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22 février 2017

Loving

Je suis allée voir hier le film Loving. Trois raisons ont motivé mon envie d'aller au cinéma : j'adore l'acteur Joel Edgerton, j'avais découvert en préparant mon billet que l'actrice principale, Ruth Negga, était nommée aux Oscars et enfin, je voulais comprendre comment une simple histoire d'amour avait pu changer la face de l'Amérique. Et quelle belle surprise ! Encore un très joli moment de cinéma. 

Nous sommes en 1958, le film s'ouvre sur une scène classique de courses de voiture, des jeunes hommes et femmes encouragent les deux concurrents. L'un est Noir, l'autre Blanc. Dans la foule, Richard Loving (Joel Edgerton) enlace tendrement sa petite amie, Mildred (Ruth Negga). Rien de spécial, me direz-vous. Mais ici nous sommes en Virginie et les lois raciales sont toujours en vigueur. Rien n'arrive car ils ont grandi dans une communauté rurale où depuis des siècles les habitants se mélangent (Indiens Cherokee, anciens esclaves et Blancs).  
Richard aime Mildred et celle-ci attend un bébé. Richard veut faire les choses bien, il a acheté une parcelle afin d'y construire leur future maison (il est maçon) et il veut l'épouser. Mais les mariages interraciaux sont interdits en Virginie. Pas de souci, les deux amoureux partent convoler dans le District de Columbia (qui abrite une seule et unique ville : la capitale, Washington D.C).

Richard s'installe chez les parents de Mildred lorsqu'une nuit, la police du comté surgit, les réveille et les embarque en pleine nuit. Mildred et Richard ont enfreint la loi de l'Etat de Virginie. Richard est relâché sous caution dès le lendemain mais Mildred va rester plusieurs jours enfermée. Richard est un homme taciturne, un peu frustre. Introverti, il s'exprime peu. C'est Mildred qui par son sourire, tient le choc après cette arrestation. Richard a eu ordre de quitter le domicile et de ne plus voir Mildred. Mais l'amour est plus fort. Ils se revoient en cachette. 



De nouveau arrêtés, leur avocat réussit à passer un accord avec le juge local : s'ils refusent, ils sont condamnés à passer un an en prison. La grossesse de Mildred est avancée, et les deux jeunes tourtereaux ne comprennent pas grand chose au monde judiciaire. L'accord ? Ne plus remettre les pieds dans l'Etat de Virginie pendant 25 longues années.

Tous deux doivent quitter leurs familles respectives, leurs amis, leurs vies pour aller s'installer chez une cousine à la capitale. Si Richard trouve facilement du travail, Mildred passe ses journées à se morfondre. Elle n'aime pas la ville, le bruit, les sirènes de police, ici aucun parc, aucun carré d'herbe. Et elle ne supporte pas l'idée d'accoucher là. La mère de Richard est la sage-femme du comté. Les Loving décident de prendre le risque. De nouveaux arrêtés, ils échappent de justesse à la prison. 

Le temps passe, les grossesses suivent et le mouvement des droits civiques fait son petit bonhomme de chemin dans le Sud. Avec sa cousine à Washington, Mildred regarde Martin Luther King à la télévision. Celle-ci lui suggère d'écrire au Procureur Général, Robert Kennedy, pour lui demander de l'aide. Sans le savoir, Mildred vient de faire un premier pas vers leur liberté et la fin de cette loi raciste.



L'histoire n'est pas finie, je vous laisse avec Mildred et Richard suivre leur chemin long et épineux vers cette décision historique, qui les emmènera devant la Cour Suprême qui rendre le célèbre arrêt "Loving v. Virginia" qui symbole le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine. Cet arrêt aura un rôle essentiel dans la décision, plus récente, d'accorder le mariage pour tous. Le mariage est un droit fondamental, naturel et rien ne peut s'y opposer. Mais les Loving devront attendre 1967 pour se voir accorder le droit de vivre ensemble, légalement, en Virginie. 

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film reposer sur deux acteurs (tous les acteurs secondaires sont formidables, la famille de Mildred et la mère de Richard) mais ici le réalisateur ne quitte pas d'une cheville le couple Richard / Mildred. Ils sont si beaux. Avec une lumière magnifique, le réalisateur nous offre de sublimes plans sur ce couple dont j'ai envie de partager tant de photos !


Richard, l'introverti, lui qui ne comprend rien à la machine judiciaire et veut juste "que l'on le laisse vivre comme avant avec sa femme" et Mildred qui est bien décidée à voir la loi changer, et qui balaie tout avec son sourire sont si aimables, si touchants, si émouvants qu'il m'a été impossible de résister. Ils sont si beaux ensemble et Richard est d'une tendresse qui contraste tant avec le reste de ses gestes. 

Je ne compte plus les scènes où ils se cherchent, s'enlacent, se soutiennent. Un couple qui symbolise l'amour. Face à une injustice incroyable, les deux amants restent calmes. Car rien ne semble pouvoir ébranler leur union. Même lorsque les menaces pleuvent. Où lorsque les familles respectives commencent à regretter cette union et leur proposent de se séparer. Le doute les a emparés. Mildred souffre tant de cette séparation. 



Attention : le film dure un peu plus de 2h, et Jeff Nichols (Mud, Take Shelter) a choisi un rythme lent. Il peut tout à fait dérouter les spectateurs qui aiment l'action ou n'ont plus l'habitude de ce genre de film. Moi, il m'a plu justement. Cette lenteur, elle symbolise le temps suspendu. L'attente. Et puis le Sud, un autre rythme. La campagne. 

J'aime lorsqu'il filme la demande en mariage, la grossesse. J'ai aimé chaque plan, chaque mouvement, le chant des grillons, le regard de ces gens simples.

Et cette lenteur symbolise aussi toutes les années dans lesquelles le couple va vivre ailleurs et dans la clandestinité. J'ai eu envie de pleurer dans les derniers instants du film. Voici une image des vrais Richard et Mildred Loving, prise discrètement par un journaliste du magazine Life, venus les interviewer avant la décision de justice.



J'ignorais que ce genre de couple existait vraiment, celui qui se comprend dans les gestes, dans le silence de l'autre, dans l'adversité. Un très beau moment de cinéma. Et ce nom de famille, Loving, incroyable, non? 

Et moi, j'aurais bien inscrit aux Oscars Joel Edgerton également ! 

Mon avis : 


4 commentaires:

  1. C'est fou de penser qu'aux USA (enfin, dans certains états...)et dans les années 60, les mariages entre Blancs et Noirs étaient interdits...ça me semble tellement ahurissant! c'est bien que de tels films existent pour rappeler qu'il y a eu des lois iniques et que ce sont des citoyens lambdas qui ont fait bouger les choses.
    et c'est vrai que ce nom de famille est assez incroyable!

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    1. Oui ça paraît incroyable surtout qu'ils peuvent se marier dans l'état voisin. Leur histoire était très belle et Le nom de famille prémonitoire ?! 😊

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  2. Époque qui me passionne, sujet qui me passionne et une histoire à faire pleurer de tristesse et sourire de joie ! je connaissais leur histoire, car je sais que le 12 juin c'est le Loving Day, en mémoire de la date du jugement de la Court Suprême sur cette affaire.
    avec du courage, des principes, de la détermination et de l'espoir, on peut changer son pays et le monde.
    J'ai trouvé que le film avait évité tous les écueils, le larmoiement, les bons sentiments. Et Mildred mais quelle femme ! Quelle incroyable combattante. Je les aime, elle et son mari <3

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    1. Moi aussi ! J'ai cherché toutes les photos d'eux (les vrais) après avoir vu le film. J'ai adoré voir cet homme taciturne si amoureux ! comme toi, ils ont fait, sans trop le savoir, changé la loi. Un très joli moment de cinéma.

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