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18 mars 2015

The virgin suicides (roman)

J'ai dégoté le livre un peu par hasard, dans une boutique de livres d'occasion il y a un ou deux ans - j'avais beaucoup aimé l'adaptation cinématographique signée Sofia Coppola (1999). Puis je l'ai oublié jusqu'à cet été quand je l'ai retrouvé.

J'ai lu le roman de Jeffrey Eugenides en novembre dernier et  j'ai publié ce billet sur mon autre blog littéraire mais je souhaitais le partager aujourd'hui avec vous.

Car ce livre ..quel choc ! Un livre culte, comme le film - pourtant l'histoire est dramatique. Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler du livre, et/ou du film, voici l'histoire en ces grandes lignes : 

Devenu adulte, un garçon (le narrateur) témoigne de l'histoire tragique de la famille Lisbon dont les cinq filles vont se suicider en l'espace d'une année. Ce garçon et ses amis, fascinés par cette famille voisine de la leur, se remémore cette période à l'âge adulte et tente de percer à jour les nombreux mystères entourant cette famille. La mère de famille, chrétienne pratiquante, va peu à peu isoler ses filles du monde extérieur après le suicide de la benjamine, les entrainant inconsciemment vers leur perte. Les sœurs vont alors s'effacer comme les visages sur les vieux polaroid. 


En lisant le livre, le visage de Lux (interprété au cinéma par Kirsten Dunst) ne cessait de m'obséder.  L’œuvre est puissante et l'adaptation cinématographique retranscrit parfaitement cette lente descente aux enfers. Les personnages sont énigmatiques pourtant le lecteur est rapidement obsédé par ces jeunes filles, comme le narrateur à l'époque des faits. Ce que j'aime dans ce roman, c'est qu'il retranscrit toute une palette d'émotions : envies, espoirs et fantasmes, qu'il a, adolescent amoureux, ressenti. Le lecteur est donc partagé entre les souvenirs (visuels, auditifs et olfactifs) du narrateur et les témoignages recueillis auprès des voisins et autres personnes qui ont pu approcher les Lisbon. 

La vision parfois édulcorée du jeune homme (nous sommes dans les années 60) apporte au roman une touche romanesque, idéalisée par son amour envers ces jeunes filles évanescentes. Et comme lui, le lecteur assiste, impuissant à la lente désintégration d'une famille, obsédée par la religion et la peur de l'autre.

"En y repensant, nous décidâmes que les filles n'avaient cessé d'essayer de nous parler, de nous demander notre aide, mais que nous étions trop amoureux pour les entendre. Notre surveillance était si concentrée que nous n'avions rien manqué sinon un simple regard rendu. Vers qui d'autres se seraient-elles tournées ? Pas leurs parents. Ni les voisins. A l'intérieur de leur maison, elles étaient prisonnières ; à l'extérieur, lépreuses. Et ainsi elles se cachaient du monde, attendant que quelqu'un - nous - les sauve". 

Le livre et le film se complètent parfaitement. A cela, s'ajoute le style de l'auteur : épuré, classique mais également très moderne et visuel.

 


Jeffrey Eugenides a écrit, sans le savoir, un roman culte, sans aucun doute - il réalise un tour de force en critiquant cette Amérique puritaine qui au lieu d'aider ses enfants à s'ouvrir au monde, les enferme et les pousse au suicide. Car si la mère vise la vertu, ses filles rêvent de liberté et leur unique moyen de l'atteindre sera par le suicide.  Terrifiant. Difficile pour moi de comprendre le raisonnement des adultes face au désarroi de leurs enfants qui rêvaient juste d'une adolescence normale. 

Vierge suicidée
Qu'est-ce qu'elle criait?
Pas de raison de rester
Dans le train du malheur
Elle m'a donné sa fleur
C'est ma vierge suicidée

Un roman à lire absolument
 

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