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09 mars 2016

Ave César !

Je suis plutôt fidèle aux films des frères Coen, je vais les voir dès leur sortie même si je les trouve parfois plus inspirés ou au contraire, un peu moins facétieux.  J'ai lu pas mal de choses sur leur dernier film, Ave César ! et vu les débats dans l'émission du Cercle. Les deux journalistes qui s'étripaient avaient au final, à mes yeux, tous deux raisons. Les Coen ont toujours aimé voyager dans le temps (O'Brother where art thou? True Grit, Inside Llewyn Davis) et le Hollywood des années 50 ne pouvaient leur échapper.

Qui est Eddie Mannix (Josh Brolin) ? C'est le fixer officiel des Studios Capitole. Son job ? Il est chargé de régler (fixer) tous les problèmes et risques inhérents à chaque film tourné dans les studios, que ce soit une comédie musicale avec le célèbre Bert Gurney (Channing Tatum), un ballet nautique avec la star DeeAnna Moran (Scarlett Johansson), une pièce de théâtre adaptée par le célèbre réalisateur Laurence Laurentz (Ralph Fiennes) avec en tête d'affiche la star montante du western Hobie Doyle (Alden Ehrenreich), Mannix négocie, prévient, empêche toutes les bourdes inimaginables. Ces stars boivent, couchent à gauche et à droite ? Eddie les récupère, les envoie se "reposer", et empêche tous les paparazzis de publier les photos compromettantes. 

Ce jour-là, Eddie doit recevoir les responsables des communautés religieuses pour faire valider leur adaptation visuelle de la Bible en technicolor, avec en vedette la star des studios : Baird Whitlock (George Clooney) mais Baird est enlevé par des hommes mystérieux. Eddie doit enquêter tout en devant gérer l'énorme crise de colère de Laurence Laurentz qui se voit affubler dans son film, le jeune acteur Hobie Doyle, cavalier émérite et héros de western mais qui est incapable de jouer une seule scène. Ajoutez-y la star des ballets nautiques, DeeAnna qui jure comme un charretier et se retrouve enceinte sans le père de l'enfant pour l'épouser et la faire rentrer dans le droit chemin. 



Mannix va alors user de toutes ces ficelles pour sortir une fois de plus les studios Capitole d'une mauvaise passe. Les horribles soeurs jumelles, Thessaly et Thora Thacker (Tilda Swinton) s'étant promises de publier dans la presse des révélations sur Baird et sa prétendue homosexualité !

J'ai passé un bon moment en compagnie de George, qui est enlevé par une bande de scénaristes devenus communistes dont le chef n'est autre que le célèbre... bon j'arrête là, mais les Coen auront réussi à glisser un sous-marin soviétique dans leur film !

Les frères Coen ont eu un malin plaisir à nous entrainer dans les coulisses de plusieurs tournages, si on assiste à des scènes magnifiques, comme le ballet nautique ou le numéro de claquettes et de chant tonitruant - qui sont, je le pense, un hommage à Hollywood et le rêve caché des frères Coen de pouvoir tourner ce genre de scènes. Mais les Coen jouent un jeu à double face et on assiste aussi à une franche rigolade : les Coen livrant aux spectateurs les dessous du spectacle.  

La superbe naïade qu'est Scarlett jure comme un charretier et perd tout de son aura dès qu'elle ouvre la bouche. Baird Whitlock, la star du film, est un idiot patenté, qui finit par se rapprocher de ses ravisseurs et par défendre leurs valeurs avant de nous livrer une scène de fin de film mémorable ! 

Un de mes moments les plus rigolos est lorsqu'Eddie met au tour d'une table un prêtre, un pope orthodoxe, un rabbin et un protestant pour faire valider le scénario de ce film inspiré de la Bible. Jésus apparait à Baird (si si) mais Jésus existe-t-il ? Est-il le fils de Dieu ? Les chefs religieux finissent par s'engueuler autour de cette question et se fichent totalement du film.


Mais le moment le plus drôle du film reste pour moi la scène où Laurence Laurentz, un réalisateur célèbre doit composer avec le jeune Hobie Doyle, qui est à l'affiche d'un western où ses actes de bravoure sur son cheval sont aussi très amusants. L'acteur apprend le jour même qu'il doit rejoindre un autre studio pour y tenir son premier rôle dramatique. Décision du Président des Studios. Mais le jeune homme vient du terroir, un accent Texan à couper le souffle et la démarche du cavalier, les jambes arquées, il est infoutu de tourner une scène et encore pire de prononcer une phrase (à voir en vo absolument). Le réalisateur lui fait répéter sa phrase et la scène est excellente ! J'ignore comment les deux acteurs, Ralph et Alden ont fait pour ne pas éclater de rire.

Le bémol du film vient selon moi de son manque de rythme, pas l'absence de rythme mais son changement, mal géré. Une scène drôle n'est pas suivie par une autre scène drôle ou exaltante et notre bonne humeur retombe comme une crêpe. J'aurais vraiment souhaité un rythme plus enlevé, comme dans Brother, where art thou? Ici, on alterne entre scènes trop calmes et scènes de comédie. La facétie des Coen ne s'exprime que très rarement. Leur chance ? Les acteurs s'en donnent à coeur joie. 

Que ce soit Clooney, qui joue l'idiot, toujours aussi parfaitement ou la révélation du film, Alden Erheinreich qui dans les bottes de ce cowboy, pas méchant pour un sou, prend un accent et des mimiques exceptionnelles ou Channing Tatum qui apprend les claquettes et le chant, tout le monde s'est donné à fond. Mais le scénario ne semble pas abouti. Mon ressenti est mi-figue, mi-raisin. 

Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas adoré. Les portraits des acteurs de cette époque sont drôles mais on le savait déjà - pas de vitriol ici, les Coen les regarde avec l'amour pour cette période du cinéma qui reste éternelle.

Un bon moment, mais sans la petite étincelle qui me fait d'habitude adorer leurs films. Dommage.

Mon avis : 

Edit : ce billet a été rédigé il y a presque deux semaines mais totalement oublié ! 

2 commentaires:

  1. J'ai été plus enthousiaste que toi je crois ^^ Il faut dire que je me gave littéralement de films de l'âge d'or hollywoodien et à chaque scène quasiment je me remémorais le film dont ça pouvait être le pastiche, la référence ! C'est vraiment un film d'amoureux du cinéma : un amoureux lucide et moqueur ! Ils ont même réussi à me faire apprécier Scarlette que je peux pas encadrer habituellement :)

    Bise et belle journée à toi !

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    1. Ah moi non plus, je n'aime pas Scarlett habituellement sauf dans Don Jon (en rôle de pétasse, elle assure) mais là le langage de poissonnière lui allait bien ! Tant mieux pour toi, tu l'as pris comme un hommage à Hollywood. La satire,tu es passé à côté. Me reste quand même, avec le recul, de bons souvenirs notamment de la performance toujours aussi amusante de George Clooney ! Et je continuerai d'aller voir leurs films ;-)

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