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04 décembre 2014

Nightcrawler (Night Call)

En allant voir le dernier film avec Jake Gyllenhaal, Nightcrawler (traduit Night Call en fr.) je ne m'attendais pas à retrouver l'acteur aussi amaigri et enlaidi. J'avoue sans détour que les premières minutes du film furent assez difficiles. Les joues creusées, les yeux globuleux, les cheveux gras et d'énormes sourcils, Jake n'est pas beau à voir. Mais il nous livre une performance hors du commun dans un film totalement à part.

Ce thriller vous offre une autre facette de la ville de Los Angeles : celle de la nuit, où les gens montrent leurs vrais visages, celui de Lou Bloom (Gyllenhaal) en l'occurrence. Petit trafiquant de matériaux volés (cuivre, laiton, etc.), il vivote à la recherche d'un job qui fera de lui un homme puissant et riche. Solitaire, il réside dans un appartement où seule une plante verte l'accompagne et dont il prend soin de manière obsessionnelle. 

Témoin d'un accident de voiture la nuit, il se découvre par hasard un nouveau métier qui paie bien : caméraman free lance chargé de filmer la nuit les accidents, incendies, crimes ou autres situations dramatiques, toujours à la recherche de "l'image" qui sera utilisée à la Une de la chaine locale d'infos le matin suivant. 

Très vite, il apprend à décoder les termes utilisés par la police et à se déplacer à toute allure la nuit à la recherche du prochain scoop. Lorsqu'il réussit à filmer de près la victime d'un meurtre, il décroche son premier contrat et se met dans la poche la directrice de la chaine TV locale, Nina (René Russo). Cette dernière en veut toujours plus : toujours plus de sang, de drame, de tension. Sans le savoir, elle alimente peu à peu la folie de cet homme. 



Car elle ignore que l'homme qui lui apporte de plus en plus d'images sordides est un dangereux sociopathe. Lou Bloom est prêt à tout pour réussir, vraiment prêt à tout. Pour lui, chaque sirène de police est une chance de gagner plus. Mégalomane, il engage un assistant Rick (Riz Ahmed, formidable) dans sa toute nouvelle société de production. Celui-ci à la recherche d'argent accepte de le suivre dans sa quête de reconnaissance et de succès au détriment de la vie des gens. Le personnage de Rick ne fait qu'accentuer chez le spectateur la réalité de la dangerosité de Bloom. Toujours à la recherche d'images chocs, il s'introduit chez les victimes, maquille les scènes de crimes avant l'arrivée de la police... Chaque appel au central accentue chez lui une sorte de frénésie maladive

L'ivresse du succès le gagne peu à peu et il finit par plonger dans la noirceur infinie de la nuit et entrainer tous ceux qui le suivent, le spectateur compris.





Que dire de plus ? Sans trahir l'histoire. Je n'ai jamais autant ressenti de malaise envers un personnage, qui plus est, le héros de l'histoire. Impossible de lui trouver une quelconque affinité. Son égocentrisme, sa froideur et son incapacité à ressentir la moindre empathie font de lui un être qu'il est impossible d'aimer, mais la spectatrice que je suis était comme aimantée à cet homme particulièrement dérangeant. 

Je me souviens avoir ressenti un profond malaise, car contrairement à d'autres films où la morale et le bien reprennent le dessus, ici le film va jusqu'au bout, rien ne semble pouvoir l'arrêter. Mais en même temps, je ressors de cette salle en ayant aimé ce film, ironique, non ? Mais, je suis certaine que sentiment était totalement voulu et orchestré par Dan Gilroy (réalisateur et scénariste du film). 

Et si le spectateur tente, comme moi de se raccrocher à un autre personnage, qu'il voit comme une victime collatérale de l'obsession de Lou Bloom, il va aussi déchanter. Ici point de salut. Tous des salauds.




Le plus dérangeant est sans doute la logorrhée de Lou Bloom. Ce dernier, se croyant nettement supérieur aux autres se voit comme un manageur hors pair pour Rick et ,si parfois son discours moralisateur peut faire sourire, il finit par trahir les signes de sa maladie : son caractère obsessionnel et surtout son incapacité à communiquer avec les autres. 

Alors, j'ai croisé et décroisé les jambes, écarquillé les yeux et je me suis enfoncée un peu plus dans mon fauteuil. J'ai presque émis un "ouf" de soulagement lorsque le film a pris fin. J'en retiens un sombre portrait de la société actuelle, d'une société vampirique qui redemande sans cesse plus de sang.

Et surtout je retiens une performance exceptionnelle de Jake Gyllenhaal, qui m'avait déjà interpelé dans les rôles sombres comme Prisoners ou Brothers et prouve ici tout son talent. Je ne regrette donc pas d'avoir parié sur lui et de l'avoir introduit à mon Hall of Fame personnel (Sir Jake Gyllenhaal). Nul doute qu'il sera sur la liste des nominés aux prochaines cérémonies.

Si le film souffre parfois d'un manque de souffle, il n'en reste que le personnage de Lou Bloom vaut à lui seul le détour.

Mon avis : 

4 commentaires:

  1. Le personnage de Robert de Niro dans Taxi Driver m'avait encore plus mise mal à l'aise (j'y pense parce qu'il y a un lien entre les deux films, difficile à exprimer et qui ne vient pas uniquement du fait qu'ils traînent dans la nuit en voiture ^_^).

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    1. Ah oui je n'ai pas fait le lien en fait. Comme tu le disais on a mentionné Drive, totalement faux ! Mais ce personnage m'aura vraiment marqué

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  2. J'ai sauté un petit passage de ton texte car j'ai eu peur d'un spoiler mais tu m'as donné très envie de voir le film !

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    1. Merci ! Oui j'essaie de ne pas en dire trop , le mieux c'est que tu ailles le voir pour te faire une idée ! (si tu as encore le temps)

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