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13 novembre 2015

Le coeur a ses raisons

C'est l'affiche de ce film, dont le titre original est Fill the void qui a attiré mon regard au milieu des autres DVD, puis l'histoire de cette jeune fille de juifs orthodoxes  de Tel-Aviv qui va devoir faire un choix crucial pour son avenir. 

Shira (Hadas Yaron) a 18 ans. Elle rêve de mariage comme toutes les jeunes filles, particulièrement dans cette communauté de juifs hassidiques israéliens. Elle a d'ailleurs repéré un jeune homme qui lui plaît énormément. Elle doit d'ailleurs le rencontrer prochainement afin qu'ils évoquent l'un et l'autre leurs attentes respectives dans le cadre de cette union. Elle prend conseil auprès de sa soeur ainée Esther, enceinte de neuf mois et mariée au discret Yochaï (Yiftach Klein). Réunis pour célébrer le Pourim, une fête où les hommes boivent plus que de raison (un petit merci à Guy Delisle qui le raconte très bien dans ses Chroniques de Jérusalem), Esther fait un malaise. La jeune femme décède en mettant au monde un petit garçon. 

La famille d'Esther et celle d'Yochaï sont anéanties. La communauté pousse bientôt le jeune homme à trouver une mère pour son enfant. Il envisage alors d'épouser une autre veuve qui vit en Belgique. La mère d'Esther et de Shira ne peut accepter son départ et celui de son petit-fils hors d'Israël. Lui vient alors l'idée d'unir Yochaï à Shira. Son idée choque tout le monde, y compris son époux, un Rabbin respecté. 

Shira refuse, puis hésite. J'arrête là mon histoire, mais j'ai été agréablement surprise par la réalisation de Rama Burshtein (qui a également écrit le scénario) car j'ai eu peur d'un film à sens unique. Si j'ai rapidement deviné la fin (bon il faut pas avoir BAC +10), j'ai beaucoup aimé suivre le parcours de Shira, ses doutes, ses incertitudes, ses croyances et l'actrice y est formidable. A 18 ans, Shira est confrontée à un choix terrible - car son père lui laisse le choix. Contrairement à ce que j'imaginais, ce choix n'est pas du tout guidé par la communauté, ni par le Grand Rabbin qui souhaite une union heureuse. Il me semble qu'à une époque lointaine, dans la communauté chrétienne ou même chez d'autres communautés de marier la plus jeune soeur au veuf. Or ici, ce n'est pas le cas. C'est au départ le cri du désespoir d'une mère. 



Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est vraiment suivre le cheminement de Shira - le coeur a ses raisons, le titre en français est très parlant. Pour Shira, les premières raisons ne sont pas les bonnes. Shira est tiraillée entre faire son "devoir", sa fidélité à sa soeur ainée, son amour pour son neveu mais surtout par les sentiments qu'elle commence à éprouver envers son "ex" beau-frère. 

Autre point très intéressant du film, c'est forcément plonger dans une communauté dont on sait peu de choses. Je viens de lire les Chroniques de Jérusalem, qui donnent une toute autre image de cette Juifs orthodoxes. Mais ici nous sommes à Tel-Aviv, pas dans une colonie. Ici, on parle d'amour et de famille. Loin du débat sur les territoires occupés et les comportements violents des colons. Et ça fait du bien ! Evidemment, en tant que femme, je n'ai pas pu m'empêcher de voir à quel point les hommes et les femmes semblent vivre des vies parallèles. Les femmes sont reléguées à la cuisine et ne peuvent pas danser mais elles sont quand même écoutées et entendues. J'ai appris pas mal de choses. 

J'avais vu par deux fois un autre film (1993) A Stranger among us de Sidney Lumet qui abordait la vie et les codes de cette communauté mais à New York cette fois-ci et à travers le regard d'une policière chargée d'infiltrer cette communauté dans le cadre d'une enquête. Un autre film que je vous conseille. 



Pour revenir au film de cette chronique, tous les acteurs sont formidables de vérité et c'est bien la première fois que j'écoute de l'accordéon qui me procure de véritables moments d'émotion ! Mon seul bémol fut une scène où le personnage féminin doit, pour des raisons religieuses, se mouvoir d'avant en arrière non stop, et ce plan dure environ 3 minutes - croyez-le ou non, mais j'ai failli vomir ! J'ignore pourquoi mais cela aura quelque peu gâché mon plaisir. Enfin, je note la dernière scène du film. Un moment très fort. 


Ce film complète trois autres chroniques, de deux livres et d'un roman graphique, consacrés à ce pays fascinant, l'Israël que je connais assez peu au final. Ces trois autres chroniques sur son mon autre blog, Tombée du ciel,  dédié entièrement à la lecture. 

Mon avis : ♥(♥)


6 commentaires:

  1. Quand se passe ce film? Pas à cause des tenues masculines (qui ne semblent pas avoir bougé) mais des tenues féminines très années 20 /30
    Quand je pense que j'ai appris très tardivement que mon grand père avait épousé la soeur de son épouse morte en couches, cela se faisait sans doute dans les campagnes profondes, très pratique en fait. Je suppose que ma grand mère n'avait pas de fiancé à l'époque...

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    1. Il se passe de nos jours mais les femmes de cette communauté s'habillent effectivement assez différemment. Elles doivent se couvrir le corps et porter (une fois mariée seulement) un couvre-chef. Ce n'est pas le tchador musulman mais au final, ça ressemble pas mal puisqu'elles sont toujours couvertes de haut en bas ;-)

      Oh super histoire ! Oui, j'ai toujours entendu parler de ça chez les chrétiens ... oui très pratique apparemment !

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  2. Tu as su titiller ma curiosité ! Je vais me pencher dessus :)

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    1. Il est à part mais je pense qu'il mérite le détour !

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  3. j'adoooore ce genre de films! j'aime beaucoup les sujets traitant de la société israélienne contemporaine. Mais où l'as-tu trouvé? je n'en ai pas entendu parlé (ou j'étais vraiment distraite!

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    1. A la médiathèque. L'actrice a obtenu un prix au Festival de Berlin en 2013. Il va te plaire alors ;-)

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