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20 avril 2011

Rabbit Hole

J'ai vu ce film dans un des cinémas "indépendants" de ma ville, je pensais qu'il serait diffusé chez Pathé-Gaumont mais j'avais tort. La bande-annonce et le résumé me tentaient vraiment, même si je craignais un peu de voir un film avec Nicole Kidman. Fort heureusement, toutes mes craintes se sont envolées au bout de cinq minutes.

Le film est l'adaptation cinématographique d'une pièce écrite par David Lindsay-Abaire. Elle raconte l'histoire d'un couple dont la vie vient d'être complètement chamboulée, après la mort subite de leur jeune fils de 3 ans, renversé par une voiture. Leur vie qui semblait parfaite en tout point a soudainement perdu tout son sens.

Nicole Kidman joue le rôle de Becca la mère, qui ne travaille pas et passe ses journées dans une maison hantée par la présence de son jeune fils, son mari Howie (Aaron Eckhart) lutte à sa manière en travaillant et en faisant du sport.  Becca doit affronter non seulement la disparition de son unique enfant mais aussi gérer ses relations avec sa mère et une sœur Izzie dont la vie est instable et qui se retrouve enceinte.
Dianne Wiest interprète le rôle de cette mère (qui a perdu son fils il y a onze ans, d'une overdose de drogue) et qui en voyant sa propre fille perdre son enfant, revit cette disparition. Comparaison que ne supporte plus Becca qui n'a toujours pas fait son deuil. Dianne Wiest excelle dans le rôle de la mère qui tente maladroitement d'aider sa fille. Les rôles secondaires sont tous bien interprétés, on y retrouve Jon Tenney (Fritz dans L.A Closer) et Sandra Oh (Grey's Anatomy). Le sujet est grave mais le film n'est jamais larmoyant, il y a évidemment des scènes difficiles mais contrairement à d'autres films, je n'ai jamais eu envie de pleurer.

J'en suis même arrivée à me demander si l'auteur de la pièce était américain. Il est bien américain comme le réalisateur John Cameron Mitchell qui apporte un regard différent sur le deuil,  assez cynique, amer et loin du pathos.  La scène du groupe de soutien en est un bon exemple, lorsqu'une des mères dit que Dieu avait besoin d'un ange, Becca (Nicole Kidman) lui rétorque que Dieu peut bien créer tout seul un ange, trahissant sa colère contre un Dieu "sadistic" "worship me and I'll make your life miserable" dit-elle (vénérez-moi et je vous rendrais la vie misérable) puis elle quitte le groupe et n'y  remet jamais les pieds.  Le fait qu'elle remette en cause l'existence de Dieu est très fort, comme la réponse qu'elle obtient de sa mère sur ce qu'il l'attend (elle portera "toujours une brique dans sa poche").
Nicole Kidman et Aaron Eckhart dans "Rabbit Hole"
Becca reste chez elle, seule, jour après jour et ne supporte plus la maison, ni tous les objets lui rappelant son fils, son mari Howie, au contraire, y trouve un certain réconfort. Becca va alors poursuivre son propre cheminement en allant à la rencontre de l'adolescent, Jason (Miles Teller) responsable (malgré lui) de la mort de son fils. L'enfant avait poursuivi sur la route le chien de la famille qui lui même chassait un écureuil, l'adolescent n'a pu l'éviter. Le couple s'éloigne lentement, le silence grandissant autour d'eux. Howie se rend au groupe de soutien seul et se rapproche dangereusement d'une autre femme (Sandra Oh). L'unique scène d'affrontement entre les deux protagonistes montre un couple déchiré, qui oscille entre colère et désespoir et qui se rend chacun responsable de la disparition prématurée de leur enfant. Mais leur amour est plus fort, et chacun à sa manière ils vont réussir à revenir dans la vie, et à sauver leur couple. J'aime cet instant lorsque les deux époux acceptent enfin que leur vie soit à jamais différente, et qu'ils sont en mode de survie lorsqu'ils regardent la vie comme spectateurs et non acteurs, en "faisant comme si" en laissant le temps au temps, et en acceptant qu'un jour la vie sera plus forte.

J'ai été ravie de trouver Nicole Kidman. Elle m'a alors rappelé pourquoi c'est une excellente actrice - depuis "Australia", je ne reconnaissais plus l'actrice talentueuse.  Je ne voyais qu'une sorte de caricature et j'avoue, elle m'insupportait dans les publicités qu'elle a tournées. Donc ce fut une bonne chose de la retrouver. Aaron Eckhart interprète parfaitement le mari qui avance à un rythme différent  face à une épouse incapable du moindre signe d'affection.
Miles Teller and Nicole Kidman in "Rabbit Hole"

Enfin, je tenais à noter la magnifique interprétation d'un jeune acteur, Miles Teller qui joue le rôle de Jason. Jouer le rôle d'un adolescent responsable de la mort accidentelle d'un jeune enfant est tout sauf facile. Son personnage de jeune homme sensible et discret a écrit une bande-dessinée "Rabbit hole" (le terrier) titre significatif où les mondes parallèles existent et où des versions identiques de lui et Becca existent "heureux" ajoute Becca. 

Le film m'a donné envie de lire la pièce. Un film grave, touchant, parfois drôle, et qui ne tombe jamais dans le pathos.

2 commentaires:

  1. C'est grave si je ne parle que de mon amour infini (et à sens unique ) pour Aaron ?

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  2. Non, tu es pardonnée ;-) L'as-tu vu dans Possession ?

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