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28 octobre 2010

Le travail c'est la santé.


Il y a des jours où on se dit qu'on travaille dans une usine de fous, et qu'on finit par accepter n'importe quoi. Hier fut une de ces journées très étranges, pas uniquement pour moi, mais pour mes collègues qu'ils bossent dans mon unité ou ailleurs - nous nous sommes tous crus pendant quelques minutes embarqués sur autre planète, la planète Management délirium morte bleue  - la nouvelle peste qui détruit les neurones de tous nos chefs pour nous rendre à notre tour, chèvres. Et bèèèèèèèè, ça marche.

Je parle rarement travail sur mon blog, principalement parce que beaucoup d'autres personnes le font nettement mieux que moi et que pour être franche, je sais que j'ai énormément de chance d'avoir un emploi et pouvoir en changer bientôt sans avoir à passser par la case "Pôle Emploi" - autre expérience kafkaïenne, suffit de lire Papillotte sur le web pour comprendre.

Mais là, j'ai envie de relater quelques paroles (attention il ne s'agit pas de  mes propos mais d'un medley de propos entendus et/ou lus donc du pur ouïe-dire (je regarde beaucoup NYPD Law & Order) mais si ces propos avaient existé, voilà à quoi ils auraient probablement ressemblé : 
- le boss : " Très bien, votre poste va beaucoup évoluer prochainement car nous devons mettre en place un nouveau projet, en fait il doit être opérationnel au 1er janvier prochain. Oui je sais, nous sommes fin octobre - à ce propos, je vous annonce que je pars plusieurs semaines en congés en décembre, je souhaite donc que le projet soit prêt pour le 31 novembre (euh oui vous ne le saviez pas, mais chez eux, il y a un 31 novembre)."

- l'employé "Ah donc en fait, il me reste tout juste un mois pour le faire ? Mais le big big boss ne le demande que pour le premier janvier.  Donc on ne peut pas ..."

- le boss : "Donc oui ça sera court, en fait si nous réfléchissons au problème ensemble, il faut être réaliste : vous devez partir plus tard le soir, ne plus prendre de pause déjeuner, oublier vos RTT., et  en étant honnête avec soi-même, en fait, je pense que vous devriez également annuler votre temps partiel (un après-midi par semaine contractualisé pour une période d'un an, et on est en à 6 mois)".



- l'employé " Donc si je saisis bien vos propos, arrêter de vivre ?" - en fait, non l'employé l'a pensé très fort puis a osé prononcé la phrase suivante "Mais, Monsieur, j'ai une vie privée" et là a senti que le terrain devenait très glissant.

C'est donc le nouveau management 2.0 (traduction : Boss = 2 pts - Employé = KO) ou comment vous tuer au boulot.

Et là, j'avoue : je stresse un peu car je vais suivre ces formations de management .(cf. mon précédent billet)  Et celles qui ont osé parler de cette surtension aux RH, ont eu droit comme réponse que le problème vient de plus haut - les pauvres boss subissent la pression du big big boss et donc ils vous la refilent (et ça serait encore plus sympa de notre part si on peut compatir et même les soulager si si ) et nous on a la refile à qui ? Moi ça me fait penser à ces  drôles de MST..  On la refile à la femme de ménage qui passe dans les bureaux le matin ?

Moi j'ai de la chance, mon boss est sympa, sans doute parce qu'il n'a pratiquement jamais suivi de formation de management et n'est en plus pas génétiquement programmé pour en être un. Il croule sous le boulot et préfère passer son temps à autre chose qu'à nous embêter, seul défaut de sa part, commenter tous les mails nous étant adressés dont il est en copie en nous demandant gentiment de répondre à la question du monsieur, des fois qu'on laisserait le client sans réponse ou qu'on enverrait le petit message à la poubelle. Mais sinon, on échappe pas aux nouvelles directives et aux cinquante réorganisations - et preuve qu'on nous aime, on nous laisserait presque croire qu'on va bientôt pouvoir voler de nos propres ailes, même que ça s'appelle du "montage de dossiers d'expertises pour préciser précisément avec plus de détails".

Enfin, je suis une chanceuse et je ne l'ignore pas - même que mon futur nouveau boss de janvier 2011 a très bonne réputation ("très humain" me dit-on - remarque qui me fait sourire, les autres boss alors, ils viennent de la planète mars ?)

Je ne me plains généralement pas de ma vie, je connais ma chance et mon boulot dans une association me permet de garder les pieds sur terre. (voir les autres bénévoles passer 1h15 à attendre que quelqu'un décroche au 115 pour trouver un lit pour une nuit pour une famille).

Ici je veux juste mettre en avant toutes ces personnes que j'apprécie et qui vivent chaque jour un enfer en allant simplement bosser. Beaucoup de stress et d'amertume s'accumulent chez ces travailleurs pourtant très efficaces, et qui aiment leur travail et ont encore l'amour du travail bien fait. Mais ils finissent par être amers et détachés.

Ainsi, une ancienne amie de formation vient de bosser pendant un an et demi pour la mise en place d'un projet de restructuration pour apprendre finalement que 1. elle a fait un super boulot  et on l'en félicite mais que 2. on ne le garde pas (à l'inverse de la promesse faite au départ), et que même on la remplace dès la semaine prochaine par une fille qui n'a pas le choix non plus. Dans quel but ?



C'est un peu comme les propos tenus dans des cours de justice américaines qui font le tour des boîtes mails-  on parlerait de situation ubuesque :

L'avocat : - Monsieur, vous avez un fils de 21 ans, exact ? Quel âge-t-il ?
Le témoin : - 21 comme votre quotient intellectuel.

L'avocat : - et cette femme a bien eu trois enfants, n'est-ce pas ?
Le témoin : - oui, trois filles.
L'avocat : - d'accord et combien de garçons ?

L'avocat (au médecin légiste) : - et vous étiez certain lorsque vous avez commencé l'autopsie, que M.Denton était bien décédé ?
Le médecin : - oui, j'en suis certain.
L'avocat : - mais comment pouvez-vous en être aussi sûr ?
Le médecin : - parce que son cerveau était dans un bocal de formol posé sur mon bureau.
L'avocat : - soit, mais ne pouvait-il pas, malgré cela, être toujours en vie ?
Le médecin (un peu énervé...) : - eh bien, finalement, peut-être que si, et même qu'il doit être avocat à la cour et être en pleine plaidoirie à l'heure qu'il est.


Allez, j'aime pas les billets tristounets et si je parle à nouveau de boulot, ça sera pour un billet humoristique. En attendant, it's bed time ;) 

Bonne nuit les petits.


5 commentaires:

  1. :-D Je ne commente pas davantage, mais je suis tellement d'accord avec ça: "beaucoup de stress et d'amertume s'accumulent chez ces travailleurs pourtant très efficaces, et qui aiment leur travail et ont encore l'amour du travail bien fait". Cela me fait penser à une remarque que j'ai eu très exactement hier...!

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  2. Oui j'ignore si c'est du à la crise ou au passage à l'heure d'hiver mais en ce moment je trouve l'ambiance générale très tendue.

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  3. c'est fou... ça me fait penser au documentaire "la mise à mort du travail" et au livre "ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés" où sont décrits les nouvelles méthodes de management et comment les cadres et employés pètent les plombs à cause du stress (très instructif)

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  4. Ca file un peu la nausée le nouveau management 2.0 Ou envie de pleurer je ne sais pas.

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  5. Oui on se pose la question : quel est leur véritable but ? Je vais regarder les livres de management pour éviter de tomber dedans !

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