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09 novembre 2015

Madame Bovary

Qui ne connaît pas l'histoire d'Emma Bovary ?! Moi ! Ayant été élevée par des professeurs en guerre contre l'éducation nationale,  je n'ai jamais l'oeuvre de Gustave Flaubert. Si le nom d'Emma croisait souvent ma route, je n'ai jamais eu l'idée d'ouvrir le livre. Ayant décidé de lire les classiques, j'ai acheté une édition l'an dernier mais le film de Sophie Barthes m'aura devancé. Et je ne pouvais pas dire non à Mia Wasikowska, que j'adore et encore moins non à Ezra Miller !

Le film, tourné en anglais, laisse quand même la part belle au français, on chante en français, les enfants jouent en français. Nous voilà transportée à la moitié du 19ème siècle. La petite Emma, orpheline de mère, a été confiée à un couvent. Elle y apprend tout ce qui est nécessaire à une jeune femme de l'époque : coudre, repasser, cuisiner. N'ayant point de vocation religieuse, elle est finalement "libérée" pour épouse le Docteur Charles Bovary. Emma est une romantique, elle lisait des romans à l'eau de rose (et en était punie) et ne rêve que de passion et de belles choses. Mais le mariage avec Charles se révèle catastrophique pour la jeune femme. Le couple emménage à Yonville, dans le campagne normande, loin de la ville (Rouen), et de toutes distractions. 

Son époux est un homme tendre et charmant, mais aussi rigide et ennuyeux. Il se dévoue entièrement à son métier, médecin de campagne et Emma s'ennuie. Vite. Très vite. Emma rêve de passion. Elle la trouvera ailleurs, dans la soie et les bijoux, lorsqu'elle croise la route de Monsieur Lheureux, un marchand qui "fait crédit" et qui va ruiner le couple Bovary. Car Emma ne rêve que de voyages, de luxe et de volupté. Elle lui achète robes et tissus. Très vite, elle est la plus jolie femme et la femme la mieux habillée du comté. On la remarque et lorsqu'elle croise la route du jeune clerc de notaire, Léon Dupuis (Ezra Miller),  amoureux des belles lettres et qui rêve aussi d'ailleurs, elle trouve son double.



Lorsque Léon lui avoue ses sentiments, Emma le rejette. Il part immédiatement pour Rouen. Emma plonge dans la déprime... Mais son physique avantageux fait d'elle une proie facile et lorsqu'elle croise la route du beau Marquis Andervilliers (Logan Marhsall-Green), son sang ne fait qu'un tour !

Je ne vous raconterais pas toute l'histoire, mais sachez qu'elle recroise le chemin du beau Léon !

La réalisatrice a pris des libertés avec l'histoire originale - ainsi Emma n'a jamais eu d'enfant dans cette version et le propriétaire du château Rodolphe Boulanger est devenu Marquis. Mais l'histoire est là, celle d'une femme, dont le romantisme la poussera, elle et son époux à la perte. Si l'histoire peut paraitre quelque peu fade, il n'en reste néanmoins une réalisation très soignée - la campagne normande, la vie à l'époque (surtout celle des paysans, des domestiques) est magnifiquement filmée et puis il y a les acteurs et en particulier Mia Wasikowska, qui interprète avec talent cette jeune femme névrosée. Décidément, j'ai du voir l'actrice dans tous ses films et elle ne cesse de m'étonner. 



J'ai passé deux heures dans la campagne normande hivernale, à m'ennuyer avec elle dans cette maison où l'époux ne peut imaginer qu'une femme puisse rêver d'une autre vie (à l'époque, les femmes n'ont pas leur mot à dire) et lorsqu'elle lui cuisine avec amour un dessert, il lui préfère une pomme, car c'est à la domestique de les ramasser ! On comprend aisément que la dépression vienne vite ! Mais à l'époque, ce sont ses moeurs dissolues qui auront raison d'elle et le jugement de la société sera sévère. Emma Bovary appartenait au 20ème Siècle, ce fut là son malheur. 

Que dire des personnages masculins ? Un libertin et une jeune homme trop sérieux mais follement amoureux ? Des hommes de leur époque. Tous les acteurs, que ce soit l'époux, interprété par Henry Lloyd-Hugues (un inconnu pour moi) ou Logan Marshall-Green, le Marquis volage, acteur américain (son visage me parlait, il a joué dans Prométhée), ils sont tous très bons. Et que dire de Rhys Ifans ? Je ne cesse de le croiser et dans le rôle du vil M.Lheureux (sorte de Cetelem qui fait crédit..), il excelle. On le déteste avec plaisir. Evidemment, je ne peux pas finir ce billet sans parler d'Ezra Miller qui joue à merveille, toujours aussi magnifique. Un vrai plaisir des yeux, je l'avoue !

J'aime toujours autant les classiques, surtout lorsqu'ils ouvrent sur un matin brumeux en campagne.

Mon avis : ♥(♥)

02 novembre 2015

Crimson Peak

Je n'avais pas particulièrement envie d'aller m'enfermer dans une salle sombre au milieu de tous ces vampires (oui j'ai cru à des vampires en voyant quelques images) mais ma sœur avait très envie de le voir car son acteur chouchou Charlie Hunnam faisait partie du casting. J'étais quand même curieuse car j'adore Mia Wasikowska et Jessica Chastain. Et le résultat fut jouissif ! 

Guillermo Del Toro, le réalisateur et co-scénariste a définitivement pris son pied en emmenant les spectateurs dans l'Amérique du début du 20ème siècle, au nord de l’État de New York, à Buffalo à la rencontre de personnages les plus incongrus les uns que les autres. Edith Cushing (Mia Wasikowska) est encore une enfant lorsque sa mère meurt de la peste noire (le choléra). La mère est à peine enterrée que son fantôme vient rendre visite une nuit à la petite fille. Le fantôme, particulièrement réussi, vient souffler ces mots à l'enfant terrorisée "Méfies-toi de Crimson Peak". 
Une quinzaine d'années à passer, Edith rêve de devenir écrivain et d'être publiée mais ses histoires de fantômes ne plaisent à aucun éditeur. Son ami d'enfance (et amoureux transi), le Dr McMichael (Charlie Hunnam) revient d'Europe au même moment où le Baronnet anglais Thomas Sharpe (Tom Hiddleston) vient présenter sa dernière invention au père d'Edith, un puissant homme d'affaires. 


Thomas Sharpe, aristocrate anglais, intrigue énormément la jeune Edith qui le rencontre sur le lieu de travail de son père. Entre les deux jeunes gens, c'est le coup de foudre. A un bal organisé en ville, Edith et Thomas font sensation comme Lucille (Jessica Chastain), la sœur ainée de Thomas. Celle-ci joue du piano avec passion mais en sa présence c'est comme si un vent froid glacial du Nord venait vous frapper. Le père d'Edith se méfie immédiatement des Anglais et engage un détective privé pour enquêter sur les Sharpe. A peine a-t-il découvert la vérité, qu'il meurt dans d'étranges circonstances. Plus rien n'empêche alors Sharpe d'épouser la jeune Edith et de l'emmener avec lui en Angleterre dans la demeure familiale ....

N'ayant vu quelques images avant d'aller voir le film, je m'attendais à une histoire de vampires - que nenni ! ça sera des fantômes et un couple très malsain, Thomas et Lucille, aussi blancs que la mort. Autant ne pas tourner autour du pot : je me suis amusée comme une gamine ! Très vite Edith réalise qu'elle a commis une erreur et un autre fantôme, encore plus impressionnant (les effets spéciaux sont particulièrement réussis) vient hanter la jeune femme. Celle-ci devient également l'ennemi à détruire pour Lucille .. Fantômes, disparition, froid, neige et cette fameuse argile rouge qui recouvre d'un lincueil ensanglanté toute la propriété - un rouge cramoisi (Crimson). Edith veut partir mais c'est trop tard ! 


S'en suit alors une sorte de vaudeville malsain, le frère et la sœur sont liés par un passé tragique et monstrueux, des secrets malsains et les acteurs prennent un plaisir fou (ça se voit) à s'entretuer ! Je ne suis pas fan des films d'horreur parce que je m'y ennuie et je m'y endors souvent (oui ça me fait cet effet-là) et ce n'en est pas un - car là les scènes violentes provoquent des fous rires (je n'étais pas la seule à rire dans la salle) et quelques frissons !  On prend surtout plaisir à voir les deux héroïnes s'entretuer !

Les acteurs sont tous parfaits : Jessica Chastain est une de mes actrices préférées, comme Mia Wasikowaska et ici elle fait peur à souhait ! Lorsqu'elle glisse la cuillère le long de la tasse, ce qui produit un petit bruit très désagréable on sait qu'elle pense au pire !  Mia Wasikowska possède cette candeur naturelle qui sied au personnage mais aussi ce visage volontaire lorsqu'elle décide de trouver la vérité. 
Et Tom Middleston campe un personnage sous l'emprise de sa soeur ainé qui va connaître son premier amour. Un personnage un peu mou pour ma part mais j'ai beaucoup aimé son interprétation. Je ne le connais que de la série Wallander donc il a pas mal changé ! 


Bref, un très bon moment de cinéma - des acteurs qui se donnent à trois cent pour cent ! Un très bon divertissement parfait à l'approche d'Halloween. Foncez-le voir !

Mon avis :

09 mai 2013

Stoker

J'avais très envie de voir ce film, tout m'attirait, l'histoire, le réalisateur et les acteurs. Je n'ai pas été déçue. Le film n'est sorti que dans un cinéma indépendant de ma ville, mais les spectateurs s'étaient déplacés pour voir le réalisateur coréen, Chan-Wook Park s'essayer au cinéma américain, Stoker.
L'histoire est a priori assez simple : le jour de l'enterrement de M.Stoker (surprenant Dermot Mulroney) - sa fille India (Mia Wasikowska) et son épouse (Nicole Kidman) font la connaissance du frère du défunt, l'étrange Oncle Charlie (Matthew Goode).

Les Stoker vivent dans un monde à part, surtout la fille India, étrange jeune fille, qui ne porte que des vêtements anciens et n'a aucun ami. La rencontre avec son mystérieux oncle dont elle ignorait l'existence va agir comme un révélateur. Elle a va ouvrir la boite de Pandore et ne pourra plus la refermer. 

Je m'attendais à un film plus ou moins d'horreur, mais ce n'est pas le cas, c'est au contraire un jeu de cinéma entre le réalisateur coréen et les spectateurs, le réalisateur prend en effet plaisir à créer dans chaque scène un nouveau plan, une illusion, un angle de vue jamais esquissé. Le spectateur est ainsi transporté dans toute une série de panneaux différents, et quel plaisir ai-je ressenti !

Il y avait le risque de tomber dans un film purement esthétique mais fort heureusement, le réalisateur ne tombe pas dans ce piège, que je reproche souvent au cinéma asiatique, qui fait passer l'histoire au second plan. Ici, les personnages ne sont pas de simples figurants, leur présence domine la réalisation.


Ajoutez-y la musique et le jeu de la caméra, et vous êtes transporté dans l'univers très particulier des Stoker, où peu à peu la mère et la fille s'éprennent du mystérieux oncle, à la fois séduisant et terrifiant. Je ne vous raconterai pas l'histoire, je ne dirai pas qu'elle est imprévisible mais le réalisateur aura le talent de vous guider sur plusieurs fausses pistes.

J'ai adoré plusieurs scènes, qui me restent encore à l'esprit comme celle du manège, du cadeau, et surtout, comme la réalisatrice Anne Fontaine, l'idée ingénieuse du réalisateur de vous faire croire tout autre chose dans la bande-annonce.


Quant aux choix des acteurs, le réalisateur ne s'est pas trompé. Je ne suis pas particulièrement fan de Nicole Kidman, mais ici elle joue parfaitement cette mère instable, dépassée par les évènements, névrosée. Je ne cesse de vanter le talent de Mia Wasikowska, depuis le premier film que j'ai vu avec elle et ici elle continue de m'épater ! Enfin, j'ai toujours aimé Matthew Goode et apprécié sa plastique, et ici il campe avec brio cet homme double, il a parfaitement su adapter sa voix et sa gestuelle au rôle. Il est fantastique.

Le réalisateur avait fait le pari fou de venir tourner aux Etats-Unis, lui qui ne parle pas anglais, et il a réussi son essai. Je ne vais pas crier au génie mais honnêtement, c'est un de mes films coups de coeur de 2013, comme le rappel entre la première et la dernière scène. Je ne peux pas en dire plus sans trahir le secret !

Enfin, à noter que le scénario a été écrit par un certain Wentworth Miller ... le fameux Michael Scofield de Prison Break ! L'acteur avait choisi de publier son scénario sous un pseudonyme, le réalisateur coréen avoue avoir modifié le début et la fin, mais on découvre ici une autre facette de la belle gueule de Prison Break.
Verdict :

 





18 septembre 2012

Des hommes sans loi (Lawless)

J'avais envie de voir "Lawless" ou Des Hommes sans Loi (je l'ai vu en VO) au cinéma, pas pour son casting masculin (exception faite de Gary Oldman et Guy Pearce), car je ne suis pas une inconditionnelle de ces jeunes talents que sont Tom Hardy et Shia Labeouf, mais plus par l'histoire du film, son époque et les actrices féminines (Jessica Chastain et Mia Wasikowska) que j'adore. Et je n'ai pas été déçue. 

D'ailleurs, je suis même entrée au cinéma, avec sous le coude, un petit magazine hebdomadaire nantais qui critiquait ce film pour son côté lent et redondant. Je suis ressortie en me disant que la personne qui avait rédigé cette critique était justement tombée dans le piège : Des hommes sans Loi est tout sauf un film d'action à la Jason Bourne. L'action du film se situe dans les années 30, pendant la Dépression, lors de la célèbre Prohibition dans le Sud des États-Unis (en Virginie), dans le comté le "plus arrosé" (surnom du comté où était produit le plus grand nombre d’alcool de contrebande, The wettest County). Elle raconte l'histoire vraie d'une famille de bootleggers : les frères Bondurant (producteurs d'alcool de contrebande),  qui vont ici inscrire leurs pas dans la légende. 

Le pitch ? Les trois frères Bondurant sont célèbres dans le comté pour leur trafic notoire d'alcool de contrebande (moonshine), les policiers locaux les laissent faire en échange de quelques caisses d'alcool.  Petits producteurs locaux, le benjamin rêve de faire aussi bien que des célèbres bandits (comme le fameux Floyd Banner) et passe son temps en compagnie de Cricket, un jeune homme du même âge adopté par la famille ; tandis que Forrest, le cadet, tient la demeure familiale (et le bar). L'ainé, revenu de la première Guerre, boit plus que de raison et peut se révéler très violent lorsque l'on touche à ses frères. Tous respectés, les Bondurant ont acquis la réputation d'être "invicibles". Charlie Rakes, envoyé par le nouveau Procureur du Comté va alors débarquer pour y imposer sa propre loi et affronter cette famille.



1931 - et pas 2012.  Le réalisateur nous entraine dans une histoire singulière, pendant une des époques les plus violentes qu'est connue l'Amérique - celle de la prohibition. Au lieu de nous emmener à Chicago, il installe l'action à la campagne, dans l’État de Virginie, dans cette famille où les parents sont décédés et où le frère cadet tente malgré tout de tenir à bras de corps la famille. Il n'y aura pas de courses poursuites comme dans Bonnie and Clyde, mais au contraire, pas mal de face à face, d'échanges de regards et de silences. Quelques scènes de violence mais elles ne sont pas le moteur du film. Nous qui sommes habitués, aujourd'hui, à voir tout exploser autour de nous, des types armés jusqu'aux dents faire sauter la baraque, avec une musique assourdissante et des effets spéciaux spectaculaires, devont accepter qu'ici rien de tout cela n'existe. La violence est présente, mais d'une manière sous-jacente, palpable.

Ayant habité le Sud des États-Unis, je connais bien ces petites villes, composées uniquement d'une grande rue, du bar local et de leurs habitants, installés dans leur rocking-chair sous leur porche à regarder le temps qui passe. La notion de lenteur est endémique au Sud des USA et c'est en connaisseur (alors qu'il est né en Australie, a grandi au Canada et vit à Londres) que le réalisateur a choisi de tourner ce film de cette manière. Pour mieux situer l'époque, et son évolution, John Hillcoat a souhaité ici nous montrer que cette époque était en fait à la croisée des chemins : il utilise ainsi la voiture comme symbole des temps modernes (la scène où Shia emmène Mia en promenade dans sa nouvelle Ford), face à la grand-mère de Cricket, affublée de sa petite coiffe, coincée dans son rocking-chair, coincée dans une Amérique d'un temps désormais révolu.

L'histoire, n'est, il est vrai - pas extraordinaire, le scénario n'est pas celui d'Inception. Car le film témoigne d'une période spectaculaire de l'histoire américaine à travers l'histoire personnelle d'une famille (inspirée du livre d'un des descendants de la famille Bondurant) qui allait voir son petit trafic de bootleggers prendre des proportions gigantesques, et les faire entrer dans la légende. Il n'y a donc ni effets spéciaux, mais des évènements qui expliquent en partie l'aura qui entoure les Bondurant.

Côté casting, Tom Hardy joue le rôle de Forrest - le cadet en charge de toute la famille. Le rôle d'un homme renfermé, taciturne, peu bavard qui va refuser les nouvelles règles imposées par ce Charlie Rakes (Guy Pearce). Je n'ai pas été déçue par la prestation de Tom Hardy, même si parfois je l'ai trouvé un peu trop caricatural (lorsqu'il bougonne), je l'ai surtout trouvé un peu trop jeune pour le rôle, ou alors j'aurais aimé un acteur qui n'ait pas le visage d'un poupon, dans un pull trop serré. Shia Labeouf (dont je n'arrive décidément pas écrire le nom) m'a par contre bien plu dans le rôle du benjamin Jack, ambitieux et impulsif, transi amoureux de la belle Bertha Howard, fille du Pasteur. Une sublime Mia Wasikowska, qui ne cesse de prouver son talent à chaque film. 
Jessica Chastain a réussi, en quelques scènes, à nous prouver qu'elle est bien la Jessica de Roger Rabbit en campant cette sublime femme venue de Chicago troubler Forrest. 

J'ai aussi aimé l'interprétation des seconds rôles, tels que Jason Clarke, qui joue le rôle du grand frère Howard, et celle du jeune Dane Deehan qui interprète magnifiquement le jeune Cricket (et qui m'a fait penser en son temps, au jeune Leonardo Di Caprio dans le rôle d'un handicapé dans What's eating Gilbert Grape). Enfin, j'ai savouré chaque scène avec Gary Oldman (le célèbre bandit Floyd Banner) qui viellit comme du bon vin, et celles avec Guy Pearce qui joue avec brio ce facho de Charlie Rakes. Il campe avec virtuosité un vrai salaud, il faut bien employer ce mot pour décrire ce personnage.

Dane Deehan (Cricket) et Guy Pearce (Charlie Rakes)
J'ai repensé à Guy Pearce pendant le film, je l'avais vu il y a quelque temps dans Animal Kingdom, où il interprétait encore un flic, mais très sympathique. Cet acteur est un vrai caméléon, j'aimerais vraiment que le cinéma lui reconnaisse son immense talent. 

Bref, en résumé, j'ai aimé le film car il m'a fait permis à nouveau de voyager dans le temps, dans une période, où j'aurais aimé vivre (si voyager dans le temps était possible..), et le casting est très réussi. Comme la lumière, le choix de réduire au maximum la musique. De même que j'ai aimé la fin, qui m'a surpris - ce qui m'arrive de plus en plus rarement au cinéma, et qui m'a donné envie de me procurer le livre de Mark Bondurant pour mieux connaître l'histoire de cette famille d’invincibles



07 août 2012

Jane Eyre

J'ignore combien d'adaptations cinématographiques ou télévisuelles du roman de Charlotte Brontë, Jane Eyre ont été portées à l'écran, mais je prends plaisir à regarder chacune d'entre elles.

J'avais plus particulièrement envie de voir cette dernière, réalisée par Cary Fukunaga, avec comme scénariste Moira Buffini (Tamara Drewe). Le nom de ce réalisateur ne vous parle peut-être pas, mais il a réalisé pour moi un film majeur de ces dernières années : Sin Nombre (cf. mon billet).  

Et le casting était plus qu'alléchant : Mia Wasikowska, dont je suis la carrière depuis le début, Michael Fassbender que l'on ne présente plus, tenant ici le rôle le plus sombre  des héros romantiques de cette époque, Jamie Bell (dont la carrière me rappelle celle de Christian Bale, commencée enfant) et l’indétrônable Judi Dench dont la voix et l'accent vous transportent immédiatement dans cette Angleterre du 19ème siècle. Avec autant d'acteurs talentueux, et un de mes romans préférés comme base, je me suis précipitée dans mon cinéma indépendant (je pensais que le film n'était pas encore sorti et par hasard j'ai su que si et j'ai eu peur qu'il n'ait été déjà rayé de la programmation).

Une des histoires d'amour les plus célèbres est mise en scène de manière subtile mais puissante par le réalisateur. A noter le travail intensif sur la lumière, le décor et la musique (compositeur Dario Marianellie) qui contribuent à donner un aspect gothique et lugubre à souhait de Thornfield Hall. Le nom Thornfield est en soi déjà parlant (le champs de ronces). 

La lande anglaise est, comme dans de nombreux romans romantiques, une des clés de l'histoire. Ici, elle y est dangereuse, sombre et glaçante. Cette austérité se retrouve également dans la propriété, qui m'a fait penser à celle d'un autre roman célèbre, de Jane Austen, Northanger Abbey. Les deux châteaux sont des lieux synonymes de mort, de solitude et de secrets.

Le film commence lorsque Jane Eyre s'enfuit du château de Thornfield Hall  à travers les landes du Yorkshire pour trouver refuge auprès du jeune pasteur St John Rivers (Jamie Bell). Alors qu'elle reprend peu à peu goût à la vie, le spectateur découvre son passé : orpheline placée chez sa cruelle tante Mrs Reed (Sally Hawkins) elle est envoyée dans un pensionnat qu'elle ne quitte que pour commencer un travail de gouvernante auprès de la jeune Sophie, sous la supervision de l'intendante, Mrs Fairfax (Judi Dench) au château de Thornfield Hall. 

Ses premiers contacts avec le maître de maison, M.Rochester (Fassbender) sont froids et abruptes mais peu à peu, alors qu'ils commencent à se rapprocher, Jane comprend que ce lieu renferme un terrible secret. Bon, j'imagine que vous connaissez tous la suite.


Le film est fidèle à l'histoire, les dialogues ne sont pas "modernisés", et c'est tant mieux car j'adore la manière dont s'exprime Rochester. Même si ses paroles sont souvent violentes et dénuées de toute émotion, Michael Fassbender réussit, à travers son regard, sa gestuelle et son intonation à traduire les émotions qu'il cherche à contenir. Cette guerre interne qui le paralyse. Les acteurs sont tous parfaits, et la spectatrice que je suis, a de nouveau succombé au charme de cette histoire d'amour, où une jeune femme réussit à voir plus loin et à aimer un homme qui semble condamné à la solitude perpétuelle. J'ai évidemment beaucoup aimé la scène où il lui déclare sa flamme. J'ai toujours autant de plaisir à voir une nouvelle adaptation de Jane Eyre, j'avais aimé voir Charlotte Gainsbourg ou Ruth Wilson endossés un des rôles féminins les plus célèbres et cette dernière interprétation me plaît également beaucoup.

Un challenge réussi pour un réalisateur américain qui passe de la guerre des gangs en Amérique Latine à une histoire romantique du 19ème Siècle dans le Yorkshire.

Mia Wasikowska nous offre une très belle interprétation de Jane Eyre, ainsi au début du film, je la trouve effectivement terne et sans atout mais au fur à et à mesure que son amour grandit pour M.Rochester, son visage s'illumine, et elle en devient jolie et attachante.


J'ai juste trouvé la scène finale un peu trop courte, mais à l'époque, les romans se terminaient ainsi - peu d'effusions sentimentales (comme dans Orgueils et Préjugés où il n'y a d'ailleurs aucun baiser). A noter que Fassbender réussit l'exploit d'être toujours aussi séduisant même dans un rôle aussi peu avantageux.

Un film pour le filles, qui réveillera votre côté fleur bleue ;)  C'est mon côté midinette qui se réveille, car j'attends avec grande impatience le dernier volet des aventures de Jason Bourne  !

25 septembre 2011

Restless

Il y a presqu'un an (le 26 octobre 2010) je vous avais déjà parlé de Restless, le dernier film de Gus Van Sant. Je vous avais bassiné avec l'adoration que je porte à ce réalisateur, et mon impatience pour voir ce film. Il aura donc fallu que je patiente presque onze mois pour enfin le voir ! Mais patience fut récompensée.

Restless porte bien l'empreinte et la signature de Van Sant, même si il aborde cette fois-ci un thème plus classique : une histoire d'amour adolescente. Évidemment il ne s'agit en aucun d'une version hollywoodienne d'un film d'ados boutonneux, férus de musique et de joints. Le réalisateur nous emmène dans le monde fantastique peuplé de fantômes du jeune Enoch, interprété brillamment par Henry Hopper, fils du regretté Dennis.  Inconsolable depuis la mort accidentelle de ses parents il y a quatre ans, le jeune homme vit renfermé, ne s'échappant que pour aller assister à des enterrements ou jeter des cailloux sur les trains, accompagné de son seule fidèle ami, un fantôme japonais kamikaze tout droit issu de la dernière guerre mondiale.  C'est lors de l'un de ces enterrements, qu'il croise le regard de la jeune Annabelle, jouée par Mia Wasikowska (Alice in Wonderland, The Kids are all right et Jane Eyre), le coup de foudre opère instantanément.

Tous deux deviennent vite inséparables, mais le bonheur d'Enoch s'effondre avec cette terrible nouvelle : Annabelle est en phase terminale (tumeur au cerveau) et n'a plus que quelques mois à vivre. En ayant vu la bande-annonce, j'avais un peu peur de devoir sortir les mouchoirs et pleurer tout le long du film, mais ce ne fut pas le cas.

Les adjectifs qui me viennent à la bouche sont : ode à la vie, beauté, jeunesse, espoir, éphémère, poésie, refuge, rêve. Restless en anglais a plusieurs significations, agité, inquiet, impatient, énervé. Enoch décide d'offrir à sa belle les plus beaux mois de sa vie, mais la réalité le rattrape, il n'a toujours pas fait le deuil de ses parents (plongé dans le coma, il n'a pas pu assister à leur enterrement et ne se pardonne pas d'être en vie) et devoir perdre le nouvel amour de sa vie ne fait que remonter en lui toutes ses tensions, mais Annabelle va réussir à l'accompagner, là où son fantôme kamikaze n'avait pas su le faire : à affronter la vie, la vraie et apprendre à l'aimer.



Ce film est une sorte de parenthèse, difficile de croire que ces deux êtres puissent réellement exister (les tenues d'Annabelle et Enoch sont exquises, empruntées aux années 20) mais on veut y croire. Gus Van Sant a choisi d'offrir au spectateur de l'espoir, de l'amour et une vision positive de la vie.  On reconnaît son empreinte au choix de laisser la caméra filmer les silences, peu de musique, peu d'actions. Le spectateur voit leurs vies à travers une petite lucarne, témoin d'une tranche de vie.

Les acteurs sont formidables, la soeur ainée d'Annabelle, Schuyler Fisk est aussi exceptionnelle. Pour son premier rôle, le jeune Henry Hopper assure ! Et quelle ressemblance avec son père, il y a des moments où c'est troublant, les yeux verts, le regard, le sourire, c'est comme si le choix de l'acteur avait été calculé. Ainsi, j'ai eu parfois l'impression que Dennis Hopper jouait aussi au fantôme en prenant possession pour quelques secondes du corps de son fils !

Mia Wasikowska est superbe, drôle, fraîche et porte bien le rôle de cette jeune fille, en phase terminale. Rio Kase est Hiroshi, le fantôme de ce jeune kamikaze qui accompagne Enoch depuis son réveil. Sa présence est lumineuse et son jeu tout en subtilité.

Je ne vais pas en dire plus, j'attends de pouvoir acheter le dvd - sinon foncez-y si vous voulez vous promener dans les rues de Portland et le monde d'un jeune homme un peu spécial, mais vraiment attendrissant. Gus Van Sant n'est donc pas encore prêt de me décevoir !

26 octobre 2010

Restless

J'ai grandi avec Gus Van Sant - en premier "Drugstore Cowboy" avec un Matt Dillon junkie, j'ai encore la dernière scène dans l'ambulance et la musique en tête ... puis "My own private Idaho", avec le très jeune et troublant Keanu Reeves et le regretté River Phoenix, puis de nouveau Matt Dillon et une Nicole Kidman folle dingue dans "To die for" puis "Will Hunting" sur un scénario de deux jeunes prodiges Ben Affleck et Matt Damon.

Puis "Psycho", "Last Days" "Finding Forrester", "Gerry" - tous les styles sont expérimentés avec un Gus Van Sant qui aime travailler de nouveau avec les mêmes acteurs. Je le retrouve en 2003 - nouvelle claque (comme dans la pub Orange, les deux sens du mot "claque") : "Elephant" - sans doute mon film préféré. Rien qu'en insérant cette photo, j'ai envie de le regarder à nouveau, même s'il s'agit là d'une histoire dramatique . J'y vois une maîtrise parfaite du temps, du mouvement, et du silence. Une vraie leçon de cinéma.

Puis il choisit de nouveau de porter un regard humain et différent sur les ados américains dans "Paranoïd Park" film que j'aime beaucoup également (sans doute aussi parce que j'aime Portland et l'Oregon) et enfin un film tendre, généreux avec un Sean Penn métamorphosé : "Harvey Milk"  un véritable plaidoyer pour la tolérance et un Gus Van Sant qui sait toujours me surprendre.

I'm a huge fan of the film director Gus Van Sant - my favorite movie is Elephant but I've loved  most of them,  especially Paranoid Park (loved how he depicts the American youth)  and Harvey Milk, an awesome movie about tolerance and a great performance from Sean Penn. So I can't wait to see his last movie.
私は映画監督、 ガスヴァンサントの大ファンだ - 私の好きな映画はエレファントが、私はそれらのほとんどが好きだ、特にパラノイドパーク(彼はアメリカの若者を描いてどのようにしました)やハーヴェイミ ルク、寛容について素晴らしい映画ショーンペンから素晴らしいパフォーマンス。だから私は彼の最後の映画を見て待つことができない。

Donc voilà, j'attends son dernier opus "Restless", comme une groupie. Pourtant il ne sortira aux USA qu'en janvier 2011, quid de la date de sortie française.
Mais il a eu bon goût de choisir de tourner avec Mia Wasikowska, dont je viens de voir le travail dans le film "The kids are all right" et où j'avais énormément aimé sa présence et fraîcheur, et son professionnalisme.

Petit aparté pour tous les cinéphiles, je pense qu'il est impossible de ne pas penser au film "Harold et Maud" en voyant la bande-annonce du film.
En effet, la dernière balade de Gus raconte la rencontre amoureuse entre une jeune fille qui cache sa maladie (Mia) et un jeune homme prénommé Enoch ( joué par un nouveau venu comme les aime Gus, Henry Hopper) qui aime assister aux enterrements et a comme meilleur ami un fantôme japonais.

His last movie called "Restless" tells the love story between a young woman and a shy young man who enjoys attending funerals and speaks to a Japanese ghost. A romantic story.
彼の最後の映画 はいわゆる"レストレス - 中天"は若い女性が葬式に参列を楽しんで、日本の幽霊と話す内気な青年の間の愛の物語です。ロマンチックな物語。
La bande-annonce me dites-vous ? Ici :





Décidément, après "A lullaby for Pi" j'ai hâte de m'enfermer à nouveau dans une salle sombre, avec vous M. Van Sant ;)

18 octobre 2010

The kids are all right

J'ai toujours aimé les films indépendants américains, car ils apportent une touche unique à l'empire du cinéma. A human touch, un portrait réaliste de communautés rarement montrées au cinéma, ou lorsqu'elles le sont, sont souvent caricaturées.

Le film ne se résume pas à simple histoire de "lesbiennes", dont le "donneur de sperme", géniteur de leurs deux enfants adolescents va faire irruption dans leur vie, mais de l'histoire d'un couple usé, fatigué et fragilisé . Annette Benning est formidable dans le film, elle joue parfaitement le rôle de la mère "porteuse" dans le sens où elle porte la culotte, fait vivre la famille et Julianne Moore, si humaine et si troublée, si naturelle (sans maquillage, nue, un choc pour moi de voir une actrice si "honnête") cherchant sa voix et se sentant perpétuellement inférieure à sa compagne.

20 ans de vie commune, d'amour, de partage où chacune a porté un enfant et puis petit à petit, insidieusement, la routine, l'absence de communication et l'absence de stimulation vont pousser Julianne Moore dans les bras d'un très sensuel Mark Ruffalo.
 
 


Je n'ai jamais trouvé particulièrement sexy cet acteur (vu dans deux comédies, l'une avec Jennifer Garner et l'autre avec Reese Witherspoon) mais là il change radicalement, et on comprend aisément comment une Julianne Moore esseulée peut tout à coup trouver "un homme" attirant et tromper ainsi sa compagne.



Autre plaisir : les deux jeunes acteurs qui interprètent les  adolescents, Joni et Laser sont épatants. Ici les adolescents ont des problèmes de leur âge, mais sont intelligents et soucieux du bien-être de leurs mères. J'ai adoré Mia Wasikowska, que j'avais découvert dans "Alice au Pays des Merveilles" mais qui ne m'avait pas marquée à l'époque. A présent je comprends mieux le choix de Tim Burton, elle est très talentueuse. Comme l'acteur John Hutcherson, qui joue son frère (Laser), tous deux jouent parfaitement en finesse des adolescents qui se posent les questions que tout à chacun se poserait, à savoir leurs origines, leur identité. 
 
 

Le film montre également la ville de San Francisco où le "bio" et "développement durable"  sont devenus un mode de vie, et peuvent à la fois plaire et énerver (merci Annette Benning).  Ce film ne sera pas culte, mais il a su montrer une réalité : qu'une famille et des enfants, bien élevés, intelligents et sains d'esprit peut être composée de  parents étant deux femmes ou deux hommes en couple et pas uniquement d'un homme et d'une femme, et que finalement ils se retrouvent à affronter les mêmes problèmes que tout couple dans une relation sérieuse, avec des adolescents en crise. 

Petit aparté : j'espère que mon commentaire n'a pas donné une image trop idyllique, il est juste le reflet d'une réalité, en Californie, les couples homosexuels peuvent adopter des enfants depuis une vingtaine d'années, et les études montrent que leurs enfants (aujourd'hui âgés d'une vingtaine d'années) n'ont pas de problèmes particuliers, sont aussi intelligents que les autres et ont les mêmes problèmes (drogue, alcool, absentéisme) que ceux élevés par des couples hétérosexuels. Alors, quand je vois à la télévision, au journal du soir, un journaliste parler des ces couples lesbiens ou homosexuels en France qui adoptent (en célibataire, car sinon c'est interdit) et entendre dire qu'on a pas suffisamment "de recul" pour faire avancer les lois, je ne comprends pas. Les études existent, et plus d'un million d'enfants américains peuvent en témoigner. Mais il s'agit surtout d'un problème de mentalité.