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12 février 2012

Another happy day

Je commence par une petite manipulation - je choisis délibérément cette affiche américaine en lieu et place de l'affiche française que je trouve moche et ratée. J'aime cette affiche, qui montre des portraits en noir et blanc, et ce bouquet de mariée qui s'écrase. Tout un symbole.

Et puis, en comparant ces affiches, je comprends mieux l'une des critiques du film (une critique négative), l'affiche présente ce film comme "hilarant et bouleversant".

Rembobinons la cassette - le film qui a remporté le prix du Meilleur scénario au Festival de Sundance est réalisé par Sam Levinson (le fils de ..) et met en scène une famille recomposée - pause - les premières lettres que j'ai en fait tapées étaient "dé.." comme décomposée, et cet acte manqué résume en lui seul le film.

Une famille donc recomposée, réunie pour le mariage du fils ainé, mais cette occasion va être le prétexte à faire ressortir toutes les névroses inimaginables au sein de cette famille très spéciale. Le personnage principal, Lynn, est interprété par Ellen Barkin, que je n'avais pas vu au cinéma depuis longtemps. Son visage m'a toujours un peu impressionné, il n'est pas symétrique et pourtant il me fascine.

Elle y interprète le rôle de cette mère, dont le premier mariage avec Paul (Thomas Haden Church, plutôt habitué au petit écran) s'est mal terminé : épouse battue, elle a du fuir avec sa fille Alice (Kate Bosworth) et laisser son fils ainé, Dylan, derrière elle. Son ex s'est immédiatement remarié avec une autre femme, Patty (Demi Moore) et a eu deux autres filles.

Lynn (Ellen Barkin)
Le personnage d'Ellen s'est également remarié et a eu deux autres fils, Eliott (17 ans) - drogué et déjà trois cures de désintox derrière lui - joué par le formidable Ezra Miller, dont je ne cesse de tarir d'éloges depuis sa prestation dans We need to talk about Kevin et Ben (Daniel Yelsky), atteint d'un léger syndrome d'Asperger.

Lynn n'a pas revu son fils ainé Dylan depuis des années, et sa fille Alice a rompu tout contact avec son père depuis l'âge de douze ans. Marquée par la violence subie par sa mère, elle s'est aussi sentie abandonnée par celui-ci, lorsqu'il lui a "préféré" son frère. Depuis la jeune femme, dépressive, se mutile. Aussi venir à ce mariage est une lourde épreuve à affronter pour les deux jeunes femmes. Les deux garçons arrivent aussi stressés, au courant de ce lourd passé familial, avec ce sentiment de n'être que des pièces rapportées.

Le mariage a lieu chez les parents de Lynn, qui n'ont jamais compris le divorce de leur fille, et ont gardé d'excellents contacts avec l'ex-mari violent et son épouse complètement givrée (Demi Moore, parfaite en femme enfant). La grand-mère est psychorigide, névrosée, effrayante - une formidable Ellen Burstyn - qui joue admirablement bien et vieillit trop vite. J'adore cette actrice. Le grand-père est malade, désorienté (Alzheimer ou maladie apparentée) et souffre également du cœur. Ajoutez-y les deux sœurs de Lynn,  de véritables mégères et vous comprendrez que rien ne peut aller bien !

Donc, non, ce n'est pas une comédie. La preuve, exceptée pour une ou deux remarques cinglantes d'Eliott qui m'ont fait sourire - aucune scène ne vous fera rire. Ou alors le ridicule du personnage de Demi Moore, qui interprète le rôle d'une femme qui refuse de vieillir, s'habille et se coiffe comme sa fille de 14 ans et qui jalouse terriblement la première femme de son mari. Les scènes de joutes entre Lynn et Patty sont impressionnantes, et effrayantes. Demi joue trop bien la pétasse, la preuve ? J'ai eu envie de la gifler plusieurs fois. C'est étrange, on a l'impression que l'actrice en jouant ce rôle aurait accepté de se moquer d'elle-même (ou des rumeurs la concernant). Le rôle de Paul, ex de Lynn et époux de Patty est joué par Thomas Haden Church. Son rôle est intéressant car il va prendre peu à peu conscience de ses actes, de son défaut principal (la lâcheté) et du côté pathétique de sa deuxième épouse.

Ce mariage va se transformer en exutoire pour toute la famille, pour Lynn, pour Alice et pour Eliott - qui vont réaliser que s'ils ont des problèmes, ils n'en sont pas forcément tous responsables. Et que non, on n'est pas obligé d'aimer sa famille.

Autant vous le dire tout de suite, je suis un peu comme Marie Sauvion (Le Parisien + critique dans l'émission Le Cercle) : je m'engage à aller voir tous les films dans lequel jouera Ezra Miller. Parce que ce coquin, non seulement gâté par les remarques les plus percutantes et cinglantes du film (qui libère la parole pour toute sa famille) vole toutes les scènes. Dès qu'il apparaît, on ne ne peut plus détacher son regard du sien. Et il n'a que 19 ans.

Un grand plus à Kate Bosworth qui sait jouer et peut interpréter une jeune femme effacée, perturbée et dans la recherche perpétuelle de l'amour paternel. (oui j'avoue, j'adore Kate Bosworth, sans doute parce que comme Claire Danes, elle est sérieuse, et a un très bon style vestimentaire et ça me fait du bien quand je pense aux robes des Golden Globes, n'est-ce pas Papillote ?).

Mais tous les acteurs sont formidables, et Sam Levinson a réussi à dresser un portrait au vitriol de l'Amérique d'aujourd'hui, où les familles sont composées de personnes si égocentriques qu'elles en oublient le mal qu'elles font et laissent dans le désarroi le plus total leurs enfants.

Donc, oui - je confirme au critique du Cercle (dont le nom m'échappe), ce n'est PAS une comédie, n'y allez pas en pensant voir la suite de Bridesmaids (Mes meilleures amies). Mais contrairement à ce critique, ce n'est pas non plus un drame. Sam Levinson vous aura juste permis de voir à travers une petite lucarne quelques jours de la vie de cette famille. Et la fin vous offre une lueur d'espoir, celle d'une cellule familiale qui explose mais pour en créer une nouvelle, plus petite mais plus forte. Un film qui servira à tous ceux, qui comme moi, viennent également d'une famille déjantée, une famille à la Dallas.

Sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles j'ai détesté Le plus beau jour du dernier jour.. (le titre exact m'échappe, mais je m'y suis ennuyée mortellement) et que j'ai adoré celui-ci, je m'y suis retrouvée. La névrose, l'absence de communication, les mégères, etc. J'ai connu. Parfois, comme ces derniers temps étrangement, ils ressurgissent. Et puis vous refermez la porte. Sam Levinson a juré ne pas avoir écrit sur les siens, mais il a fait un superbe boulot. En cadeau cette image, extraite de ma scène préférée, j'ai encore la musique d'Olafur Arnalds dans la tête (la BO ne sortira que le 24 février mais vous pouvez écouter ici le titre Autumn Day).

Kate Bosworth and Erza Miller (Alice et Eliot) - ma scène préférée du film

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