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16 mai 2016

Money Monster

Il aura fallu Cannes et la montée des marches de Julia pour que j'entende parler du film Money Monster, réalisé de surcroît par Jodi Foster.  Une bande-annonce plus tard et me voilà dans la salle de cinéma embarquée dans une histoire dont je ne connais pas grand-chose, et le résultat ? Une très bonne surprise !

Scotchée à mon siège, j'ai pensé pendant le film aux montagnes russes pour comparer les émotions que la réalisatrice américaine fait ressentir aux spectateurs pendant ces 98 minutes. Pourtant, ce n'était pas gagné. Lee Gates (George Clooney) est le présentateur vedette de l'émission Money Monster. L'homme vient ici vous vendre des stock options - avec lui, la bourse américaine n'a aucun secret et c'est avec une grande verve qu'il vous chante les mérites de telle ou telle entreprise, poussant les spectateurs à investir leurs maigres économies ... 

Malheureusement, lorsque George vante les mérites d'Ibis, une nouvelle société, cotée en bourse depuis moins d'un an et dont les actions montent en flèche, c'est pour être réveillé  un matin avec une gueule de bois : suite à un "glitch" (couac) informatique, la société annonce avoir perdu en une nuit plus de 800 millions de dollars.  Tant pis pour tous les petits investisseurs qui s'étaient précipités sur les actions de cette entreprise dirigée par son très populaire directeur, Walt Camby (Dominic West). Celui-ci est invité à venir s'expliquer mais il a disparu, il serait quelque part dans le monde, à bord de son jet privé. Patty (Julia Roberts), la productrice de l'émission obtient que la directrice de la communication de l'entreprise Ibis prenne la parole, Diane Lester (Caitriona Balfe) en direct depuis le siège d'Ibis. 

Lee Gates commence à peine son émission lorsqu'un jeune homme (Jack O'Connell) apparait sur le plateau. Il ressemble à livreur puisqu'il porte deux cartons avec lui. Intriguée, Patty le laisse monter sur scène - mais le jeune homme brandit une arme sur Lee - la prise d'otages, en direct commence. Il force Lee à enfiler une veste remplie d'explosifs, cachée dans une des boîtes en carton. A tout moment, il peut relâcher le détonateur. Patty arrête le direct mais le preneur d'otages la force à remettre le direct .. Peu à peu, les images font le tour du pays puis de la planète. Le jeune homme, Kyle, avait fait confiance à Gates et investit tout l'héritage de sa mère dans les actions Ibis avant de tout perdre. Il veut comprendre et ne croit pas à ce "glitch" (couac) ...



Je ne vous raconterai pas la suite mais sachez que l'histoire prend vraiment une tournure intéressante. Jodi Foster assure sur les deux plans : le thriller, passionnant, rythmé - le suspense vous tient en haleine et l'aspect politique : Jodi Foster veut dénoncer ici la puisse des magnes financières qui peuvent délester de les citoyens de toutes leurs économies sans jamais être inquiétées. Ainsi, ce sont des milliers de fonds de pension (de retraite) qui ont disparu en une nuit. Imaginez si on vous disait demain que votre retraite ne vous sera pas versée !

Et là, on voit comment cette prise d'otage va pousser Lee Gates, et toute la production de son émission à faire le mea culpa et à rechercher la vérité - faire enfin un vrai job d'investigation et comprendre comment 800 millions de $ peuvent se volatiliser en une nuit.

Bref, j'ai passé un très bon moment. Tous les acteurs sont formidables, et si George Clooney et Julia Roberts passent la majorité du film à discuter à distance (via un système d'oreillette comme nos chers présentateurs télé), leur complicité est réelle et cela se ressent dans le film. Quant à O'Connell, il est parfait. Cela m'a amusé de voir qu'il garde son accent anglais mais que tout le monde le considère comme un parfait New-Yorkais !



Ici, j'aime aussi le fait que Jodi Foster arrive à surprendre le spectateur et évite toutes les grosses ficelles ou ce qu'on l'on s'attend avec une prise d'otages.  Et le film vaut le coup rien que pour voir le personnage de George Clooney, se ridiculiser en dansant, accompagné de deux danseuses à chaque émission ;-)

Mon avis : 

11 mai 2016

Café Society

Fidèle à mes habitudes, je suis allée voir le dernier film de Woody Allen, Café Society qui sera présenté à Cannes. Je suis une fidèle des films de Woody et j'avais donc hâte de retrouver sa touche si personnelle et l'actrice Kristen Stewart que j'aime beaucoup et dont je suis la carrière et qui retrouve ici le même partenaire que pour American Ultra.  Qu'en ai-je donc penser ?  

Me voilà plongée dans le New-York des années 30 - Bobby Dorfman  (Jesse Einsenberg) est un jeune homme juif, qui se sent coincé entre des parents omniprésents, un frère aîné gangster et la bijouterie familiale dont il claque subitement la porte. Il part alors rejoindre son oncle, le célèbre Phil Stern (Steve Carell), puissant agent de stars à Hollywood. L'homme n'a ni le temps, ni l'envie d'aider ce neveu qu'il ne connaît pas mais finit par l'embaucher comme coursier et comme "homme à tout faire" mais avant il demande à sa secrétaire, Vonnie (Kristen Stewart) de lui faire découvrir la ville. Bobby a le coup de foudre pour cette jeune femme à l'esprit vif et qui fait preuve d'une simplicité et d'une grande profondeur, choses assez rares à Hollywood où les midinettes pullulent et les égos sont monstrueux. 

Mais Vonnie a déjà un petit ami, mystérieux, souvent absent, il laisse suffisamment d'espace à Bobby pour que celui-ci passe le plus clair de son temps avec la jolie brune. Introduit par son Oncle dans "la crème de la crème " (expression utilisée en vo mais traduit par gratin) de la profession - Bobby voit la vie en rose, surtout lorsque Vonnie débarque un soir pour lui annoncer que son petit ami vient de rompre.

De leur côté, les frères et soeurs de Bobby continuent de mener leur vie à New York, son frère ainé Ben se frayant un chemin en utilisant ses talents de gangster pour s'acheter un club select - un café society, où la population vient fêter le retour de la croissance avant que la bulle n'éclate. Une de ses soeurs vient d'ailleurs lui demander de l'aide, contre l'avis de son mari, qui réfute toute forme de violence, pour régler un problème de voisinage .. Le voisin disparait mystérieusement...



Le bonheur de Bobby sera bientôt malheureusement assombri mais je ne vous dirais pas comment ! Sachez que j'ai juste deviné la chose une minute avant la fameuse scène mais que cela n'a pas gâché la suite du film. La naïveté de Bobby est touchante et le jeune homme finit par réaliser que Hollywood n'est pas fait pour lui - une deuxième vie l'attend à New York où il accepte de travailler dans le Café Society de son frère en lui rapportant ses amis d'Hollywood. Rebaptisé Les Tropiques, le night club devient l'un des lieux les plus prisés de New-York...

Woody Allen adore cette époque - et il a bien raison de nous en faire profiter - revoir une scène avec la très belle Barbara Stanwick, entendre parler de Garbo, d'Errol Flynn .. J'ai adoré mais j'avoue avoir trouvé la première partie à Hollywood quelque peu fade si ce n'est pour la relation de Vonnie et Bobby. 

J'ai largement préféré la partie New-Yorkaise, suivre le frère ainé - interprété par Corey Stoll (House of Cards), qui retrouve ici des cheveux et surtout règle les problèmes... dans le béton ! Ou ses parents qui ne cessent de se chamailler, et sa soeur avec son beau-frère, ce "Mensch", cet intellectuel qui tente de raisonner un voisin agressif et stupide en lui parlant poliment avec le peu de résultats qu'on présuppose .. 


J'avoue, si j'ai suivi avec plaisir ce film, je n'ai pas eu de coup de coeur particulier - je le recherche depuis Magic Moonlight et Blue Jasmine. Concernant Magic Moonlight, c'est amusant car en relisant mes billets précédents, j'avais déclaré que j'avais aimé ce film mais que je craignais de l'oublier, or je l'ai revu deux fois depuis et je l'adore ! J'avais moins accroché à L'homme irrationnel (plus récent) et je crois que c'est malheureusement le cas avec celui-ci. 

Ici, l'histoire d'amour est douce-amère, deux êtres se croisent, tombent amoureux, se séparent mais ne cessent de repenser à l'un et à l'autre... Dois-je dire que je préfère Woody Allen dans le registre de la comédie ? Disons qu'au mois de mai, chaque année, j'aime voir une histoire d'amour légère - ça me fait du bien ! 

Pour les acteurs, je suis toujours aussi fan de Kristen Stewart - elle porte très bien les petites tenues légères des années 30 même si j'ai hâte de la voir dans le dernier film d'Assayas, Personal Shopper qui est présenté à Cannes (sortie en octobre). 

J'ai adoré voir Corey Stoll - un très bon acteur qui m'a fait bien rire dans l'une de ses dernières pirouettes pour échapper à la mort (je vous laisse la découvrir). Enfin, si quelque chose a aussi gâché mon plaisir, c'est Jesse Eisenberg - attention, dans le rôle de l'ingénu (qu'il ne restera pas longtemps, grandissant lui aussi et malheureusement devenant "comme les autres") il excelle. Pas de souci de jeu. Non, je parle de posture

Le pauvre homme se tient si mal pendant tout le film, que cherche-t-il à faire ? Je me suis posée la question : est-ce volontaire ? Il se tient comme si son corps était déformé par une énorme bosse - les épaules remontées, la tête toujours penchée en avant - il m'a fait penser à un de ces charognards, un vautour - et j'avoue que cette posture est accablante ! Enfin, elle m'a dérangé tout le long du film.  Il perd tout son charme dès qu'on le voit ainsi marcher ou de profil, c'est encore plus marquant. 

Pour en revenir au film à proprement parler, oui j'ai aimé l'Amérique des années 30, les robes sublimes portées par Blake Lively (qui joue parfaitement le rôle d'une femme invisible), les clubs de jazz, les gangsters mais j'ai malheureusement tendance à trouver de nouveau la filmographie de Woody Allen inégal. J'espère le retrouver plus en forme dans un prochain film ! 

Mon avis : ♥(♥)



25 mai 2015

Le festival des littératures - Atlantide - à Nantes


Le festival des littératures, Atlantide, les mots du monde ouvre ses portes à Nantes du 28 au 31 mai prochains. Le festival investit la ville : programmés au lieu unique, les auteurs iront à la rencontre de leurs lecteurs au Château des Ducs, mais aussi dans 9 librairies du centre-ville (dont Coiffard, Durance, Vent d'Ouest, l'Atalante et Les Biens-Aimés, etc.) et dans les bibliothèques et médiathèques nantaises.

Un programme alléchant avec des rencontres et des lectures à une ou plusieurs voix dont celle de la très belle Irène Jacob.

Communiqué de presse (bien mieux dit que moi...) : 

Quelle que soit sa forme, du roman à l’essai, de l’ouvrage pour la jeunesse au roman graphique, Atlantide met l’accent sur une littérature ouverte au Monde et engagée dans la réalité de son environnement proche ou lointain. Une littérature qui, en se faisant le reflet et le relais de nos grandes problématiques politiques, religieuses, sociales, etc. nous accompagne dans nos questionnements, peurs et colères comme dans nos espérances et nos enthousiasmes. Une littérature qui, parce qu’elle conjugue au passé, présent et futur les mots du Monde, s’adresse à tous et nous concerne tous. 

Placée sous la direction artistique d’Alberto Manguel, écrivain et spécialiste de la lecture, la 3e édition d’Atlantide propose quatre jours de partage avec des grands noms de la littérature, et de découverte d’une génération montante de plumes et dessinateurs d’une vingtaine de nationalités différentes. 

Une cinquantaine d’auteurs invités parmi lesquels : Boris Akounine, Andrea Bajani, Barroux, Aurélien Bellanger, Leopoldo Brizuela, Larry Tremblay (L'Orangeraie), Olivier Rolin, Glen Chapron, Audrée Wilhemy, Kamel Daoud, Daniel Kehlmann, Kerry Hudson, Mario Levi, Amin Maalouf, Andreï Makine, Azar Nafisi, Daniel Picouly, Christoph Ransmayr, Marie-Claire Blais, Enrique Vila-Matas... 

Plus de 40 grandes rencontres, moments d’échanges et de débats entre ces écrivains seront l’occasion d’aborder des thèmes littéraires et quelques grands enjeux de nos sociétés : 

• Liberté d’expression, censure et répression : l’éternel combat 

• Qui donne la parole à ceux que la société prive de voix ? 

• À quoi bon lire Voltaire aujourd’hui ?

• Humour et ironie en littérature 

• Je te hais au nom de Dieu,… 

Je vous invite à découvrir le site dédié au festival ici et pour les curieux le programme détaillé (avec une présentation des auteurs participant). Si vous avez prévu de venir passer le week-end à Nantes, profitez-en ! Moi je suis très curieuse de rencontrer Larry Tremblay et d'écouter la jolie voix d'Irène Jacob.


20 mai 2015

My addictions of the week


Ciao Mad Men !

Mad Men a tiré sa révérence après sept années de bons et loyaux services. Adieu Don Draper, Joan Holloway, Betty, Peggy, Stan et tous ceux qui m'auront fait vivre les années 60 à New York - la cigarette au bec. Hier soir, j'ai donc regardé les deux derniers épisodes (j'avais sauvegardé l'avant-dernier) en évitant d'aller sur Internet ou tout autre réseau social pour profiter des derniers instants d'une de mes séries préférées. 

Un grand merci à Matthew Weiner pour m'avoir fait rêver pendant toutes ces années et quels soins apportés aux détails. Un énorme boulot. 

J'ai même regardé le dernier épisode une deuxième fois. Plus particulièrement pour Peggy - qui m'aura fait rire jusqu'au bout et où j'ai trouvé la scène de la révélation tellement drôle et j'ai aussi une pensée émue pour Birdy

15 mai 2015

Laggies (Girls Only)

Hop ! Du retour du ciné, où je suis allée voir Girls Only (Laggies en vo). A l'aube de ses trente printemps, Megan (Keira Knightley) est toujours en couple avec son petit ami du lycée et fréquente encore ses trois meilleures amies de l'époque. Mais contrairement à celles-ci, l'une déjà mariée et enceinte, l'autre à la vielle de son mariage, la vie de Megan semble stagner.  La jeune femme, doublement diplômée se cherche toujours. Elle n'a toujours pas de vrai job et préfère passer ses journées sur le canapé à regarder la télé. Le réveil, brutal, vient lorsque son petit ami lui propose de l'épouser et qu'elle découvre le même soir son père en délicate situation. Megan prend alors ses jambes à son cou et fait par hasard la connaissance d'Annika (Chloë Grace Moretz), 16 ans et de ses amis (Misty, Patrick et Junior).

Retombant avec joie dans l'adolescence, Megan vient habiter chez Annika et partage avec elle sa vie de lycéenne.  Jusqu'au jour où elle rencontre le père d'Annika (Sam Rockwell)...

J'avoue sans détour que je m'attendais à voir une comédie américaine typique (on rit pas mal mais c'est tout) et que je me suis entièrement trompée ! Et quelle joie de s'être trompée à ce point. La scénariste dresse ici un portrait très juste, non seulement des jeunes femmes d'aujourd'hui (30 ans) mais aussi des adolescents. Ici pas de caricature de l'adolescent américain ou de la jeune femme à qui tout réussit. Ici ce sont des gens de chair et d'os un peu perdus et qui se raccrochent à d'autres âmes perdues.


Tous les personnages sont extrêmement attachants - ils ont ce point commun de se chercher encore, d'essayer de trouver un sens à leur vie. Megan et Annika deviennent très proches et c'est très rapidement qu'Annika confie ses soucis, pas uniquement ceux d'une ado de seize ans (sauf peut-être sa première histoire d'amour) ainsi elle pense beaucoup à sa mère qui les a abandonnés il y a sept ans et dont elle continue de croiser le visage dans des magazines de lingerie. Son père ne s'est jamais vraiment remis de cette rupture et essaie tant bien que mal d'assumer son rôle de figure paternel. Megan est une jeune femme qui s'est laissée longtemps portée par la vie mais réalise qu'il faut un jour prendre soi-même les décisions même si cela inclut un changement de vie radical.

Chacun s'y reconnaître forcément, même les rôles secondaires sont touchants comme le père de Megan, ou Patrick (Dylan Arnold), l'ami d'Annika qui déprime, ses parents étant en plein divorce ou Misty (Kaitlyn Dever) qui apporte ici une vraie touche de fraicheur avec cette personnalité si forte.



Bref, j'ai vraiment passé un super moment en compagnie de ces adolescents pour une fois intelligents, profonds et gentils (chose rare aujourd'hui, une vraie gentillesse) et de ces adultes un peu paumés.

Evidemment, une de mes raisons de mon déplacement était la présence de Keira Knightley qui je l'avoue m'enchante à chaque apparition. Dans ce film, elle passe la moitié de son temps en pyjama et dieu que ça lui va bien ! Elle apporte ici une touche de simplicité à Megan et sait très bien interpréter tout ce chamboulement qui lui traverse la tête.

J'ai aussi remarque l'extraordinaire alchimie entre elle et Sam Rockwell - je les ai trouvés parfaits ensemble. Enfin, Chloë Grace Moretz incarne avec talent cette adolescente troublée.

Un bémol cependant, le film a été traduit "Girls only" (?) - Laggies était le nom que la scénariste Andea Siegel et ses meilleures amies de lycées s'était donné et je le préfère largement. Et l'affiche indiquant "20 ans, 30 ans, quelle importance?" ne montre ici qu'une façade de l'histoire (la partie comédie) oubliant tout le reste, qui pour moi était nettement plus important. C'est pour cela que je préfère nettement l'affiche américaine.



Une très jolie comédie douce-amère sur le passage à l'âge adulte, et sur l'amour.  A voir et à revoir !

Mon avis : 

06 mai 2015

Le labyrinthe du silence

Francfort, 1958 - Johann Radmann, jeune procureur ambitieux s'ennuie à ne régler que des infractions routières lorsqu'il croise par hasard le chemin d'un journaliste, Thomas Gnielka, accompagné de Simon Kirsch. Ce dernier, rescapé d'Auschwitz a reconnu l'un de ses bourreaux, devenu professeur dans une école. Lorsque le journaliste interpelle le parquet, aucun procureur ne veut s'en mêler. Radmann accepte de mener l'enquête et exige le renvoi du professeur (les SS Nazis étaient interdit d'enseignement) mais le professeur est toujours à sa place. Presque 15 ans après la guerre, l'Allemagne, en pleine reconstruction, veut tout oublier. D'ailleurs, personne ne sait ce qu'est Auschwitz, le jeune procureur lui-même croit qu'il s'agissait d'un simple camp de travail. 

Au contact de Gnielka et de Kirsch, il découvre avec horreur toutes les atrocités commises par les Allemands et apprend que la majorité des Nazis responsables du camp sont libres comme l'air. C'est en mettant la main sur des documents officiels d'Auschwitz (les Nazis notaient absolument tout, les tentatives d'évasion du camp (traduction : assassinat) ou les violences physiques) que le jeune procureur, soutenu par le plus haut magistrat va décider d'ouvrir un procès à l'encontre des Nazis ayant servi à Auschwitz. Aucun procès n'a jamais été mené par le parquet allemand contre les anciens Nazis. Mais Radmann va être vite isolé, condamné par ses pairs et le peuple entier qui refuse de voir la vérité. 

Je suis restée scotchée devant plus de 2h devant ce film qui aborde un sujet fort peu traité au cinéma : l'après-guerre et le refus pour le pays vaincu de faire face à ses démons. Aujourd'hui 70 ans après, l'Allemagne a fait un pas gigantesque, musées, mémorial.. L'Allemagne a su affronter son histoire mais à l'époque, à peine vingt ans après, le peuple allemand refuse de voir la vérité. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 8 000 allemands travaillaient à Auschwitz. La plupart étaient de simples gardiens, mais aucun d'eux n'avait de fusil collé à la tempe. Et lorsqu'on les interroge sur leur passivité à l'époque, ils répondent qu'ils ne faisaient qu'obéir. Certaines paroles sont très dures à entendre, comme cet homme jugé comme trieur à l'arrivée des déportés en gare - il décidait de qui allait vivre (donc travailler) et qui partait directement en chambre à gaz. Son avocat déclare qu'ainsi "il sauvait des vies" (SIC). 


Contrairement à certains films, ici aucune image violente, d'ailleurs lorsque le jeune Radmann (Alexander Fehling) et Gnielka (André Szymanski) se rendent à Auschwitz - celui-ci est à l'époque abandonné, l'herbe a envahi le camp, les fleurs sauvages ont repoussé. L'effroi, l'horreur, le spectateur les voit simplement à travers les regards échangés lors du témoignage des rescapés (plus de 200) avec le procureur ou la greffière. Impensable, inimaginable. 

Le film a opté pour un format classique, se concentrant sur l'histoire et le travail minutieux (nous sommes tout début des années 60, pas d'ordinateur) de ces quelques personnes désireux de rendre enfin justice à toutes ces victimes et surtout de refuser le droit à ces soldats Nazis de se cacher derrière un ordre, derrière Hitler. Le film est évidemment didactique, ainsi découvre-t-on que les Nazis (10 millions d'Allemands ont adhéré au parti à l'époque) documentaient absolument tout et que leurs archives sont soigneusement conservées par les Américains. 

Le talent du réalisateur est de mêler ici l'histoire personnelle (celle de Kirsch, sa femme et ses enfants assassinés), celle de Radmann (qui devra aussi affronter sa propre histoire), celle de Gnielka qui cache un lourd secret face à la grande Histoire et au plus grand génocide jamais orchestré. Radmann, dont c'est le premier procès va, au fur et à mesure qu'il comprend toute l'horreur, plonger dans une forme de dépression, chaque Allemand qu'il croise est forcément un ancien Nazi, comment la jeunesse peut-elle danser et boire quand des millions de victimes reposent tout près ? Dans le plus grand silence ?


Un autre point fort du film est son obsession envers Mengele, le "médecin" Nazi du camp d'Auschwitz qui commit les pires atrocités sur des centaines d'enfants ou de jeunes adultes et qui réussira à fuir à l'étranger mais qui à cette époque-là pouvait encore revenir en toute impunité en Allemagne. 

Entre l'ignorance de la jeunesse allemande à qui on a tout caché, et à la chape de plomb posée sur la guerre par leurs parents, le réalisateur met en avant une époque totalement oubliée par les historiens et la première lueur d'espoir via ce procès. La première fois que les Allemands (le procès de Nuremberg avait été entièrement orchestré par les Alliés) vont jugé leurs pairs. 

Un mot sur les acteurs : j'ai découvert Alexander Fehling, bon j'avoue quand même que son physique, particulièrement agréable (et la mode des années 50 lui sied à ravir) m'a parfois fait un peu oublier l'histoire (mais où se cachait-il?). Je dirais que le charme d'André Szymanski dans le rôle de Gnielka opère pareillement. Tous les autres acteurs sont formidables. 

Une mise en scène classique et sobre signée Giulio Ricciarelli, qui refuse tout misérabilisme, ou sensationnalisme et qui transforme ici un formidable récit historique en un film captivant. et passionnant. 

Ce qui m'a énormément plu dans ce film, c'est de voir ici les prémices de ces Allemands qui ont refusé de croire que les vainqueurs "avaient maquillé les faits", qui ont voulu et obtenu que leurs ainés soient jugés et condamnés pour leurs actes, qui ont fait part de contrition et qui ont permis d'avoir aujourd'hui, comme les meilleurs alliés de la France, leur pays. 

Ma scène préférée est celle de la prière juive dans la prairie verte polonaise. Vous comprendrez quand vous verrez qui la professe. 

Un film à voir absolument.   Sur Nantes, il est diffusé au Katorza en v.o. 

Mon avis : 


03 juin 2014

X-Men : Days of future past

En écrivant ce billet, j'ai remonté le temps - comme l'histoire du film - je suis allée chercher le billet que j'avais écrit (publié le 5 juin 2011) sur le premier volet consacré à la genèse des X-Men : la rencontre entre Magnéto et Professeur X. Les années ont passé, les deux hommes ont vieilli et doivent, dans ce nouvel opus, lutter ensemble pour défier un ennemi encore plus redoutable. 

Mon côté geekette de l'époque a ressurgi, moi qui ai découvert les X-Men sur le tard, à force d'entendre ma sœur me parler de Wolverine (Hugh Jackman). J'ai vu les premiers épisodes dans le désordre, sans y prendre vraiment goût, je l'avoue. J'ai découvert le volet dédié à Logan (Wolverine) tout récemment. J'ai par contre accroché au précédent volet, X-Men, First class.  Mais que penser de celui-ci ?


27 mai 2014

The Homesman

J'ai déjà parlé ici de mon amour pour les western (écrits ou filmés), et j'avais beaucoup aimé le premier film de Tommy Lee Jones, présenté à Cannes, 3 hommes et un enterrement. Ajoutez-y la très talentueuse Hilary Swank - et toutes les raisons étaient réunies pour que je file au cinéma voir The Homesman

J'avais vu quelques images et je connaissais les grandes lignes de l'histoire, mais le résultat est très différent. Tommy Lee Jones prouve ici tout son talent de réalisateur - en nous transportant dans le Territoire du Nebraska (pas encore un état), l'acteur américain nous dévoile une facette longtemps cachée de "la conquête de l'Ouest" : son échec.

Le spectateur découvre les Badlands - ces plaines immenses où ne poussent aucun arbre, où un hiver rude détruit les maigres récoltes de ces immigrés qui rêvaient d'une nouvelle vie, mais ne voient que la mort autour d'eux. Elle réclame les mères, les enfants, les nourrissons. Rien ne pousse. Et pourtant c'est là que Mary Bee Cuddy (Hilary Swank) s'est installée, dans l'espoir de trouver un époux - mais les années passent et Mary Bee est désespérément seule. Les hommes qu'elles croisent refusent d'épouser cette vieille fille qu'ils trouvent laide et autoritaire. La vie dans le midwest est tout sauf aisée, le blizzard, la neige, puis les chaleurs intenses, une terre peu fertile - tout pousse ces migrants à abandonner sauf Mary Bee Cuddy. Très pieuse, elle accepte une mission particulière : ramener en Iowa, trois épouses qui ont perdu la tête - elle engage George, déserteur alcoolique, dont elle sauve la vie d'une pendaison. Le voyage doit durer plusieurs semaines et leur faire traverser un territoire encore sauvage.



Tommy Lee Jones aime les plans larges sur les paysages arides, le silence, les gros plans sur les visages et ne raffole pas des scènes d'action - il préfère filmer ses acteurs - s'apesantir sur le visage fermé, marqué de son actrice principale, une Hilary Swank formidable. Il raconte comment ces jeunes épouses ont peu à peu sombré dans la folie - des mariages forcés, la diphtérie qui tue les nouveaux-nés, des époux violents - et puis ces terres sauvages, si hostiles. Ces femmes, qui ont souvent grandi à l'est, ne supportent pas cette vie ingrate.  Quant à lui, il s'accorde le rôle peu flatteur d'un déserteur, voleur, alcoolique mais qui va, le temps d'une rencontre, développer un sens du devoir envers ses jeunes femmes et réussira la mission.

Les flashbacks consacrés à ces trois femmes sont magnifiquement filmés même s'ils sont particulièrement difficiles à regarder - une image très éloignée de La petite maison dans la prairie - où l'on voit la violence infligée à ces épouses, mariées de force ou pas, qui peu à peu ont sombré dans la folie. Des scènes magnifiquement filmées (le travail sur la lumière en particulier). Je viens de finir de lire Le sillage de l'oubli de Bruce Machart, roman magnifique sur la vie ingrate de ces pionniers et plus spécialement sur le traitement indigne réservé aux femmes, et je trouve un parallèle entre ces histoires qui montrent la face cachée de cette conquête de l'Ouest, où le prix à payer était beaucoup plus fort. 




Le film a un rythme lent qui pourra rebuté certains, n'y allez pas en pensant voir l'acteur des MIB ! Ainsi, les voyageurs ne rencontreront que peu de dangers et j'ai été surprise par le sort réservé à un certain personnage. Mais j'ai aimé le cinéma de Tommy Lee Jones. Et j'ai adoré la prestation de ces actrices : Hilary Swank, Grace Gummer, Mirando Otto et Sonja Richter et l'apparition brève de Meryl Streep (la mère de Gummer dans la vraie vie). Un film dédié à la gente féminine, ça fait du bien !

Mon avis :


 

21 mai 2014

The Goldfinch by Donna Tartt (ou le Chardonneret)

J'ai fini de lire il y a quelques jours le roman de Donna Tartt, qui lui a valu le Prix Pulitzer : The Goldfinch. Je l'ai lu en anglais d'où le titre. Le chardonneret est la traduction littérale du titre anglais. J'arrive un peu tard par rapport à la blogosphère mais je suis fière de moi, en effet, ceux qui me lisent, ont su que pendant presque deux mois, aucun livre ne trouvait d'intérêt à mes yeux. Ma saison annuelle de sécheresse littéraire terminée, j'ai enfin pu avaler un roman de près de 700 pages (et deux autres romans). 

La romancière aura mis près de dix ans pour écrire ici un roman jugé magistral, portrait féroce de la haute bourgeoisie new-yorkaise et de l'Amérique, un mélange de Dickens et de Mark Twain.L'américaine réussit une prouesse qui lui vaut le Prix Pulitzer.

Je l'avoue sans détour, les premières années du héros, Théo Decker (le livre est à la forme narrative, à la première personne) sont passionnantes. L'enfant, élevé à New York, par une mère belle, intelligente et profondément aimante (totalement fantasmée par son fils) se retrouve soudainement orphelin lorsqu'un attentat à la bombe le prive de cette dernière alors qu'ils visitent le Met. Le jeune Théo, choqué par l'explosion, se saisit de la toile préférée de sa mère, The Goldfinch de Carel Fabritius (1654) peintre du XVIIème siècle et disparait. La toile, de taille minuscule, dépeint un oiseau, un chardonneret, enchainé à un perchoir à l'intérieur d'une maison.

Cette chaine est symbolique : le héros lui-même se retrouve enchainé à ce tableau, cette toile mystérieuse et envoutante  qui symbolise l'amour de sa mère, dont il n'arrive pas à accepter la disparition soudaine. 

Théo sera d'abord accueilli dans une famille de la haute-bourgeoisie new-yorkaise avant d'être embarqué à Las Vegas par son père, un homme qui symbolise ici l'Amérique des perdants, des déchus, ceux qui continuent de croire au rêve américain à coup de jeux (poker, paris sur le sport), son destin n'en sera que plus tragique. Le jeune Théo croise alors la route de Boris, l'adolescent russo-ukrainien, élevé dans l'ère de la mondialisation où tout s'achète, se paie et se vend. Les années passent, le jeune Théo vit de nouveau New York,  vendeur d’œuvres d'art à de richissimes familles qu'il arnaque en vendant de fausses antiquités et fréquente à nouveau la famille qui l'avait accueillie, mais il ne cesse d'être obsédé par la toile de Fabritius.

Donna Tartt (Copyright BBC)

Ce roman initiatique prend alors la tournure d'un thriller lorsque Boris lui avoue lui avoir dérobé l'original il y a des années et que les deux jeunes trentenaires s'envolent pour Amsterdam à la recherche du précieux tableau. Si j'ai moins aimé cette partie de l'histoire, j'ai adoré les disgressions de la romancière sur l'art en général : à travers l'obsession de son héros pour cette toile, elle analyse la fascination existante pour certaines œuvres d'art - comment celles-ci ont été élevées au rang de trésors culturels et sont devenues inestimables, comment explique-t-on la beauté, comment juger du prix d'une œuvre d'art ? Moi qui suis passionnée d'art, et qui fréquente beaucoup les musées, j'ai aimé cette réflexion.

J'ai commencé la lecture de ce roman avec difficulté, puis après deux ou trois chapitres, j'ai été emballée par le foisonnement de l'histoire, par les chapitres entiers consacrés à la rénovation des pièces d'antiquité, du travail du bois, par le détail apporté avec soin par l'auteur à chaque meuble, chaque pièce, par son talent pour transcrire l'atmosphère feutrée de l'appartement d'Andy, par l'écriture fluide et romancée, le rythme soutenu et le talent indéniable de l'écrivain pour retranscrire l'immense douleur de l'orphelin. 

Mais mon emballement a cessé au deux-tiers du roman, lorsque le héros est de retour à New York et s'enfonce dans une vie d'illusions, la drogue est son meilleure compagnon, incapable d'affronter ses fantômes, il vit dans le mensonge et ne semble jamais être capable de s'extraire des limbes dans lequel son esprit flotte depuis longtemps. 

Je me suis, j'avoue lassée du personnage principal et j'ai eu hâte de terminer la lecture, non pas que je rejette les dernières pages, passionnantes lorsque la romancière parle du beau, de l'art mais parce que je ne supportais plus ce héros, qui traine sa dépression de page en page - attachée au jeune Théo de 13 ans, celui de 30 ans m'ennuyait, voire m'exaspérait au fil des pages, son inertie particulièrement. Je suis quelqu'un de dynamique, battante or ici le personnage, pourtant orphelin à un très jeune âge ne connaît pas de résilience - il se complait dans son malheur et la perte de la toile ne va engendrer chez lui aucun déclic. Il sombre à Amsterdam et entraine le lecteur avec lui.  Enfin, j'avoue que la partie thriller (en Europe) ne m'a absolument pas parlée, ni enchantée.

Cependant, grâce à ce livre, j'ai découvert tout le talent de l'écrivain, et j'adore son style - j'avais acheté en poche son roman le plus célèbre Le Maître des Illusions que je réservais et je sais que je vais être ravie de retrouver ce style si riche et si fluide. 

J'espère ici que je ne tomberais pas en désamour du héros, Richard Papen comme ce fut le cas avec Théo Decker. 

En résumé, ce livre est passionnant, et m'a totalement séduit lorsque que l'écrivaine traite des œuvres d'art (je suis tombée amoureuse de ce chardonneret) ou lorsqu'elle dépeint la haute bourgeoisie, je le conseille vivement à tous les amoureux des livres. Ce roman mérite pleinement son prix. 

Je le conseille en anglais, of course! 

15 mai 2014

Pas son genre

Je suis allée voir Pas son genre après avoir lu une critique enthousiasmée du film - un film français qui montre une histoire d'amour différente, un peu comme (500) Days of Summer qui revisitait l'amour d'amour.

Lucas Belvaux a choisi d'aborder dans cette histoire d'amour inattendue entre une coiffeuse provinciale et un professeur de philo parisien "la violence culturelle", comme il le dit lui-même. En fait, le réalisateur revisite ici le mythe de l'histoire d'amour entre un beau prince et une roturière, et montre à travers cette belle histoire la différence de "classes sociales".

De plus, j'aime beaucoup Émilie Dequenne et j'étais très curieuse de la voir dans ce film, interprétée avec brio cette jeune femme simple,  prénommée Jennifer, mère célibataire, coiffeuse à Arras.  Elle croise par hasard lors d'une coupe le beau Clément (Loïc Corbery), jeune professeur de philosophie parisien, envoyé à Arras pour un an.  Clément vit littéralement cette mutation comme un traumatisme, Parisien acharné, il se voit "mourir" en province - la faculté s'arrange pour qu'il puisse rentrer dès le mercredi soir à Paris, où il s'enferme au milieu de livres, attablé à l'écriture de son prochain roman. Sa rencontre avec cette charmante coiffeuse est totalement inattendue pour lui qui ne fréquente que des femmes bourgeoises et intellectuelles.

Clément et Jennifer n'ont strictement rien en commun, mais l'attirance est réciproque et ils vont peu à se peu se rapprocher.  Deux mondes entrent en collision. Lucas Belvaux et Emilie Dequenne décrivent avec bonheur le personnage de Jennifer, qui est selon leurs mots "pleinement dans la vie" et ils ont raison. Car on l'envie - elle est heureuse, satisfaite de sa vie, adore son enfant, ses amies et ses soirées où elle joue du karaoké avec ses amies. Le réalisateur a d'ailleurs dit avoir pensé qu'elle vivait dans un film de "Jacques Demy" et il n'a pas tort. On s'attache tout de suite à elle, je me suis reconnue en elle même si je suis très différente.

Car, je me suis aussi reconnue dans le personnage de Clément, je vis à Nantes, "Le petit Paris", dans le centre, j'aime lire, aller aux expos, les émissions culturelles - bref, vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé ce film. Il y a des scènes touchantes, ces scènes où avec ses mots, Jennifer assume cette différence culturelle, des scènes difficiles (cette violence culturelle dont le réalisateur parle) et puis aussi quelques scènes très drôles, comme celle du karaoké (l'amie qui m'accompagnait a eu un fou rire énorme). 

J'ai découvert par la même occasion l'acteur Loïc Corbery qui interprète avec en tact et parcimonie cet intello parisien, rigide, élevé dans un milieu grand bourgeois, amoureux de Kant et de Proust (autre scène très drôle du film : sa participation lors d'une conférence à Paris avec un philosophe suédois, le nom même de la conférence a fait rire toute la salle) et qui cache sa vie amoureuse lors de ses retours à Paris. Le réalisateur n'épargne ici personne, et surtout pas le parisianisme aigu (il dit lui-même ressembler profondément aux deux personnages).


Lucas Belvaux cherchait un acteur qui puisse lire les extraits de Kant ou Proust avec talent, et son choix s'est naturellement porté vers un acteur de la Comédie française qui avoue cependant se sentir dans la vie beaucoup plus proche du personnage de Jennifer.  J'ai vu une interview depuis des deux acteurs qui se sont attachés à leurs personnages et ont une vision plus optimiste que celle du  réalisateur et veulent croire profondément au succès possible d'une telle histoire. Et ils n'ont pas tort, le Prince William a bien épousé Kate, non?

Un très beau moment et qui prouve que le cinéma français peut aussi produire des comédies romantiques intelligentes, différentes et profondément humaines.  Un joli moment de cinéma. A voir et à revoir.

Mon avis :


05 mai 2014

Le duel

Vous allez vous lasser - mais lorsque l'un de vos auteurs préférés, Arnaldur Indriðason, sort un livre, Le Duel qui une fois de plus, vous emporte, vous emballe, vous plaît tant que vous le dévorez en une journée - vous ne pouvez pas ne pas lui consacrer un billet. Arnaldur Indridason a donc recommencé. L'auteur islandais a signé un polar magistral - d'abord, parce qu'ici, contrairement à Betty, l'auteur est fidèle à ses trois obsessions : l'histoire (celle de Marion Briem), l'Histoire (la grande) et le genre policier.

Indridason a souhaité s'offrir quelques vacances loin de son personnage fétiche Erlendur, sans pour autant quitter le genre policier, ni même quitter Erlendur puisqu'il vous emmène dans les années 70 à la rencontre de Marion Briem - les addicts des enquêtes d'Erlendur connaissent ce personnage, le mentor d'Erlendur. Tout au long des enquêtes de notre héros, on le découvre vieux, malade (la tuberculose) mais qui inspire toujours autant le respect à son protégé. 

Mais revenons au duel - ce duel, c'est celui qui oppose à l'époque de la guerre froide, en 1972 les deux plus grands joueurs d'échecs au monde : Fischer pour les USA et Spassky pour l'URSS. Le duel est organisé sur l'île islandaise qui devient soudainement le centre du monde. Envahi d'espions, Briem est chargé d'enquêter sur le meurtre brutal d'un adolescent dans un cinéma.  Très vite, l'enquête va entrainer l'inspecteur Briem sur de multiples pistes dont celle de l'espionnage. 

L'enquête est comme toujours, chez le romancier islandais, rondement menée - Indridason adore y mêler l'histoire de son pays et se sert de son île natale comme la centrifugeuse de toutes les crises mondiales qui sévissent. La guerre froide, déjà évoquée à plusieurs reprises dans ses romans (comme de la présence de l'armée américaine) est au centre de l'histoire, symbolisée par le duel entre les deux joueurs d'échecs. 


Rassurez-vous, pas besoin de connaître les échecs pour suivre cette partie. Et comme à son habitude, le romancier entre dans la vie de ses personnages par la petite porte : ici la maladie de Briem, la turberculose,  qui comme les fjords qui obsèdent Erledur, accompagne l'inspecteur dans toute sa vie. J'ignorais tout de cette maladie (des opérations qui déforment les corps), des enfants envoyés loin de leurs familles, pour des mois, voire des années, soigner cette maladie et surtout l'impact de cette maladie sur l'Islande. Le pays fut apparemment victime dans les années 50 d'une véritable épidémie de tuberculose emportant de nombreuses vies, surtout celles de jeunes enfants.

Encore une histoire dans l'histoire et comme à son habitude Indridason dirige cette chorégraphie avec une main de maître. Quel plaisir de retrouver le romancier, son style épuré, chaque mot choisi avec soin - et en moins de trois heures j'avais dévoré le roman.

Pour les abonnés au magazine Lire, vous aurez lu la passionnante interview de l'auteur islandais - sa passion pour l'histoire de son pays et ce qui me passionne le plus : le processus d'écriture du romancier. Chaque mot est pesé et l'auteur rature peu - bref, il continue donc de m'impressionner. Je vous invite à lire son interview. 

Bref, vous l'aurez compris, un vrai coup de cœur !