émission de télé, avec sa gouaille, j'ai vu comment elle peut endosser un rôle. Même si ici son rôle est très secondaire.

Je vous invite donc à aller cette histoire, touchante, émouvante, parfois très triste mais la vie apporte toujours ses touches d'espoir et de couleurs.

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