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05 février 2014

Le loup de Wall Street

Enfin vu !

J'ai cru ne jamais le voir, première tentative : clouée au fond de mon lit avec la crève - deuxième tentative : la diffusion matinale n'apparait pas sur le site du Gaumont (depuis tous les films en v.o sont de retour le matin) et je ne suis pas disponible l'après-midi. Troisième tentative : la bonne !  Pourtant j'appréhendais de voir The wolf of Wall Street - sa durée (3h) et toutes les critiques que j'avais eues le temps de lire m'avaient quelque peu refroidie.

Alors verdict ?  


Écrivant le billet le lendemain, j'ai eu suffisamment de recul pour dire que je garde un très bon souvenir du film - exhausting comme diraient les anglophones (éreintant) mais qui en vaut la chandelle !

Pourtant DiCaprio en le produisant, et Scorsese en le réalisant ont pris un pari fou : vous entrainer dans la vie complètement déjantée d'un escroc de la finance, le plus antipathique et ce pendant plus de 3h ! Car Jordan Belfort est, soyons honnête, un homme totalement immature, égocentrique, dénué de toute empathie et totalement obsédé par l'argent. Mais la réussite du film est de ne jamais aller chercher d'excuses et d'explications bidons (enfance maltraitée, etc.) au personnage principal - bien au contraire, j'ai même l'idée que DiCaprio a délibérément forcé les traits de caractère de Belfort pour montrer du doigt sa totale immaturité et son absence totale de morale. L'homme est détestable et Scorsese ne chercher jamais à amadouer le spectateur. Ce pari a un effet perverse : le spectateur ne peut s'identifier à aucun personnage, ce qui peut provoquer une distanciation entre le spectateur et l'histoire.


“You know what, when I’m riding home on the subway and my balls are fucking sweating and I’m wearing the same suit three days in a row, yeah, you bet I do. I thought about it before, who wouldn’t, right?”  Agent Patrick DENHAM, FBI.


L'agent Denham avoue à Belfort avoir tenté plus jeune de passer l'examen de courtier et qu'au vu de son salaire actuel, il y repense parfois. Face à lui, assis sur son yacht, entouré de jolies filles, Jordan Belfort incarne cette Amérique, capitaliste, flamboyante ou tout homme pouvait venir trouver fortune en poussant la porte d'un courtier de Wall Street. Lorsque Belfort pousse cette porte au début des années 80, il y croise son mentor, Mark Hanna (Matthew McConaughey) - un Gekko bis - l'homme se vante d'avoir gagné 1 M$ en un an, Belfort, dix ans plus tard, en aura gagné plus de 45 M$. Comment ? En escroquant les actionnaires - car la leçon est donnée dès le départ par Hanna : le courtier n'a qu'un but : s'enrichir sur l'argent des autres. Belfort survivra à la première crise - en s'installant dans le New Jersey, il comprend qu'il peut aussi arnaquer les pauvres. Qu'importe s'il leur vend du rêve, lui c'est du solide : 50% de commission. Et sa vie s'envole, yachts, maisons secondaires, voitures de luxe et surtout une consommation de drogues vertigineuse et des prostituées à tous les coins.


Scorsese et lui vont tellement loin dans leurs scènes de débauche qu'on finit par se demander si elles ont eu vraiment lieu (Las Vegas, les lancers de "nains", etc.). Le scénario a été co-écrit par Jordan Belfort en personne. Ce dernier prenait une trentaine de drogues quotidiennement et buvait énormément, et il pouvait claquer plusieurs centaines de milliers de dollars par jour. 

La roue de la fortune finira par tourner - Belfort devient sa propre caricature, illustrée par la fameuse scène de la paralysie où il doit ramper jusqu'à sa voiture. Scène qui m'a beaucoup plu. Je ne ressens pas de sympathie particulière pour le personnage, et je suis même satisfaite de sa condamnation - j'ai quand même été impressionnée par cet homme, qui a réussi à se désintoxiquer et accepte aujourd'hui de voir sa film, et sa chute - être diffusée sur les grands écrans. Il incarne une génération de vampires qui, de manière plus discrète continue aujourd'hui de sévir.


Pour le film en lui-même, le pari était donc fort osé pour le duo DiCaprio-Scorsese. Et si je n'avais pas vu les 3h passer (même si j'ai trouvé certaines scènes de débauche superflues), je pense que le film tient beaucoup à certaines scènes, comme celle avec Matthew McConaughey qui récupérait doucement de Dallas Buyers Club (encore maigrichon) et qui campe un fou de la finance (La scène où il se frappe le torse en entamant son chant spirituel est une pure improvisation de sa part) et un DiCaprio impressionné. 



Et puis les scènes qui opposent le chien fou à l'agent du FBI, Denham - interprété avec talent par Kyle Chandler. Cet acteur me plaît de plus en plus, entre Argo et Zero Dark Thirty - il s'impose peu à peu au cinéma comme un acteur incontournable. Et quand à jouer l'honnêteté, j'ai été aussi très marquée par sa voix (j'ai vu le film en vo) que j'ai trouvée magnifique !

Je parle peu de Jonah Hill - j'ai lu ci et là que beaucoup de gens n'avaient pas aimé sa prestation, je crois surtout que le personnage qu'il incarne était ridicule, comme ses fausses dents blanches et son goût vestimentaire plus que douteux. Je n'ai pas trouvé l'actrice Margot Robbie nulle ou transcendente. Je trouve qu'elle a fait son travail.  


Mais revenons au sujet principal : la prestation de Leonardo DiCaprio. Cela fait plus de vingt ans que je vois l'acteur américain au cinéma, et je lui aurais bien remis la fameuse statuette pour d'autres prestations. J'ai le souvenir que sa première nomination était comme acteur de second rôle pour son rôle de jeune handicapé dans What's eating Gilbert Grape ? Et que les membres de l'Académie avaient été choqués de découvrir que Leonardo n'était pas handicapé.  Depuis DiCaprio a été systématiquement évincé de la cérémonie, pourtant je persiste à dire que c'est un très grand acteur.

Dans ce film, l'acteur américain va très loin dans la caricature de Jordan Belfort - comme lorsqu'il danse de manière névrotique ou qu'il rampe jusqu'à sa Ferrari, ce qui a eu pour effet de déplaire à ses fans. Certains spectateurs ne l'ont pas reconnu. Moi, je trouve qu'il a bien joué, qu'il a joué avec plaisir et qu'il s'est laissé aller alors qu'il est généralement dans le contrôle. J'ai aimé la prise de risque. 




Chose étrange, le voir à nouveau assis dans un yacht, les cheveux gominés, portant un polo et un Martini à la main, j'ai pendant une seconde aperçu une version moderne du Gatsby - sorte de clin d'oeil.  Sans sa prestation, je ne pense pas que j'aurais autant accroché au film.

J'aurais, je l'avoue, préféré une fin plus cassante, plus nette - je n'avais aucun désir de savoir ce qu'était devenu Jordan Belfort - je me lassais de ces discours flamboyants. Mais je ne me suis pas lassée une seconde de DiCaprio.

D'où mon changement de vote aux Oscars - même si je doute fortement qu'il l'emporte (vu son histoire avec la cérémonie), mais moi, assise dans mon canapé, je vais croiser les doigts pour qu'il ramène la petite statuette à la maison. 

Ma note :

4 commentaires:

  1. J'ai été le voir aussi. J'ai vraiment aimé par contre l'opulence de cocaïne dans le film qui n'est pas pour tous les publics mais sinon je leur souhaite l'oscar !

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    1. Oui, j'ai été vraiment étonnée par la drogue qui est partout mais un ami m'a dit qu'à une époque à chaque fête on en en trouvait (et dans mon lycée, à mon époque, beaucoup d'élèves en prépa en prenaient).

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  2. finalement je l'ai pas vu..pas forcément pour de bonnes raisons ( le film est sorti la dernière semaine 2013 et je fais un challenge pour voir le plus de films sortis en 2014 :o; j'ai déjà lu le bouquin de belfort et j'ai fait une petite indigestion de drogue, pute, et traders)...mais justement pour avoir lu le bouquin ( enfin en sautant qq passages quand meme) je ne pense pas que Scorsese en rajoute car le livre va très très loin aussi... bonne soirée à toi

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    1. Ah oui si tu as lu le livre, tu as donc eu ta "dose" - oui je me doute bien que Scorsese a été fidèle et vu que Belfort est co-scénariste. Je l'ai vu en partie parce que les Oscars approchent et je voulais savoir si Léo méritait ou non sa nomination ;-)

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