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14 novembre 2012

L'avenue des Géants


Embarquez-vous pour un road trip en Californie dans les années 60... avec comme chauffeur, un tueur en série.

Cette phrase résume le livre de Marc Dugain - L'avenue des Géants, publié l'an dernier. J'avais eu très envie de le lire, mais par manque de temps, j'ai repoussé ma lecture jusqu'au mois dernier. J'avais lu la quatrième de couverture et découvert que le romancier s'était largement inspiré de l'histoire véridique de l'Ogre de Santa Cruz, surnom donné à un tueur en série qui avait sévi de la fin des années 60 au début des années 70.
Avant de vous parler de cet homme, j'ai envie de vous parler du roman. Construit sur la double narration, l'auteur a pris le pari de vous raconter l'histoire de cet assassin à travers ses mots, son regard. Pari réussi. J'avoue que j'ai été gênée au début de me retrouver dans la peau de cet homme, dont on connaît la face sombre. J'ignorais cependant beaucoup de choses de lui.

Le roman se déroule de nos jours, il est emprisonné depuis des décennies, ayant  échappé à la potence. Son arrestation ayant eu lieu en 1973 lors d'un moratoire sur la peine capitale. Il accueille au parloir depuis plus de vingt ans, la même visiteuse, qui lui apporte des livres. Sa grande passion. Vous assistez à leurs échanges, il lui raconte qu'il écrit son autobiographie et qu'il cherche un éditeur. Deux livres et deux films (je ne sais plus trop) lui ont été consacrés, et il veut maintenant donner sa vérité. Le "je" commence lorsqu'il entreprend de lui raconter son enfance, sa jeunesse jusqu'à son arrestation à l'âge de 25 ans.

Le choix du "je" était osé, car l'homme en question, est tout sauf commun, mais ce style narratif va permettre aux lecteurs d'entrer dans la personnalité de cet homme, et mieux comprendre ce qui l'a mené à commettre ces crimes. Les tueurs en série fascinent beaucoup. Moi, ils me mettent mal à l'aise. On a vite fait de les cataloguer malades mentaux. Narcissiques, beaucoup se prêtent aux jeux des interviews et des analyses psychiatriques, et celui-ci n'y échappe pas. Il sera diagnostiqué schizophrène paranoïde.

Mais le génie de Dugain est de ne raconter qu'un volet de l'histoire. Celle du tueur.  Aussi, je l'avoue - j'ai eu du mal à "rentrer dans le livre", j'ai cru même un instant abandonner ma lecture, un peu déroutée par le choix de l'auteur, et puis comme par magie, j'ai basculé - je me suis retrouvée dans l'incapacité de reposer le livre. J'ai découvert la plus étrange des personnalités, après celle d'un autre homme (pas un tueur en série) dont je parlerai plus tard (*).

Résultat, il m'a été difficile de reposer le livre, et en même temps, j'ai été fascinée de découvrir après coup, que même si Dugain a écrit ici une fiction, presque cent pour cent est véridique. Kemper devrait en aimer la lecture, car il a toujours été affable et le spécialiste français des tueurs en série (que j'ai découvert à la télévision, son nom m'échappe) l'a rencontré à plusieurs reprises, comme des agents du FBI et des psychiatres, qui essaient tous de comprendre comment fonctionnent ces assassins. Et Kemper est toujours prêt à en échanger.

C'est donc un livre coup de cœur ! Et même en connaissant son histoire, le livre vous étonnera, ce qui fait sa grande force.
♥♥♥♥


Maintenant, cessez votre lecture si vous voulez, comme moi, ne pas en savoir trop sur cet homme ...

Vous êtes curieux ?

Edmund Kemper est né en 1948 - dans une famille américaine atypique, le père ancien des Forces Spéciales mesure 2m10 et la mère 1m90. C'est elle qui domine, physiquement et mentalement. Elle déteste son fils, et très tôt le fait habiter dans la cave, près du fourneau dont les flammes ne cesseront d'effrayer, enfant. Ses parents finissent par divorcer et le fils rejoint son père, remarié. Mais sa nouvelle épouse a peur de cet enfant, beaucoup trop grand, silencieux, qui a tué les chats de sa mère, et le jeune Ed est envoyé vivre à Santa Cruz, chez ses grands-paternels. Son premier passage à l'acte sera dirigé contre eux, à l'âge de quinze ans, il les assassine et avoue son crime à ses parents. Il est interné pendant cinq ans dans un hôpital psychiatrique où il noue une relation particulière avec le psychiatre. Il finit par sortir, déclaré apte à vivre en société.

Sans diplôme, sans projet - son seul plaisir étant de parcourir à moto les routes de Californie (il n'a plus le droit de quitter l’État), il part vivre chez sa mère. Cette mère qu'il hait de toutes ses forces, mais dont il semble ne pas pouvoir se défaire.

Edmund Kemper (en photo) trouve un travail dans une station service et se lie d'amitié avec un flic. Car il rêve d'être policier, comme il rêvait d'intégrer l'armée - mais ses espoirs sont anéantis à cause de sa grande taille, car en 1965, il mesure 2m06 et possède un QI supérieur à celui d'Einstein. Une anomalie. Une force de la nature, qui a pour effet de l'isoler des autres. Il n'a pas d'ami. Il fait peur. Sa mère travaillant sur un campus, il s'achète un van et profite de ce mouvement hippie (qu'il déteste) pour commencer à embarquer des jeunes femmes qui font du stop pour aller rejoindre des communautés qui poussent comme des champignons dans cette Amérique en pleine révolution. Il sort avec la fille d'un capitaine de police, chargé d'enquêter sur un tueur en série, qui s'attaque justement à des femmes, en les tuant puis les démembrant.

Il se fiance à la fille du capitaine, Wendy, et intègre la police comme "conseiller". Il arrive en effet à établir un portrait-robot d'un tueur qui sévit en Californie et qui mènera à son arrestation. Son intelligence lui permet aussi d'obtenir que son casier judiciaire soit effacé lors d'un passage devant une Commission. Malgré tout, il est incapable d'avoir des relations sexuelles, incapable de ressentir le moindre sentiment amoureux, et reste obsédé par sa mère, qui ne manque pas à chaque occasion, de lui rappeler qu'elle a su, dès sa naissance, qu'il était le fils du diable et qu'elle le hait.

Son dernier assassinat sera, justement, celui de sa mère - celle dont tous les psys s'étaient accordés, comme étant en grande partie, responsable des actes de son fils. Malheureusement, Kemper aura fait d'autres victimes, sur une courte période (de mai 1972 à avril 1973).

Ce qui ressort de cette autobiographie, c'est non seulement, le jugement d'un homme sur une époque, celle du mouvement hippie que Kemper détestait - lorsqu'il raconta comment il rassurait les jeunes femmes pour qu'elles montent dans son van - il déclara qu'elles étaient toutes naïves et finalement ne méritaient pas de vivre, car elles offraient leur corps comme on offre un bonbon. Et que chaque personne qui acceptait de monter avec lui, remettait sa vie entre ses mains.

2m06 et 163 kg et toujours calme

Kemper n'a jamais été heureux, il dit préférer l'enfermement et d'ailleurs ne regrette pas d'avoir passé les dernières quarante années derrière les barreaux, ne trouvant dans la vie aucune source de plaisir. Ces seuls instants de liberté, il les trouva, au volant d'une moto à traverser les forêts et à remonter l'avenue des Géants, comme si sa place était là, au milieu des séquoias, ces arbres gigantesques.

(*) L'homme qui me fascine, et dont j'aimerais un jour écrire un billet, possède plus d'une vingtaine de personnalités.


PS : je n'ai écrit que deux autres billets dans le cadre de ce challenge, ce qui est ridicule, car j'ai habité dans cinq états, et visité une bonne trentaine ;) Je vais essayer de me rattraper !
Si vous êtes curieux, cliquez sur les noms d’États que je donne ci-dessous.


7 commentaires:

  1. J'ai ce livre dans ma PAL. J'adore le style de Dugain. Celui là ne semble pas être très différent. Il me tarde de le lire.
    Je lirai la 2nde partie de ton article après ma lecture!

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    1. Je ne connais pas ses autres écrits mais tu me donnes envie.

      Oui, ne lis pas la seconde partie, moi j'ai résisté aussi et ça valait le coup !

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    2. Je te conseille une exécution ordinaire. Le 1e que j'ai lu, et il est fantastique!

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    3. Le titre me parle vraiment, c'est noté ! Je n'ai pas de PAL sur mon blog, mais une dans un carnet, et elle grandit très vite ;)

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  2. je n'ai pas lu ce récit, mais ton billet enthousiaste m'y encourage !

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    1. Merci ;) j'ai pas pu le reposer à partir de la moitié

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  3. Cela fait un moment que je veux lire ce roman! Il est dans ma liste au papa noyel :)

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