Qui ne connaît pas l'histoire d'Emma Bovary ?! Moi ! Ayant été élevée par des professeurs en guerre contre l'éducation nationale, je n'ai jamais l'oeuvre de Gustave Flaubert. Si le nom d'Emma croisait souvent ma route, je n'ai jamais eu l'idée d'ouvrir le livre. Ayant décidé de lire les classiques, j'ai acheté une édition l'an dernier mais le film de Sophie Barthes m'aura devancé. Et je ne pouvais pas dire non à Mia Wasikowska, que j'adore et encore moins non à Ezra Miller !
Le film, tourné en anglais, laisse quand même la part belle au français, on chante en français, les enfants jouent en français. Nous voilà transportée à la moitié du 19ème siècle. La petite Emma, orpheline de mère, a été confiée à un couvent. Elle y apprend tout ce qui est nécessaire à une jeune femme de l'époque : coudre, repasser, cuisiner. N'ayant point de vocation religieuse, elle est finalement "libérée" pour épouse le Docteur Charles Bovary. Emma est une romantique, elle lisait des romans à l'eau de rose (et en était punie) et ne rêve que de passion et de belles choses. Mais le mariage avec Charles se révèle catastrophique pour la jeune femme. Le couple emménage à Yonville, dans le campagne normande, loin de la ville (Rouen), et de toutes distractions.
Son époux est un homme tendre et charmant, mais aussi rigide et ennuyeux. Il se dévoue entièrement à son métier, médecin de campagne et Emma s'ennuie. Vite. Très vite. Emma rêve de passion. Elle la trouvera ailleurs, dans la soie et les bijoux, lorsqu'elle croise la route de Monsieur Lheureux, un marchand qui "fait crédit" et qui va ruiner le couple Bovary. Car Emma ne rêve que de voyages, de luxe et de volupté. Elle lui achète robes et tissus. Très vite, elle est la plus jolie femme et la femme la mieux habillée du comté. On la remarque et lorsqu'elle croise la route du jeune clerc de notaire, Léon Dupuis (Ezra Miller), amoureux des belles lettres et qui rêve aussi d'ailleurs, elle trouve son double.
Lorsque Léon lui avoue ses sentiments, Emma le rejette. Il part immédiatement pour Rouen. Emma plonge dans la déprime... Mais son physique avantageux fait d'elle une proie facile et lorsqu'elle croise la route du beau Marquis Andervilliers (Logan Marhsall-Green), son sang ne fait qu'un tour !
Je ne vous raconterais pas toute l'histoire, mais sachez qu'elle recroise le chemin du beau Léon !
La réalisatrice a pris des libertés avec l'histoire originale - ainsi Emma n'a jamais eu d'enfant dans cette version et le propriétaire du château Rodolphe Boulanger est devenu Marquis. Mais l'histoire est là, celle d'une femme, dont le romantisme la poussera, elle et son époux à la perte. Si l'histoire peut paraitre quelque peu fade, il n'en reste néanmoins une réalisation très soignée - la campagne normande, la vie à l'époque (surtout celle des paysans, des domestiques) est magnifiquement filmée et puis il y a les acteurs et en particulier Mia Wasikowska, qui interprète avec talent cette jeune femme névrosée. Décidément, j'ai du voir l'actrice dans tous ses films et elle ne cesse de m'étonner.
J'ai passé deux heures dans la campagne normande hivernale, à m'ennuyer avec elle dans cette maison où l'époux ne peut imaginer qu'une femme puisse rêver d'une autre vie (à l'époque, les femmes n'ont pas leur mot à dire) et lorsqu'elle lui cuisine avec amour un dessert, il lui préfère une pomme, car c'est à la domestique de les ramasser ! On comprend aisément que la dépression vienne vite ! Mais à l'époque, ce sont ses moeurs dissolues qui auront raison d'elle et le jugement de la société sera sévère. Emma Bovary appartenait au 20ème Siècle, ce fut là son malheur.
Que dire des personnages masculins ? Un libertin et une jeune homme trop sérieux mais follement amoureux ? Des hommes de leur époque. Tous les acteurs, que ce soit l'époux, interprété par Henry Lloyd-Hugues (un inconnu pour moi) ou Logan Marshall-Green, le Marquis volage, acteur américain (son visage me parlait, il a joué dans Prométhée), ils sont tous très bons. Et que dire de Rhys Ifans ? Je ne cesse de le croiser et dans le rôle du vil M.Lheureux (sorte de Cetelem qui fait crédit..), il excelle. On le déteste avec plaisir. Evidemment, je ne peux pas finir ce billet sans parler d'Ezra Miller qui joue à merveille, toujours aussi magnifique. Un vrai plaisir des yeux, je l'avoue !
J'aime toujours autant les classiques, surtout lorsqu'ils ouvrent sur un matin brumeux en campagne.
Mon avis : ♥♥♥(♥)