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10 mars 2013

A la merveille de Terrence Malick

Terrence Malick est probablement mon deuxième réalisateur préféré. De retour avec To the wonder, il ne laisse personne indifférent. J'avais vu Badlands sans savoir qui était le réalisateur puis j'ai pris une claque en allant voir The thin red line, qui signait son retour au cinéma. Enfin, The Tree of life a remporté la Palme d'Or et mon cœur.

Je ne suis pas d'accord sur le pitch, ainsi on vous annonce une sorte de triangle amoureux. Faux ! J'en reparle plus loin. C'est l'histoire d'amour entre un américain et une jeune femme française, sous forme de flashback.

Si vous n'avez pas aimé The tree of life, n'allez pas voir celui-ci ! Je crois que s'il a tourné aussi rapidement ce film, c'est qu'il avait déjà commencé à travailler son sujet dans le précédent film.  Malick semble obséder par une Amérique qui disparait peu à peu, l'Amérique dans laquelle il a grandi, celles des années 50, que l'on retrouve dans The tree of life, où il aborde aussi la perte d'un frère. A la merveille s'attaque au couple, et plus précisément à l'amour. Et Malick retourne sur les terres où il a grandi, celles de l'Oklahoma.

J'ai aimé le film, mais je ne cacherais pas que je lui ai trouvé des longueurs, et que concrètement mon cœur bat toujours plus pour The tree of life. Le réalisateur américain utilise les mêmes techniques cinématographiques pour filmer cette histoire d'amour, le film est essentiellement composé de traveling avant et arrière, la lumière occupe toujours un rôle primordial - Malick est le meilleur quand il s'agit de film un lever ou un coucher de soleil, une onde sur le Mont St Michel, les mains de l'héroïne qui viennent toucher ce soleil. Les images sont sublimes.

La nature est évidemment à l'honneur, et lorsque l'hiver s'abat sur l'Oklahoma, les images sous la neige sont sublimes, et cet instant suspendu lorsque deux des protagonistes se retrouvent au milieu d'un troupeau de bisons est sublime.

Ce film me touche particulièrement car j'ai vécu dans une région similaire en Amérique, et pour la scène des bisons, j'ai eu la chance d'approcher ces animaux, en fait, de me réveiller au milieu d'un troupeau lorsque je campais dans le parc du Yellowstone. Ces images ont donc double résonance chez moi.

L'histoire ? Neil (Ben Affleck) rencontre une jeune femme française, Marina, interprétée par Olga Kurylenko, mère d'une petite fille, en France. Un véritable coup de foudre qui les emmène au Mont St Michel puis en Oklahoma, où vit Neil.  Marina, et sa fille, ne se retrouvent pas dans ce pays des badlands - des maisons construites presque nulle part, la lande immense, le vent et puis l'isolement vont pousser Marina à rentrer en France. Neil rencontre une autre femme, jouée par Rachel McAdams mais lorsque Marina le contacte, il retourne vers elle. Parallèlement, le prête, joué par Javier Bardem, de l'église où vont Marina et Neil, cherche désespérément à retrouver la foi.

Je n'en dirais pas plus, mais sachez qu'il n'y a pas de triangle amoureux, le personnage de Rachel McAdams n'est qu'une parenthèse dans la vie de Neil, il n'aime que Marina, ils s'aiment mal mais ils s'aiment. Malick filme cette femme, sans cesse guettée par la dépression, toujours dans l'attente, celle de pouvoir être aimée autant qu'elle aime.

Olga Kurylenko est sublime dans le film, elle est aussi le centre du film, filmée en steady caméra, elle illumine l'écran - je l'ai énormément aimée dans ce film, son corps, sa gestuelle expriment son profond désarroi, son regard est transcendent. J'ai trouvé Ben Affleck plus en retrait, mais il est exclu du cadre par le réalisateur, il est rarement filmé de face.

Enfin, je ne peux pas ne pas parler de Javier Bardem, car je l'ai trouvé excellent dans le rôle de cet homme d'église, qui a perdu la foi et qui est sans cesse confronté à la maladie, la vieillesse, la mort. Il est magnifique. La religion est un thème ici beaucoup plus présent que dans The Tree of Life qui s'intéressait à l'origine de la vie. Ici, c'est plutôt la mort, ou en général la fin de quelque chose qui obsède le réalisateur. 

Le film aura divisé les critiques de l'émission Le Cercle, ainsi trois ont adoré, les trois autres ont détesté, dont ma chouchou, Marie Sauvion. Mais je comprends qu'on puisse lire ce film de plusieurs manières, si l'on est pas sensible au lyrisme, alors on peut s'ennuyer fermement. Marie Sauvion semble avoir pris ce film au premier degré, elle est restée bloquée par le comportement étrange de l'héroïne qui danse dans tous les endroits possibles. Le lyrisme est omniprésent, et contrairement à ce que la critique de Marie France pense, pourquoi est-ce qu'une héroïne de cinéma devrait elle représenter toutes les femmes ? Non, elle n'est pas féministe. Elle ne vit que pour l'amour, elle est incapable d'être une femme indépendante, elle est accro au sentiment amoureux, et n'a justement pas assez d'estime de soi pour vivre seule. Elle recherche désespérément l'amour, ne s'aime que dans le regard de l'autre.

J'avoue cependant que j'espère secrètement que Terrence Malick a fini cette forme d'introspection et ira de nouveau vers des films différents, tout en gardant ce lien avec la nature.

Ce film ne laisse pas les spectateurs indifférents. A voir, mais vous êtes prévenu !

8 commentaires:

  1. Je n'avais pas aimé The Tree of Life, mais malgré ta mise en garde je pense que j'irai voir A la merveille car le sujet m'intéresse davantage...et que je suis curieuse!! En tout cas ton billet est très intéressant, et me voilà prévenue! ;o)

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    1. Je trouve ça courageux de ta part, car les critiques qui avaient aimé TTOL n'ont pas aimé celui-ci, mais c'est vrai qu'ici le thème est différent et pas dinosaures ! Non, et puis Malick filme merveilleusement l'actrice qui parle très bien le français ! Ah oui, le film est pour moitié voire plus en français ;)

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  2. Je passe définitivement mon tour car The Tree Of life n'avait pas réussi à me toucher malgré la beauté lyrique de ses images.

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    1. Je préfère en effet prévenir les lecteurs, un spectateur a quitté la séance au bout de quarante minutes environ. Bon, cette fois-ci Malick ne part pas dans des visions (comme dans le précédent film) mais en même temps il continue cette introspection commencée avec TTOL ;)

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  3. Tree of Life sot incomparable, mais comme je disais sur Twitter, j'ai beaucoup, beaucoup aimé à la merveille, et franchement les critiques injustes qu'il subit me peinent... C'est loin d'être un naufrage !

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    1. Ah intéressant de trouver quelqu'un qui a autant aimé le film. Oui, je ne le descends pas non plus, Malick va au bout de son introspection, donc soit on le suit, soit on lâche. Mais pour moi, ceux qui ont aimé The Tree of Life comprendront A la merveille.

      Ce n'est pas du tout un naufrage, je suis d'accord ;-)

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  4. J'en sors, et je me suis ennuyée, bien que les images - et Olga - soient magnifiques. J'ai trouvé Ben Affleck vraiment mauvais, inexpressif au possible (et sa quasi absence de répliques n'arrange rien). J'avais préféré The Tree of Life, mais à vrai dire je suis un peu nostalgique des anciens films de Malick, plus "classiques" au niveau de la construction (mon préféré étant Le Nouveau Monde, un vrai chef d'oeuvre, à mon humble avis).

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    1. Oui Ben Affleck a un rôle compliqué, car Malick le place volontairement hors cadre, et l'absence de dialogue. J'ai lu qu'Affleck raconte qu'il n'a absolument pas compris ce qu'il devait faire et ce qu'il a fait dans ce film, et ça se voit !

      Olga est sublime et les images autour de la nature, bref du pur Malick. Comme toi, j'adorais ses films précédents. Il tourne à nouveau, j'espère qu'il va commencer un nouveau cycle.

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