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18 juin 2013

Luna Park (ou mon film culte)

Je m'y étais engagée, je m'y tiens ! Voici donc un de mes films préférés, Luna Park de Pavel Lounguine qui fait partie de mon top 5 et arrive sans doute en deuxième ou troisième position. Pourtant ce film n'a pas fait la une des journaux et il date (1992), et en plus il est russe ! Mais voilà, il a volé mon coeur et comme tous mes films préférés, je l'ai vu et revu, sans doute une bonne dizaine de fois. Et préparer ce billet me donne tout de suite envie de le revoir.

L'histoire n'est pourtant pas très attrayante mais étrangement elle est parfaitement d'actualité. Nous sommes donc en 1992, l'URSS vient de mourir, et la Russie entre dans une nouvelle ère, la fin du communisme a laissé émerger les inégalités et ...le pays voit émerger des groupes nostalgiques de l'ancienne Russie.


"Les nettoyeurs" est l'un d'eux, nationaliste et fasciste, composé de jeunes russes décidés à "purifier" la Russie des juifs, homosexuels et tous les marginaux en organisant rackets,  passages à tabac et autres actes de violence. Ils détestent l'Amérique et tout ce qu'elle représente (l'image la plus connue du film est celle qui montre le héros écraser une cannette de coca, cf. photo ci-dessous).

Ils ont installé leur QG dans un parc d'animation, le Luna Park, près des manèges et des stands de tir. Andreï, l'un des membres les plus actifs, orphelin de son état, avale religieusement les paroles d'Aliona, sa chef spirituelle et mère de substitution, jusqu'au jour où celle-ci lui révèle qui est son père : Naoum Kheifitz, un compositeur juif célèbre dans les années 60, elle lui demande d'aller lui régler son compte.  Andreï part accomplir sa mission, et la rencontre ne va, vous l'aurez deviné, évidemment pas se dérouler comme prévu.


Le film est (souvenez-vous, je suis totalement subjective) une ode à l'amour, la liberté, la tolérance. Ce jeune homme va faire la rencontre de sa vie, et le choc va être rude. Le vieux compositeur représente tout ce que les nettoyeurs abhorrent, son appartement est l'espace d'expression pour des artistes internationaux (une équipe de tournage française, des inuits, un koweïtien) et le vieux juif est totalement égocentrique et obsédé par ses problèmes de santé. Célèbre compositeur sous Brejnev, le spectateur comprendra pourquoi Aliona souhaite tant le punir. La rencontre du père et du fils ressemble à un feu d'artifices, et le moment viendra où Andreï devra choisir entre ses deux familles.

Ces "nettoyeurs" existent toujours en Russie, les agressions racistes et antisémites perdurent, aussi le film n'a rien perdu de sa pertinence. J'adore le travail réalisé par Pavel Lounguine sur cette Russie déboussolée après la chute du communisme, où ces premières années de liberté sont synonymes de grand bazar. Moi qui viens de finir la lecture de Limonov, je considère ce film comme un véritable témoignage de cette époque post-soviétique. 

Et puis, ne nous voilons pas la face, la résurgence de ces groupes fascistes dans les pays européens, dont la France, me rappelle qu'à chaque crise économique et sociale, ils réapparaissent comme des verrues.


J'ai vu ce film alors que j'habitais aux États-Unis, j'allais à la fac et nous étions peu nombreux à nous déplacer pour voir ce film, les américains n'ayant pas envie d'aller voir un film en russe sous-titré en anglais. Pour l'anecdote, il s'agissait du même cinéma que pour l'Armée des douze singes, quelle époque ! Moi, déjà férue de cinéma, et étudiante en russe, j'ai évidemment foncé les yeux fermés et je ne l'ai pas regretté. C'était quelques années après sa sortie. Le temps de traverser l'Atlantique sans doute !

Ce film vous mettra du baume au cœur.

Je l'ai vu tellement de fois que je le regarde dorénavant en russe, sans sous-titres. Je connais la majorité des dialogues par cœur. J'ai vraiment eu peur que ce film soit oublié, ne possédant pendant longtemps que la cassette vidéo, fort heureusement, il est sorti en DVD et je me suis précipitée l'acheter.


J'étais une très jeune étudiante et je dois l'avouer, moi qui adore les blonds, je ne suis pas restée longtemps insensible au charme d'Andreï Goutine, l'acteur principal, qui n'avait pas d'expérience cinématographique mais dont le physique correspondait au rôle. Sa présence est charismatique, il parle peu, mais son père lui parle tout le temps. Ma scène préférée est lorsque ce dernier s'asseoit au piano et se met à jouer (Chopin) et que le jeune homme découvre la musique classique, et l'écoute. Comme j'adore la dernière scène et les problèmes de prostate, obsession principale du vieux compositeur !

Car ce film n'est pas fait que de violence, même si la première scène qui oppose les nettoyeurs à des bikers pourra vous impressionner, au contraire, il est émouvant, drôle, touchant. Tous les acteurs sont formidables, avec mention spéciale aux deux acteurs principaux, Andreï Goutine et Oleg Borisov. Le réalisateur Lounguine avait fait mouche avec son premier film, Taxi Blues. Mais je lui préfère largement Luna Park.


Pour vous prouver ma passion, j'ai découvert par hasard un jour sur e-Bay que des photos originales prises lors du tournage étaient en vente. Je me suis empressée d'enchérir et je les garde précieusement dans leur enveloppe. Ma préférée étant celle où l'on voit le bel Andreï.  A y réfléchir, je vais acheter un cadre, elle ira parfaitement dans mon nouvel appartement et voir ce visage quotidiennement ne pourra me faire que du bien !



Pour les curieux, vous pouvez visionner ce film sur le site d'Univers Ciné qui propose tous les films européens indépendants en vod. En plus, vous pourrez voir un extrait du film, la scène de la rencontre entre les deux hommes, bien plus intéressante que la scène de l'affrontement entre les nettoyeurs et les bikers.

Ma note (pas du tout objective !) :

2 commentaires:

  1. J'aime quand tu n'es pas objective :) J'ai aussi beaucoup apprécié ce film, une vraie claque pour moi, d'autant que je t'avouerai que le sujet n'est pas forcément pour me parler ! Mais justement, c'est une telle plongée, avec une mise en scène magistrale !! A voir et à revoir !

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    1. Ah merci ! Oui, je ne revois pas beaucoup de films, mais celui-ci il est vraiment impressionnant, c'est la Russie un peu brouillon, l'âme slave et ces deux-là font la paire ;-)

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