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15 juillet 2014

Jimmy's Hall de Ken Loach

J'avais annoncé que j'irais probablement voir le dernier Ken Loach, Jimmy's Hall mais le temps passait et je ne m'étais pas décidée puis j'ai vu à quel point Nelfe était emballée par ce film, et d'autres blogueuses - alors dimanche matin, seule matinée pluvieuse annoncée, je suis allée plonger mon regard dans les yeux bleus-verts du beau Barry Ward, le fameux Jimmy Gralton, héros de cette histoire.

Ken Loach ne lâche pas le morceau facilement, dans ce film, il réunit petite et grande histoire comme à chaque fois - le combat personnel d'un homme qui est aussi le combat universel d'un pays. L'Irlande qui vit une période difficile depuis la guerre d'indépendance (1916). Le pays est divisé. Profondément catholique, l'église règne en maître sur les habitants qui souffrent en silence. Car l'indépendance du pays n'a apporté ni la paix, ni la croissance. Les terres appartiennent encore à quelques propriétaires, et les paysans n'ont d'autres choix que de survivre dans ce comté pauvre de Leitrim. Le jeune James Gralton (Barry Ward) est parti très tôt chercher fortune en Amérique. Fidèle à son pays, il revient pour la guerre d'indépendance, puis repart à NY avant de revenir quelques années après, alors que la crise de 1929 a ruiné l'Amérique. Le fils revient au pays, soucieux de s'occuper de sa mère, seule dans sa ferme depuis le décès de son jeune frère. 

Jimmy Gralton, l'enfant du pays, est connu car il avait ouvert un "hall" - un salon de danse, où les gens pouvaient venir danser et apprendre. Mais il avait du le fermer avant de repartir en Amérique. De retour, les jeunes le supplient de rouvrir son dancing. Jimmy accepte et leur fait découvrir à travers un gramophone, rapporté de NY, la musique de jazz. Des cours de dessins, de chant et de poésie sont donnés aux enfants. C'est un lieu d'échange et de réconfort dans ces temps de crise économique et de fortes tensions politiques. Mais cette éducation laïque déplait fortement à l'église catholique, qui a toujours dirigé de main de maître l'éducation du peuple irlandais. Jimmy, qui fait partie d'un mouvement révolutionnaire de travailleurs (pas encore le parti communiste) devient la bête noire du Père Sheridan (Jim Norton) qui, aidé d'O'Keefe (Brian F.O'Byrne), un militant anti-communiste décide de fermer le dancing et renvoyer Gralton en Amérique. 



Ken Loach fait mouche ici, en s'emparant de l'histoire véridique de Jimmy Gralton - celle du premier Irlandais a être expulsé de son pays (considéré par son propre pays comme un immigrant américain illégal). Le réalisateur retrouve ici tout ce qui a toujours guidé son cinéma : le combat d'un peuple pour retrouver une dignité, celle à laquelle tout homme à droit, qu'importe son statut social à travers un personnage phare. La lutte des classes fait encore rage en 1932 - lorsque le jeune Gralton revient au pays. En rouvrant ce dancing, en s'opposant au Père Sheridan et aux mouvements politiques (dont l'IRA), Gralton sait qu'il prend des risques - mais l'homme  a foi en l'humanité, une foi telle que son combat est respecté par le même Père Sheridan, qui s'il lutte contre cet homme athée, ne peut que reconnaître son engagement pur et honnête.


Ken Loach n'oublie pas l'homme - il en fait un homme amoureux : d'Oonagh (Simone Kirby), amour impossible car la jeune femme ne l'a pas attendu quand il est parti en Amérique. Mais les deux jeunes gens se soutiennent. Leur histoire est filmée magnifiquement :  à la lumière naturelle des paysages magnifiques de l'Irlande, le réalisateur filme avec grâce ce couple interdit. 

En choisissant des acteurs peu connus (j'ai juste reconnu Norton et O'Keefe), Ken Loach a su recréer pour le spectateur cette Irlande du début du siècle - celle de ces fermiers pauvres, qui trouvent dans ce dancing un échappatoire à leurs vies difficiles. Et puis, il y a ces scènes de danse (irlandaise ou jazz), de chants qui sont magnifiques. J'ai toujours aimé les scènes de bals populaires dans les films (comme dans Orgueils et Préjugés) et ici la magie opère à nouveau.  J'avais hâte en sortant du cinéma de me procurer la bande originale (entre les classiques du jazz et du folk irlandais). 



De plus, j'adore l'Irlande et Ken Loach lui rend un très bel hommage sans omettre la dure réalité de ces années où la nation se cherchait.  Une belle histoire et des acteurs formidables, dont le premier rôle, Barry Ward qui crève littéralement l'écran.  J'avoue, je ne pouvais détacher mon regard du sien - un visage où l'on lit toute la lutte d'un pays mais aussi le fol espoir d'un meilleur avenir. L'acteur endosse le rôle de cet homme au destin exceptionnel avec grand talent. Les autres acteurs, seconds rôles inclus, sont aussi parfaits. La mère de Barry par exemple, qui joue dans une des scènes les plus drôles du film.

Donc, merci Nelfe pour m'avoir décidé à sauter le pas ! Bon, évidemment, je te tiens dorénavant responsable d'être obsédée par cet acteur ;-)
Une très belle surprise, un film rafraichissant - à voir et à revoir,  car seule l'Irlande peut vous faire aimer la pluie ;-)

Mon avis :  

6 commentaires:

  1. Ah ! Je suis contente que tu ais aimé ce film !
    Bon, tu le sais, moi aussi j'ai adoré. Et pas que pour l'acteur, je lève la main droite et je dis je le jure :p

    Ca me fait vraiment plaisir de déclencher des envies ou mettre la dernière goutte qui permet à nos lecteurs de sauter le pas vers une oeuvre cinématographique et/ou littéraire.
    Encore une victoire de canard ! ;)

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  2. Coin coin ! Tu as bien fait car j'hésitais. Bon c'est mon Barry Ward, hein? Je le garde Lol

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  3. Les films de Ken Loach ont TOUJOURS quelque chose qui me parle, c'est inévitable. Il aborde des sujets particuliers mais en offrant un point de vue qui rejoint l'universel !

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    1. Oui on part d'une personne mais on touche l'universel et là avec la magique Irlande, j'adore !

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