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28 février 2019

My addictions of the week




Mes drogues télévisuelles 

Le temps a été si formidable que j'ai passé peu de temps devant mon petit écran mais j'ai néanmoins réussi à dévorer une série documentaire diffusée sur Netflix : The Innocent Man, produite par John Grisham et j'ai aussi beaucoup aimé le téléfilm sur Marie Besnard, L'empoisonneuse de Loudun.

John Grisham, l'auteur à succès, raconte la manière dont il s'est intéressé à un fait divers en 2004 et en a fait son seul essai, The Innocent Man (traduit en français sous le titre : L'Accusé). Je n'ai pas lu le livre du coup j'ignorais tout de la vie de Ron Williamson - cet homme s'est retrouvé à cinq jours de son exécution lorsqu'une organisation, The Innocence Project, a déposé un ultime recours. Ron sera finalement innocenté.
Mais revenons au documentaire : nous sommes à Ada, en Oklahoma, une petite bourgade rurale où étrangement un lynchage anonyme il y a plus de cent ans aura mené à une immense réforme de la justice américaine. Cent ans plus tard, en 1982, une jeune femme Debbie Carter est brutalement violée et assassinée chez elle. La ville est sous le choc et le procureur veut une arrestation. Et Ron Williamson est le coupable parfait. Ancien joueur de base-ball, mais une blessure mit fin à sa carrière. De retour à Ada, il plonge dans la drogue et l'alcool et développe une maladie mentale. Il est arrêté avec Dennis Fritz, un homme sans histoire, dont l'épouse a été brutalement assassinée, le laissant seul avec sa petite fille. Le procès est expédié. A l'époque, l'ADN n'existe pas et on se base sur des cheveux retrouvés dans l'appartement de la victime. Les deux hommes crient à l'erreur judiciaire mais rien n'y fait. Ron écope de la peine capitale et Dennis de l'emprisonnement à vie.

Debbie Carter
Il faut dire que les enquêteurs sont depuis peu occupés à traquer les assassins de Denice Haraway. La jeune femme travaillait dans une station service de nuit, lorsqu'un soir un client arrivant l'a vue partir avec deux hommes. Son corps sera retrouvé longtemps plus tard.
La police du comté arrête deux hommes, Thomas Ward et Karl Fontenot - si le premier ressemble au portrait robot, le second absolument pas. Et Karl Fontenot est attardé mental. Qu'importe, après des heures de garde à vue (non filmées), les deux hommes avouent le crime devant une caméra. Ils l'ont violée à tour de rôle et l'ont poignardé à mort. Et tous deux se souviennent bizarrement très bien du chemisier à petites fleurs qu'elle portait.

Netflix suit chaque évènement, chaque procès et chaque découverte - elle donne la parole aux parents des victimes, j'avoue que j'ai beaucoup aimé la maman de Debbie, elle est d'une générosité incroyable malgré tout ce qu'elle a du vivre. Sa fille venait de quitter le domicile familial deux mois auparavant. Elle l'adorait. Ce qui est génial dans ce documentaire, c'est de voir non seulement les erreurs dans l'enquête (la police a dissimulé toutes sortes de preuves disculpant Ron et Dennis) mais aussi la ville d'Ada et ses habitants aujourd'hui. Si vous aimez les romans noirs, si vous vous intéressez à l'autre Amérique, celle des blancs pauvres, alors il est fait pour vous.  Le documentaire se suit comme une fiction, la photographie, le montage, le générique - tout y est.

Karl Fontenot et Tommy Ward avouant le crime

Je ne vous raconte pas la suite, j'ai juste découvert John Grisham dont je connais l'adaptation de certains livres et qui possède une vraie voix de cinéma et j'ai appris qu'il était membre de l'Innonence Project  qui est à l'origine de la remise en liberté de nombreux innocents, de prison ou du couloir de la mort. Un travail formidable. M'étant vivement intéressée à la peine capitale aux USA quand j'étais étudiante, je découvre que rien n'a changé depuis hélas. Je ne juge pas, nous avons eu Outreau, ne l'oublions pas. J'ai une pensée pour les victimes et pour ces hommes, en particulier Ron Williamson.

* * *

Sinon, j'ai regardé par hasard le téléfilm en deux parties sur l'affaire Marie Besnard avec dans le rôle principal, Muriel Robin. Le tournage date de 2006 et si j'en avais entendu parler à l'époque, je n'y avais pas porté grande attention. Du coup, non seulement j'ai découvert Muriel Robin dans un rôle à contre-courant et j'ai surtout découvert Marie Besnard. Surnommée l'empoisonneuse de Loudun, elle a été jugée à trois reprises pour l'assassinat de douze personnes mais a été innocentée. L'affaire avait passionné les médias à l'époque, en décembre 1949. Elle se terminera par un troisième et final procès en 1961. Marie est inculpée pour le meurtre en 1949 et est libérée en 1954 dans l'attente d'un nouveau procès.



On l'accuse d'avoir empoisonné à l'arsenic douze personnes, dont son propre mari Léon, sa mère, son premier époux Auguste (pourtant à la santé fragile toute sa vie), des membres de la famille de Léon, une amie et des locataires. Marie hérite en partie de ses décès mais la femme, économe, et douée en affaire fait des jaloux depuis longtemps. L'entreprise de son époux marche bien. D'un milieu modeste, Marie a connu une véritable ascension sociale en l'épousant. Ils n'ont pas d'enfant car Marie a du être opérée il y a des années. La femme est pieuse et reçoit, comme de nombreux habitants de Loudun, les lettres d'un corbeau. Marie est veuve pour la deuxième fois.

Alors,  lorsque l'une de ses anciennes locataires déclare que Léon a dit que sa femme avait versé quelque chose dans sa soupe alors qu'il se meurt, la rumeur enfle et son corps est exhumé. On va trouver de l'arsenic dans le sien puis dans les douze corps de proches décédés.
A l'époque, les tests ne sont pas fiables et sont très souvent mal menés. Les corps ont été mal enterrés et l'eau a pénétré les cercueils. De plus, pendant la guerre le cimetière a été transformé en potager et le gardien a utilisé de l'arsenic comme pesticide. Enfin, le zinc des cercueils en contenait. J'ai découvert que la presse entière s'était déplacée et que son procès a été suivi comme une feuilleton. Marie était revêche et n'a jamais avoué, mais son attitude a décontenancé tout le monde et le doute persiste toujours. Ainsi, son deuxième procès ne l'innocente pas et il faudra un troisième jury pour faire pencher le doute en sa faveur. Le téléfilm est bien réalisé, la jeune journaliste m'a particulièrement énervé dans la seconde partie mais j'ai aimé la réponse de Marie à son endroit.  Restera ainsi dans les annales, cette phrase célèbre du psychiatre qui l'a rencontrée pour le procès en cours d'Assises en 1954 : "Marie Besnard est normale, tellement normale qu'elle est anormalement normale". 

Bonne fin de semaine !

2 commentaires:

  1. j'ai repéré L'Accusé sur Netflix, et j'étais sûre qu'il allait retenir ton attention !

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    1. ah tu me connais bien ! Il vaut le détour en effet

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