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15 mai 2014

Pas son genre

Je suis allée voir Pas son genre après avoir lu une critique enthousiasmée du film - un film français qui montre une histoire d'amour différente, un peu comme (500) Days of Summer qui revisitait l'amour d'amour.

Lucas Belvaux a choisi d'aborder dans cette histoire d'amour inattendue entre une coiffeuse provinciale et un professeur de philo parisien "la violence culturelle", comme il le dit lui-même. En fait, le réalisateur revisite ici le mythe de l'histoire d'amour entre un beau prince et une roturière, et montre à travers cette belle histoire la différence de "classes sociales".

De plus, j'aime beaucoup Émilie Dequenne et j'étais très curieuse de la voir dans ce film, interprétée avec brio cette jeune femme simple,  prénommée Jennifer, mère célibataire, coiffeuse à Arras.  Elle croise par hasard lors d'une coupe le beau Clément (Loïc Corbery), jeune professeur de philosophie parisien, envoyé à Arras pour un an.  Clément vit littéralement cette mutation comme un traumatisme, Parisien acharné, il se voit "mourir" en province - la faculté s'arrange pour qu'il puisse rentrer dès le mercredi soir à Paris, où il s'enferme au milieu de livres, attablé à l'écriture de son prochain roman. Sa rencontre avec cette charmante coiffeuse est totalement inattendue pour lui qui ne fréquente que des femmes bourgeoises et intellectuelles.

Clément et Jennifer n'ont strictement rien en commun, mais l'attirance est réciproque et ils vont peu à se peu se rapprocher.  Deux mondes entrent en collision. Lucas Belvaux et Emilie Dequenne décrivent avec bonheur le personnage de Jennifer, qui est selon leurs mots "pleinement dans la vie" et ils ont raison. Car on l'envie - elle est heureuse, satisfaite de sa vie, adore son enfant, ses amies et ses soirées où elle joue du karaoké avec ses amies. Le réalisateur a d'ailleurs dit avoir pensé qu'elle vivait dans un film de "Jacques Demy" et il n'a pas tort. On s'attache tout de suite à elle, je me suis reconnue en elle même si je suis très différente.

Car, je me suis aussi reconnue dans le personnage de Clément, je vis à Nantes, "Le petit Paris", dans le centre, j'aime lire, aller aux expos, les émissions culturelles - bref, vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé ce film. Il y a des scènes touchantes, ces scènes où avec ses mots, Jennifer assume cette différence culturelle, des scènes difficiles (cette violence culturelle dont le réalisateur parle) et puis aussi quelques scènes très drôles, comme celle du karaoké (l'amie qui m'accompagnait a eu un fou rire énorme). 

J'ai découvert par la même occasion l'acteur Loïc Corbery qui interprète avec en tact et parcimonie cet intello parisien, rigide, élevé dans un milieu grand bourgeois, amoureux de Kant et de Proust (autre scène très drôle du film : sa participation lors d'une conférence à Paris avec un philosophe suédois, le nom même de la conférence a fait rire toute la salle) et qui cache sa vie amoureuse lors de ses retours à Paris. Le réalisateur n'épargne ici personne, et surtout pas le parisianisme aigu (il dit lui-même ressembler profondément aux deux personnages).


Lucas Belvaux cherchait un acteur qui puisse lire les extraits de Kant ou Proust avec talent, et son choix s'est naturellement porté vers un acteur de la Comédie française qui avoue cependant se sentir dans la vie beaucoup plus proche du personnage de Jennifer.  J'ai vu une interview depuis des deux acteurs qui se sont attachés à leurs personnages et ont une vision plus optimiste que celle du  réalisateur et veulent croire profondément au succès possible d'une telle histoire. Et ils n'ont pas tort, le Prince William a bien épousé Kate, non?

Un très beau moment et qui prouve que le cinéma français peut aussi produire des comédies romantiques intelligentes, différentes et profondément humaines.  Un joli moment de cinéma. A voir et à revoir.

Mon avis :


4 commentaires:

  1. J'ai depuis peu le roman dont est tiré ce film dans ma PAL. Je crois que je ne vais pas tarder à le lire et pourquoi pas enchainer avec le film qui pourrait me plaire :)

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    1. Je crois que le livre est assez fidèle au roman - maintenant tu me donnes aussi envie de le lire - les acteurs sont formidables, j'ignore par contre s'ils sont fidèles physiquement parlant au roman.

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    2. Mais si j'avais bien lu ton billet ;)
      Comme tu as pu le voir, je n'ai pas vraiment été séduite par le bouquin mais qui sait, peut être le film saura-t-il me faire passer un bon moment... A tenter!

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    3. ah oui, je suis une pomme ! la preuve, ton ancien commentaire ... bon tu as lu le livre et il se peut que l'adaptation cinématographique soit différente car le film, s'il joue sur les préjugés, conclut que l'idiot n'est pas celui qu'on croit ;-)

      Il faudra que je lise le livre à mon tour ;-) Bon Hellfest ! Plusieurs collègues sont en route ! ça me fait marrer de voir débarquer ces milliers de personnes dans cette toute petite ville ;-)

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