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01 mars 2011

True Grit

Quand j'étais enfant, j'avais la permission de rester le dimanche soir devant la télé, alors que les autres enfants allaient se coucher. Pourquoi ? Parce qu'il y avait l'émission la Dernière Séance qui diffusait des westerns. Mon père, fan du genre m'autorisait donc à regarder les gentils blancs poursuivre les méchants Indiens, et parfois l'inverse. Bientôt, il n'y eut plus d'Indiens, ni de poursuites, mais la musique d'Enio Morricone et les longs regards muets de Clint Eastwood.

Le genre du western a été depuis supplanté par d'autres types de courses poursuites, mais aujourd'hui lorsqu'un western est réalisé, il est d'un excellent niveau, contrairement au nombre de croûtes qui sortaient dans les salles de cinéma à une époque. Les frères Coen ont souhaité rendre hommage au western (genre qu'ils adorent) en tournant True Grit.

Il y a déjà un eu un True Grit, tourné en 1969 avec un John Wayne, vieillissant, obèse, qui trouvait là le moyen de remporter enfin la fameuse statuette. "100 dollars pour un shérif" en français fut réalisé par le célèbre Henri Hathaway et compte aujourd'hui encore de nombreux fans. Mais les frères Coen ont décidé de s'inspirer plus du livre que du film. Le livre est un vrai classique, publié en 1968, il raconte l'histoire de cette jeune fille, Mattie Ross  (Hailee Steinfeld) dont le père vient d'être assassiné, qui décide d'engager le plus dur et impitoyable des Marshall U.S : le borgne Rooster Cogburn, (Jeff Bridges) accessoirement ivrogne et ancien bandit pour aller en territoire Indien rattraper l'assassin de son père. La jeune fille décide de se joindre à lui, accompagnée malgré elle d'un Texas Ranger (Matt Damon) à la poursuite du même homme.

Jeff Bridges and Matt Damon in True Grit

Le livre était à l'époque extrêmement moderne, puisqu'il met en avant une femme comme héroïne ; quoique j'ai toujours vu des femmes plutôt coriaces dans les westerns, celles qui tenaient les fameux saloons par exemple. Pour ce qui est des autres femmes, la vision y était très simple : jeune épouse timide ou prostituée. Mais mai 1968 est arrivé, et la révolution sexuelle aussi : ici c'est la gamine de 14 ans qui mène tout ce beau monde par le bout du nez, pas impressionnée par tous ces hommes (méchants ou gentils), elle sait mener sa barque et a un talent inné pour la négociation. En fait, celui a vraiment du cran (true grit en vo) ce n'est pas ce vieux Marshall, mais bien la gamine.

Mattie Ross and Rooster Cogburn
J'aime les western, donc j'avais déjà un a priori positif. J'avais vu enfant la version avec John Wayne (je m'en souviens encore un peu). Je n'ai pas été déçue et je ne me suis pas ennuyée une seconde. Certains critiques ont regretté la facture du film assez classique et qu'on n'y voit pas la touche "des frères Coen", tout en regrettant pour un autre critique, le jeu trop appuyé et caricatural des deux acteurs principaux.  Ce qui fait la force de ce film, c'est justement le choix de reprendre les bons vieux principes du western : les hommes sont des voleurs ou des lâches, ou s'ils tentent de faire le bien, c'est souvent guidé par une récompense. Les héros ne sont jamais propres, ni beaux, ni soignés. Ils vivent pour autre chose. Les premiers western (en noir et blanc) étaient tellement caricaturaux qu'ils en étaient risibles (avec ces faux indiens de surcroît).

Les frères Coen se sont bien entourés : Jeff Bridges excelle à interpréter cet ivrogne, ancien braqueur de banques, transformé en U.S Marshall à qui l'on reproche d'avoir la gâchette trop facile. Il y a une scène très drôle, lorsqu'il souhaite rappeler au Texan qu'il sait très bien tirer. Pour Matt Damon, je l'ai trouvé plausible même si son accent texan appuyé m'a plus fait penser à une imitation de son meilleur ami Matthew McConaughey (un vrai de vrai de Texan) qu'il avait déjà eu plaisir à imiter lors d'une émission (ici). Enfin, il y a la jeune fille qui interprète Mattie et qui a l'âge de l'héroïne (contrairement à la version avec John Wayne), elle est formidable. Elle a d'ailleurs obtenu une nomination à l'Oscar, assez incroyable pour un premier rôle ! Sans oublier James Brolin, qui joue le méchant assassin.

Haylee Steinfeld and Barry Pepper (Mattie Ross and Lucky Ned Pepper)

Enfin, la bonne surprise pour moi fut de retrouver un de mes acteurs préférés et méconnus, ce cher Barry Pepper, que je suis depuis sa prestation fabuleuse dans "Saving Private Ryan" en sniper (ici à gauche)  puis dans "Ennemi d'état", "Trois enterrements" (que j'ai beaucoup aimé), "La ligne verte", et dans le prochain Terrence Malick. Ici, il joue le rôle du méchant Lucky Ned Pepper (très drôle, même nom de famille), difficile de le reconnaître, ses dents sont horribles. Il porte les cuissardes en peau de mouton.

Nota bene
: lors de l'émission de Canal, les journalistes ont critiqué l'accent trop appuyé de l'acteur Jeff Bridges, qui paraît-il a souhaité imiter l'accent réel et l'argot utilisé à cette époque. Ils ont dit que sans les sous-titres, ils n'auraient rien compris et que cela a aussi posé problème aux États-Unis. Hello ? J'ai vécu quelques années là-bas, dans le Sud, donc j'avoue que j'étais sans doute avantagée mais en quelques minutes, je m'étais habituée, alors de là à dire que les américains eux-mêmes avaient du mal à le comprendre ??

Bref, si vous aimez les grands espaces, les western et une ambiance à la Coen - car il y en a une (la scène finale est superbe), allez le voir !

2 commentaires:

  1. Tu regardais la Dernière Séance ?? Moi aussi ! J'adorais le générique, et l'ambiance à l'ancienne, et les films, toujours fabuleux !
    Et The grit est juste génial ! je ne me rappelle pas de la version John Wayne, mais j'ai bie envie de la revoir (mon père les a tous....)

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  2. Tu l'as vu aussi ? Ah oui, quels souvenirs de la Dernière Séance et les dessins animés de Tex Avery... toute mon enfance ;-)

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