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28 mai 2013

The Great Gatsby

J'avais écrit un fort long billet pour vous résumer quel est mon sentiment après avoir vu la dernière adaptation cinématographique du roman de F.S Fitzgerald, The Great Gatsby et j'ai trouvé le moyen de tout perdre. J'hésitais beaucoup à aller voir le dernier opus du réalisateur australien, Baz Luhrmann, ayant je l'avoue été déçue par ses derniers long-métrages, et surtout parce que Fitzgerald figure parmi mes romanciers préférés et j'avais évidemment peur d'être déçue par cette nouvelle adaptation.

Pour être honnête, je n'avais pas du tout été sensible à Australia, ni à Moulin Rouge. Luhrmann aime les grands spectacles et les histoires d'amour tragique. En fait, mon œuvre préférée du réalisateur australien reste à ce jour Roméo et Juliette. Pourquoi suis-je donc allée voir ce film ? En premier, parce que j'aime beaucoup l'acteur Leonardo Di Caprio, et les quelques images me montraient enfin un Gatsby magnifique, comme je l'imagine en lisant le roman et enfin les critiques positives (Océane par exemple) m'ont finalement persuadé d'aller voir ce film, en version originale et en 3D.

Ai-je finalement été séduite ? Ma réponse est le suivante : 

Les points positifs ? 

Leonardo Di Caprio en premier lieu. J'ai été emportée par le jeu et la beauté de l'acteur, il donne enfin de l'épaisseur au personnage de Gatsby, et réussit à jouer "double" comme le personnage du roman le demande. Ce talent qui avait fait défaut à Redford en son temps, qui avait campé un Gatsby un très lisse. 

Je pense depuis longtemps que Di Caprio est définitivement un de meilleurs acteurs de sa génération et il le prouve une fois de plus. Gatsby est le fantasme de Nick Carraway, il n'existe qu'à travers ses souvenirs, celui d'un  homme mystérieux qui offre à chaque personne qu'il croise une parenthèse idyllique, tous sont sous le charme de ce menteur invétéré et seul Nick saura qui se cache réellement derrière cette façade, dont la soudaine fortune donne naissance à de multiples rumeurs. Un homme brisé par une enfance pauvre, amoureux éperdu d'une femme fantasmée. J'avoue, je n'ai jamais été sensible au charme de Di Caprio, excepté peut-être lorsque j'étais plus jeune dans Roméo et Juliette. Du fringalet Jack dans Titanic à cette brute dans les bas-fonds de New York au visage bouffi, cette transformation physique m'avait perturbée. 

Aussi, quelle ne fut pas ma surprise, en sentant grandir au fond de moi, pendant le film - un émoi étrange et l'étrange vérité : Di Caprio est juste sublime dans ce film. Sa coupe de cheveux, blond vénitien, le teint halé, les costumes qu'il porte merveilleusement, je ne sais pas comment l'expliquer, mais lorsqu'il part rejoindre Daisy dans le parc, à l'abri des regards et lorsque plus tard, il va rendre visite à son ami Nick, je ne peux m'empêcher de sourire bêtement ou "giggle" comme disent les anglophones, bref d'agir comme une gamine de treize ans face à un beau garçon. Merci Baz Luhrmann pour ça.

J'ai aussi aimé l’interprétation de Joel Edgerton, même si dans le roman, le richissime Tom Buchanan semble moins repoussant, l'acteur australien réussit surtout à tenir la tête à Di Caprio, et dans le duel qui les oppose pour obtenir les faveurs de la belle Daisy, il réussit même à voler la vedette à l'acteur hollywoodien (enfin américain, car les Oscars snobent Di Caprio pour je ne sais quelle raison). 

J'ai été aussi sensible aux soins apportés au décors, du mobilier au tapisseries, moi qui adore la période Art déco, je n'ai pu évidemment que trouver  les maisons, les objets, les meubles et évidemment les vêtements et bijoux portés par les acteurs et actrices, sublimes et magnifiques. Le spectateur ne peut rester insensible et on peut se demander aujourd'hui si les architectes ne pourraient pas s'inspirer à nouveau de cette période.

Et les côtés négatifs ?

Ces bémols qui font que je ne ressors pas non plus éblouie ou enchantée par ce film, je l'ai dit : je suis très subjective car j'adore le roman. Et l'interprétation que je me suis faite du roman est forcément différente de celle de tout autre lecteur, et comme à chaque adaptation cinématographique d'un roman adoré, le lecteur attend énormément du réalisateur et avouons-le est souvent en partie déçu. 

F.S Fitzgerald a, quelque part, déculpabilisé tous les réalisateurs en déclarant à un ami, après la sortie en 1925 de son roman (un échec cuisant) "of all the reviews, even the most enthusiastic, not one had the slightest idea what the book was about.”
Ou plus clairement, de toutes les critiques, mêmes les plus enthousiastes, aucune n'a su saisir quel était l'objet réel de mon livre. 
 
Et ici, j'ai l'impression que le réalisateur australien s'est fait plaisir en adaptant l’œuvre du romancier américain : ainsi, il est clair qu'il a adoré mettre en scène les scènes de fêtes, ces orgies gigantesques. Lurhmann y consacre les vingt premières minutes, j'ai vu ici le un réalisateur de clip vidéo qui fait appel à ses amis, Jay Z pour ne citer que lui, afin d'entrainer les spectateurs dans un tourbillon de lumière, d'images et de musique. C'est pourquoil est difficile de ne pas voir ici une chorégraphie à la mesure de celle utilisée dans Moulin Rouge.



Mais j'avoue que j'ai vite trouvé le tourbillon étourdissant, la musique assourdissante, et surtout le temps consacré à ces fêtes trop long. Et je n'ai pas retrouvé, sous-jacente, la critique acerbe du romancier américain, pour ces fêtes qui montraient soudainement cette élite new-yorkaise, qui courait ici à sa fin (le crack de 1929 approchait) venir ici s'amuser, traversant au passage l'un des quartiers les plus pauvres, sans sourciller.
 

Bref, je vieillis peut-être, mais j'ai eu l'impression que le réalisateur voulait à nouveau nous démontrer son talent pour mettre en scène d'immenses chorégraphies, je le remercie mais je me serais bien passée de tout ce temps, comme de la 3D que j'ai trouvé rapidement inutile. 

Ma seconde remarque sur la forme porte sur le choix narratif du réalisateur de faire de Nick Carraway, un romancier. Dans l’œuvre de Fitzgerald, le jeune homme est reparti rejoindre sa famille dans le Midwest, après s'être brulé les ailes à New York. Il raconte ses souvenirs dont la rencontre avec l'énigmatique, mais néanmoins fascinant Gatsby. Ici, il se retrouve subitement interné, avec comme proposition du thérapeute, de mettre par écrit, le récit de sa rencontre avec Gatsby. Ce choix cinématographique permet au réalisateur australien d'ajouter certains effets visuels ainsi certains mots ou phrases du romancier américain apparaissent à l'écran, et l'on voit le jeune Nick, écrire presque d'une traite, tout un roman. Roman qui ne sera jamais publié, promet le thérapeute. Si cette digression me choque en tant que lectrice, elle me plait comme spectatrice, surtout la fin, lorsqu’il ajoute l’adjectif "the great". 

Je dois maintenant aborder le casting, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, je ne remercierai jamais assez Lurhmann d'avoir confié le rôle de Gatsby à Leonardo Di Caprio. Mais je dois avouer que je n'ai pas aimé le choix du réalisateur pour le rôle de Daisy. Daisy a fait chavirer le cœur de Gatsby (choix tragique), la Daisy du roman est sublime, elle fascine le monde entier, jeune héritière sudiste, elle, comme Scarlett O'Hara, est entourée de prétendants. Que le pauvre James Gatz (futur Jay Gatsby) ait pu approcher et voler le cœur de cette beauté du Sud est surprenant.  Or si j'adore en temps normal Carey Mulligan (je l'ai vu dans plusieurs films, dont Drive ou Never let me go, ou Pride and Prejudice), je lui reproche, un je ne sais quoi - je n'ai cessé pendant le film de trouver plus belle, et plus représentative de cette époque sa meilleure amie, la jeune golfeuse Jordan Baker (interprétée par Elizabeth Debicki). Concrètement, je n'ai pas aimé le visage de l'actrice lorsqu'il est fardé comme pouvaient l'être les femmes à cette époque.


Enfin, j'ai vu presque une erreur de casting, lorsque je découvre que le complice de Gatsby, Meyer Wolfsheim, un juif new-yorkais est ici interprété par un acteur d'origine indienne ! Et qu'il conserve cependant son nom juif et que le réalisateur laisse au personnage Buchanan les paroles antisémites et racistes, si courantes à l'époque ("le youpin" entre autres). Avouez qu'un juif indien... 

Enfin, mon plus grand reproche au film, toujours comparé au roman, c'est d'avoir, dans le dernier quart d'heure au film voulu enfin traiter le thème sous-jacent du roman : l'amour est une trahison. F.S Fitzgerald n'a pas écrit une sublime histoire d'amour, il a écrit une histoire qui parle, entre autres d'amour (souvenez-vous du film (500 days) of Summer avec JG Levitt et Zooey Deschanel). L'histoire d'amour entre Gatsby et Daisy est à sens unique.

Daisy, héritière d'une grande famille, a aimé Gatsby alors adolescente, séduite par un jeune officier (Scarlett...), elle l'aime comme un bonbon dont le goût sucré lui rappelle cette jeunesse flamboyante. C'est un amour adolescent, le premier donc forcément fort et unique, elle l'oublie néanmoins en épousant Tom Buchanan dont elle avouera être tombée amoureuse. Elle est tombée amoureuse de son double, tout aussi égoïste, tous deux héritiers de grande fortune, ils appartiennent à une caste. Buchanan méprise ses "self-made" men, ces hommes, comme Gatsby devenus riches par leurs propres moyens. Daisy et Tom se trompent mutuellement mais se refusent à vivre ailleurs que dans ce monde qui est le leur.  L'homme trompé dans l'histoire n'est pas Buchanan mais bien Gatsby, qui pendant ces cinq années a construit un empire croyant pouvoir regagner le cœur de sa promise.

L'autre élément, dont j'ai un peu plus parlé plus haut, est la critique acerbe de cette société new-yorkaise, indifférente à la pauvreté qui les entoure et qui profite des fêtes majestueuses organisées par Gatsby mais qui sont aussi les premiers à l'accuser d'un crime dont il est innocent (deuxième trahison de Daisy) et à le laisser ainsi tomber dans l'oubli. 

Fitzgerald parlait d'un monde que lui et son épouse connaissaient parfaitement. La seule histoire dont les sentiments sont réels et partagés, c'est l'amitié entre Nick et Gatsby. Et j'avoue, que la dernière scène du film réussit fort heureusement à la montrer. Mais quel dommage que tous ces éléments ne soient abordés qu'à la toute fin du film. 

 Ma note :

4 commentaires:

  1. Comme toi j'ai adoré Di Caprio dans ce film et plus généralement j'ai aimé le film car cette histoire me touche... A voir!

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    1. Oui, qu'un homme soit follement amoureux sans être aimé en retour.. et Di Caprio, ah quelle bonne surprise !

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  2. Tiens, c'est amusant, mais moi aussi, qui n'ai jamais été sensible aux charmes de DiCaprio (je l'apprécie énormément comme acteur mais c'est tout), là, quand même, avec son beau pull et tout... L'allure fait énormément aussi.

    Et donc, tu confirmes un truc que je supputais sans en être sûre: Daisy aime effectivement plus son mari que ne le laisse deviner Luhrmann. Certes, elle s'angoisse quand il va voir ailleurs, mais durant le film, je n'ai pas compris si c'était par fierté ou par jalousie. Ce côté de Daisy est dévoilé puis recaché, il aurait pu être mieux montré à la fin alors...

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    1. Ah oui, moi aussi, je le considère comme acteur mais là, j'ai vu l'homme ;)

      Oui, elle aime son mari car il appartient au même monde qu'elle, au fond elle tient plus à son rang qu'à l'amour. J'aurais bien aimé que Lurhmann fasse un livre plus sombre, il pouvait le faire, dans ces immenses "mansions" mais bon .... un jour peut-être !

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