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15 décembre 2012

Anna Karénine

Combien de fois le cinéma adaptera-t-il le roman de Léon Tolstoï ? Je l'ignore, j'avais vu celle avec Sophie Marceau (et Sean Bean dans le rôle du Comte Vronski), je n'en avais pas gardé un souvenir mémorable. J'avoue que lorsque j'ai découvert le casting, et le choix du jeune acteur anglais Aaaron Taylor-Johnson pour interpréter le séduisant comte russe qui fera tourner la tête à Anna Karénine, j'ai eu de gros doutes.

Mais le nom du réalisateur et ceux des autres acteurs ont eu le dessus. J'avoue que j'avais surtout vu des photos ou lu des articles sur les costumes que portent Keira Knigthley, et j'ignorais notamment le choix cinématograhique du réalisateur, qui nous emporte - il n'y pas d'autres mots - dans un tourbillon de neige, d'illuminations, de musique, de scènes de bals. Joe Wright a trouvé ici un formidable outil pour servir son imagination : la Russie Impériale de 1876.

La première partie du film m'a quelque peu déroutée, je l'avoue. J'ignorais ce choix si osé du réalisateur, de faire danser les personnages et le tout mené tambour battant par un Matthew McFadyen métamorphosé. L'histoire d'Anna devient une pièce de théâtre, tour à tour les décors changent, le spectateur est ainsi porté d'une scène à l'autre, un train miniature devient la locomotive qui emmène Anna vers son destin. Cet enchaînement de saynètes m'a vraiment troublé au départ, comme l'omniprésence de la musique. Mais fort heureusement, l'histoire prend le dessus sur la mise en scène, ce qui est essentiel à mes yeux.

Certains auront pensé au Moulin Rouge, mais ici les personnages ne chantent pas (j'avoue ne pas être fan des comédies musicales, exception faite de West Side Story et Grease).


Dans le train qui l'emmène vers son frère, Stiva Oblonski, la belle Anna, dont la séparation avec son jeune fils, Serioja lui est difficile, fait connaissance de la Comtesse Vronski et à leur arrivée à Moscou, elle croise pour la première, son fils, le comte Aliosha Vronski (Taylor-Johnson). Celui-ci, un courtisan de jeunes femmes de bonnes familles, a volé le cœur de la nièce d'Anna, Kitty. Cette dernière vient de rejeter la déclaration d'amour de Levin. Au bal qui doit officialiser les fiançailles de Vronski avec Kitty, celui-ci lui préfère Anna. Poursuivie par ce prétendant fou amoureux, elle finira par lui céder...

Si le film est fidèle au roman en suivant la passion destructrice d'Anna pour Vronski, il l'est encore plus à Tolstoï en filmant la fin d'un autre monde, celle de la Russie impériale, celle des Tsars. Immenses propriétaires terriens, les nobles sentent monter une sourde révolte, celle des communistes comme le frère de Levin. La fin d'un monde. J'ai aussi aimé le choix du réalisateur de consacrer l'histoire d'amour, un amour pur, de Levin pour la jeune Kitty - un amour sain en opposition à cet amour destructeur dont Anna est victime.

Anna est l'épouse d'un homme plus âgé, cérébral et orgueilleux. Cet homme distant, intellectuel, calculateur est brillamment interprété par un Jude Law, méconnaissable. Je lisais un article où l'acteur savourait le fait de n'être plus "le beau gosse" et je confirme. Presque chauve, affublé de lunettes rondes et d'une barbe, il ne fait plus rêver. Quant à Aaron Taylor-Johnson, j'avais aperçu une photo de lui avec cette coupe de cheveux improbable dans un magazine et cela m'avait vraiment effrayé à l'époque. Mais Joe Wright a réussi son pari, le Comte Vronski est bien séduisant, même si pour moi, il fait un peu trop jeune et trop propre sur lui (sans doute le costume blanc). J'avoue que son visage m'a parfois sembler trop impassible pour exprimer toute sa douleur. Mais les scènes de passion sont réussies.

J'avoue aussi que j'ai toujours accordé au personnage de Vronski énormément d'importance, comme pour Darcy dans Orgueils et Préjugés, et que peu d'acteurs ont réussi à endosser ce rôle. Je dois admettre que le jeune acteur anglais s'en sort plutôt pas mal.


Keira Knightley
interprète une Anna Karénine dévorée par sa passion qui sombre peu à peu dans la folie pour finir par se jeter sous un train. Comme je l'ai déjà dit, je l'ai aimée dans ses autres rôles, force est d'avouer cependant qu'elle a une gestuelle (des tics) qui ne disparait pas lorsqu'elle interprète un rôle. Mais j'aime sa capacité à irradier de beauté un instant, puis devenir sombre et terne la suivante, sans se soucier une seconde de son physique.


J'ai adoré retrouver Matthew McFadyen, méconnaissable dans le rôle de Stiva, coureur de jupons indomptable. Il a grossi, son visage est tellement différent - je ne l'ai reconnu au tout début que par sa voix. Les voir, assis ensemble dans le carrosse - j'ai alors pensé à la joie des acteurs de se retrouver sept ans après Orgueils et Préjugés. Sa prestation est éblouissante même si pour ma part je préfère m'en souvenir comme du beau Darcy ;)

Enfin, un mot pour les deux jeunes révélations du film : Domnhall Gleeson (Levin) et Alicia Vikander (Kitty), ils sont tous les deux parfait et magnifiques dans la campagne russe. Le premier est un acteur qui ne laissera pas indifférent les amoureux des roux (comme moi) et la deuxième nous prouve que la Suède regorge de jeunes talents.

Après avoir vu récemment l'adaptation de Thérèse Desqueyroux (avec Audrey Tautou), je réalise que ces romans évoquaient en leur temps les droits de la femme, et particulièrement leur droit d'aimer librement - malheureusement la société les teniat enfermées dans des cages, qu'elle soient dorées ou non. Ces deux femmes partageaient en elles cette terrible sensation d'étouffement. Les deux condamnées à choisir entre leur liberté ou leurs enfants.

Au final, j'ai été emportée dans cette Russie impériale et par ces histoires d'amour, et entendre les chants russes, entendre à nouveau ces diminutifs magnifiques : Serioja, Alyosha, Sasha... quel plaisir ! Moi qui ai étudié le russe pendant tant d'années, je n'ai pas laissé une miette.

Je ne mettrai pas cinq étoiles, parce que je ne suis pas sensible comme d'autres à ce genre de films - je sais aujourd'hui que je leur préfère des réalisations plus sobres, mais force est d'avouer que Joe Wright a réussi un tour de génie avec ses multiples saynètes.

Mon coup de coeur :


2 commentaires:

  1. Navrée, mais Keira c'est no way pour moi ! Impossible de penser Anna Karénine avec ses traits...

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    1. Ah, moi je n'ai jamais imaginé Anna sous aucun trait ... je n'avais pas aimé Sophie Marceau

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