!-- Font Awesome -->

14 novembre 2016

Snowden

Il me tardait de voir ce film et c'est chose faite ! Je connaissais déjà Edward Snowden, son histoire - j'avais vu une interview réalisée par Jon Stewart et regardé une interview de John Oliver et de Joseph Gordon-Levitt avant d'aller voir le film.

Ceux qui ne connaissent pas Oliver Stone ignorent peut-être sa tendance à s'appuyer beaucoup sur les détails, les dates et ici il tenait à respecter à la lettre l'histoire de ce jeune homme américain devenu lanceur d'alerte et réfugié depuis trois ans à Moscou. Le réalisateur l'a rencontré à plusieurs reprises et j'avoue que le film vaut le détour pour la toute fin du film - une vraie surprise. 

Le film a donc un côté didactique qui pourrait rebuter certains - il montre en détail la carrière de huit années qui va mener ce jeune homme patriote et plutôt conservateur à dévoiler les pratiques d'espionnage illégales de la NSA et de la CIA. Mais où Stone réussit, c'est à jongler entre les époques : le film commence à Hong-Kong en juin 2013 - Edward attend des journalistes américains et britanniques dans une chambre d'hôtel. Il sait que la CIA est à ses trousses et que les journalistes veulent voir et comprendre ce qu'ils voient avant toute publication. Une course à la montre s'engage donc avant que le jeune homme ne doive fuir à nouveau. 

Parallèlement, on découvre Edward Snowden - il a quitté le lycée pour s'engager dans l'armée. Issu d'une famille conservatrice, le père et le grand-père travaillaient pour le gouvernement, Edward voit son rêve brisé lorsqu'il se blesse. Mais le jeune homme ne lâche pas l'affaire, autodidacte, il parle plusieurs langues et surtout est un génie de l'informatique. Il rêve de faire de l'espionnage et il réalise son rêve lorsqu'il rejoint la CIA.  C'est alors qu'il rencontre Lindsay Mills (Shailene Woodley), une jeune artiste aux idées libérales - elle manifeste contre la guerre en Irak - malgré leurs divergences politiques, les deux jeunes gens s'installent très vite ensemble et elle le suit lors de ses missions en Suisse, au Japon puis à Hawaï. 


Son mentor, Corbin O'Brian (Rhys Ifan) l'a envoyé à Genève. Déçu de ne pas être affecté sur des missions d'espionnage, Edward prends on mal en patience puis on finit par lui confier une mission : celle de recruter un banquier, soupçonné de faire affaire avec des Irakiens ou des Syriens. Au côté de Kovar, un agent de terrain (Timothy Olyphant) Edward réalise que la CIA est prête à tout, même à tuer pour obtenir ce qu'elle veut. Choqué, Snowden prend une décision ultime : il démissionne de la CIA.

Mais toujours soucieux de défendre son pays des attaques terroristes, et son talent indéniable, font qu'ils décrochent des contrats avec les grands groupes travaillant pour la CIA ou la NSA (National Security Agency) et le voilà affecté au Japon. On lui confie la mission de créer un logiciel de sauvegarde mais lorsqu'il retourne travaille pour la CIA à Hawaï, il découvre que son logiciel a été détourné pour devenir un logiciel d'espionnage illégal.  

Après les attentats du 11 septembre, le Patriot Act a donné une grande liberté aux agences gouvernementales pour lutter contre le terrorisme - des milliards de dollars sont débloqués sans que le Congrès ne soit informé des progrès ou des erreurs. Très vite, Snowden comprend que la CIA espionne tout le monde - vous et moi compris. Celle-ci a obtenu des réseaux sociaux (tel Facebook), de grandes entreprises comme Google (donc Gmail), l'accès à des milliards de comptes. La CIA n'a pas le droit d'intervenir sur le sol américain et pourtant elle espionne plus de citoyens américains que de citoyens de pays ennemis ! 

Melissa Leo, Joseph Gordon-Levitt, Tom Wilkinson et Zachary Quinto (journalistes)
Comme Snowden, nous, spectateurs - prenons peu à peu conscience de ce fait et de toutes les libertés individuelles qui sont bafouées - tous les jours et le plus choquant c'est que ce n'est même pas pour servir dans la lutte contre le terrorisme : la NSA et la CIA profitent de collecter toutes ces informations privées pour assoir leur domination économique.

Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises (Bell par exemple), la NSA collecte ainsi des milliards de données via la cyber-surveillance (le plus choquant : lorsque votre ordinateur portable est ouvert - sans même être allumé, ils peuvent actionner la caméra vidéo et vous surveiller) et l'utilisent comme moyen de pression sur les citoyens.  

En sortant du cinéma, ma soeur et son amie étaient effrayées. Dorénavant, on a envie de coller un sparadrap sur la caméra ! Et lorsqu'on voit Snowden, et ses collègues (une majorité de jeunes geeks qui réalisent peu à peu ce qu'ils font) regarder la télévision rediffusant la convocation du directeur de la CIA par le Congrès Américain jurer que la CIA n'espionne pas les Américains, on a nous aussi envie de venir.

Puis Stone raconte comment Snowden a réussi à sortir ces données. Même en l'ayant déjà vu, j'ai à nouveau tressailli sur mon fauteuil ! Puis sa fuite à Hong-Kong..

Un film sous forme de thriller passionnant avec une mise en scène sobre et efficace, des acteurs géniaux (il y même Nicolas Cage et Scott Eastwood) et un rappel essentiel sur les dangers lorsqu'un gouvernement n'a plus la main sur ses services de renseignement et sur nos utilisations des réseaux sociaux. 


Joseph Gordon-Levitt parle, marche différemment pour être au plus proche de ce jeune homme effacé, timide et extrêmement intelligent. Un jeune homme qui a sacrifié sa vie personnelle. Poursuivi pour haute trahison, il ne peut plus retourner en Amérique. 

Un acte de courage incroyable. Une sacrée leçon pour nous.

Mon avis : 


4 commentaires:

  1. En plein de l'actualité évidemment ! Je ne connaissais pas l'histoire de Snowden avant que ma prof de philo ne nous en parle l'an dernier pendant un corrigé de dissert. J'ai entendu parle de ce film par un article dans le Courrier International, et vous venez de me rapeller qu'il était sorti ! J'ai hâte de le voir !
    J'enregistre votre article pour éventuellement revenir en parler une fois que ce sera fait, j'essaierai d'y penser !
    Idil Fortin

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui il est très intéressant sur la situation actuelle et l'espionnage économique :-)

      Supprimer
  2. J'ai eu l’immense chance d'assister début octobre à une avant-première du film, avec ensuite une conférence presse de Oliver Stone, c'était un sacré moment, qui a remis encore plus de perspective et de profondeur au film.
    J'espère qu'il éveillera de plus en plus de consciences, surtout avec le chemin que nous prenons en France, avec le fichier monstre mis en place, avec l'hyper sécurisation à outrance et la surveillance généralisée. Bref un film qui n'est pas qu'un simple biopic, mais un vrai travail politique (comme souvent les films d'Oliver Stone !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oh la chance ! oui, le film a un côté didactique qui a sans doute effrayé certains mais on en a besoin pour mieux appréhender ce qui se passe - car quand on voit au final que la NSA ou la CIA épient plus leurs propres citoyens que les personnes soupçonnées de terrorisme .. et surtout qu'ils utilisent ces données pour livrer une guerre économique - il faut rester vigilant ! Free refuse de livrer le nom de ses abonnés mais c'est le seul ..
      comme tu l'as vu, je peux te dire que j'adore la fin quand le héros "change de visage" - je te conseille l'interview en ligne avec John Oliver (john oliver snowden) tournée à Moscou - elle est amusante et effrayante car Oliver pointe le fait que les Américains s'en foutent d'être espionnés mais jusqu'à un certain point.. l'éducation c'est la clé.

      Supprimer