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Affichage des articles dont le libellé est Rooney Mara. Afficher tous les articles
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17 juillet 2017

Song to Song

Il me tardait de voir le dernier film de Terrence Malick, Song to Song.  Ce fut une longue attente car le film a été en réalité tourné en 2012. Mais le réalisateur américain a eu une besoin d'une très longue post-production où il a fini par couper au montage du beau monde et que j'adore, comme les scènes de Christian Bale ou Benecio del Toro et le groupe Arcade Fire. Triste ? Oui, mais c'est le réalisateur qui a le dernier mot.

Song to Song ne va pas vous séduire si vous n'avez déjà pas aimé ces précédents films, comme sa Palme d'Or à Cannes, Tree of Life. J'adore ce film au point de regarder très souvent la bande-annonce. Et l'auteur y est depuis toujours fidèle : il aime mettre en scène la vie. Ici, il a choisi de s'attaquer à l'amour.  Je pense que seuls les fans du réalisateur pourront aimer le film, ou alors vous êtes curieux et la magie opère sur vous ! A chaque film, l'auteur vous emmène dans une ronde étourdissante où les personnages se perdent, se retrouvent. Il y avait son film autour de la vie et de la mort, ici c'est l'amour et la rupture. 

J'avoue, moi-même avoir été quelque peu désarçonnée au début du film, le réalisateur ne se fatiguant plus en mettant en scène de manière réaliste ces personnages les premières minutes. Ici, il choisit la forme narrative : plusieurs personnages qui vont s'aimer, se quitter, se retrouver et qui partagent à voix haute leurs peurs, leurs craintes. Le personnage principal, qui crève l'écran, et unit les autres est celui de Fay (Rooney Mara). Ceux qui me suivent savent que j'adore cette actrice et ici elle démontre encore une fois l'étendue de son talent. Fay ne semble jamais avoir connu le véritable sentiment d'aimer, elle s'est perdue dans le monde factice de la musique, de ses producteurs - elle reste toujours attirée par ce producteur froid et manipulateur, interprété par Michael Fassbender. Il joue bien les méchant mais j'avoue l'avoir trouvé quand même trop réservé, trop je ne sais quoi. Il m'a manqué un truc, même si sa souffrance semble réelle (une scène dans le film). L'autre homme qui va lui faire tourner la tête et pour la première fois, ressentir ce sentiment, est joué par Ryan Gosling, un musicien qui va se faire, évidemment, avoir par le producteur. Epris de Fay, il va se donner corps et âme avant de la quitter en apprenant sa trahison.



Il va trouver refuge un temps auprès d'une femme plus âgée, sensuelle et mystérieuse. Cate Blanchett y est sublime, même si je n'ai pas particulièrement aimé ces scènes. 

Mais Malick m'aura encore séduite une nouvelle fois, en nous apprenant ici l'espoir. D'autres auraient choisi l'inverse. Malick offre toujours des scènes magnifiques, j'ai adoré les toutes premières images avec l'eau, toujours présente. L'élément de la vie et puis ces envols d'oiseaux tout au long du film. Il filme la nature, les arbres. J'ai souvent la tête en l'air, dès que j'entends un oiseau chanter, je le cherche. J'adore m'allonger sous un arbre. Et il n'y a que Malick pour réussir à retranscrire ces moments de paix et de sérénité sur grand écran. 

Rooney Mara y est si fragile et ils forment un très joli couple avec Gosling (qui se répète un peu dans le rôle du musicien honnête et indie). Contrairement à ce que j'ai pu lire ci et là, Malick n'encense pas du tout le monde prétentieux d'Hollywood - il condamne au contraire cette consommation et ce mercantilisme de la musique. La musique a toujours été un élément très important de son oeuvre et il s'amuse avec ses spectateurs lorsque Iggie Pop rigole sur cette nouvelle mode de faire apparaitre des musiciens dans les films. La musique est un élément essentiel de chacun de ses films, ses BO sont toujours à tomber par terre, et celle-ci n'échappe pas à la règle !



Et puis, autre plaisir intense de ce film, la présence tendre, rassurante de Patti Smith, sa voix chaude, son sourire - chaque instant passé à ses côtés vous réconcilie avec les artistes. Un mot aussi sur Nathalie Portman, magnifique - je ne suis pas très fan de cette actrice, mais ici elle livre une très belle prestation.  Les autres vous parleront des RHCP qui font une apparition ou de Val Kilmer ou du moins ce qu'il en reste.

Le film est comme un long travelling, il aime suivre ses personnages, caméra à l'épaule parfois. Ici, ils aiment tous danser, ils possèdent une légèreté et leurs corps s'expriment à leur place. J'ai adoré à nouveau les dernières scènes, en sachant qu'elles étaient les dernières et j'ai adoré le fait que le réalisateur laisse ici place au silence. A la nature. 

Ceux qui n'ont pas aimé Tree of Life, n'aimeront probablement pas celui-ci, certains s'ennuieront ferme, d'autres seront déroutés et ceux qui ont succombé à la magie de Terrence Malick, y retrouveront certaines émotions ressenties dans A la merveille, son autre superbe film sur l'amour. 

Enfin, je suis pratiquement sûr que l'auteur fait un clin d'oeil à ses précédents films, en rejouant le même morceau dans chacun de ses films. 

Enfin, pour ceux qui doutent, mes billets sur Les Moissons du Ciel (le moins 'abstrait"), The Tree of Life, et La ligne Rouge) et la bande-annonce de Song to Song :




Mon avis :  


06 mars 2017

Lion

Je suis allée voir ce film, non pour l'histoire, non pour le pays, mais pour l'actrice Rooney Mara. J'adore cette actrice et j'avais donc vu qu'elle avait participé à ce film. Puis le film est sorti et a reçu de très bonnes critiques, une raison de plus de pousser la porte du cinéma. Et je n'ai pas regretté mon geste ! 

En premier lieu, je ne connais que de nom l'acteur Dev Patel. Je savais que l'acteur britannique avait été découvert avec une mini série anglaise et surtout son rôle dans Slumdog Millionnaire, que je n'ai pas vu. Pourquoi ? Parce que, comme j'en avais parlé précédemment dans mon blog, l'Inde ne m'attire absolument pas. J'ai déjà vu un film indien et pas mal de documentaires, des centaines de photos (amis passionnés par ce pays), et rien n'y fait. Mais revenons au film et à cette histoire !

1986. Saroo a 5 ans. Le petit garçon vit en Inde avec sa mère, son frère ainé (15 ans environ), Guddu et sa petite sœur Shekila. Sa mère les élève seule, ils sont extrêmement pauvres. Chaque jour, Guddu part ramasser des morceaux de charbon, tombés sur les rails des trains. Saroo veut absolument aider. La nuit, Guddu part chercher du charbon dans la gare de la ville d'à côté. C'est un exercice dangereux car les trains circulent encore mais Saroo insiste pour venir. Les deux garçons arrivent à la gare quand Saroo s'est déjà endormi dans les bras de son frère. Incapable de le réveiller, Guddu le laisse sur un banc du quai en lui faisant promettre de l'attendre. 

La nuit passe, le jour se lève et Saroo s'éveille. Guddu n'est plus là. Le petit garçon, perdu, monte dans un train vide et se rendort. Lorsqu'il se réveille quelques moments plus tard, le train est en marche. Le train, vide de passagers est en route pour Calcutta, dans la région du Bengale. Le train ne s'arrête jamais et le petit garçon est enfermé dans le wagon. Malgré ses cris, rien n'y fait. Il y a restera presque deux jours (on sait aujourd'hui qu'il a parcouru plus de 1 600 km). Arrivé à Calcutta, l'enfant est totalement déboussolé. Personne ne l'écoute et lorsqu'il demande un ticket pour Ganestalay, personne ne connaît le nom de ce village. De plus, Saroo ne parle pas le bengali, uniquement le hindi.



Très vite, l'enfant se retrouve seul et devient un enfant des rues, comme des milliers d'autres. Il parcourt les immenses zones de déchets, le long du fleuve, pas loin de la gare, à la recherche d'objets à revendre. Les mois passent quand il est finalement confié à la police. Saroo ne connaît ni le nom de sa mère et dans ce pays de plus de 790 millions d'habitants à l'époque, plus de 80 000 enfants disparaissent chaque année. 20 ans ont passé, Saroo a été adopté par une famille australienne, John (David Wenham) et Sue Brierley (Nicole Kidman). Élevé en Tasmanie par des parents très aimants, Saroo est très sportif et part poursuivre ses études à Melbourne. 

Arrivé dans une école (qui forme les managers d'hôtels), Saroo (Dev Patel) fait la connaissance de Lucy (Rooney Mara), une jeune américaine dont il tombe amoureux. Un soir, il est invité à une soirée organisée par une femme d'origine indienne - contrairement aux autres étudiants indiens, Saroo ne parle pas la langue et ne connaît pas la culture indienne. Mais lorsqu'il voit les plats, dont un en particulier, il est soudainement assailli par des images de son frère ainé, Guddu, l'appelant. Les images vont finir par l'envahir, tout son passé lui revient, le visage et la voix de sa mère, ses jeux et promenades avec Guddu. Saroo est déboussolé....



Que dire ? Rien de plus. Le film est assez classique dans son format, l'enfance puis sa rencontre avec Lucy, et les images de son enfance qui vont l'assaillir - et la fin, très belle et très émouvante. Où le film se distingue, c'est d'une part, par la photographie, magnifique, et les acteurs (Saroo enfant et adulte, et Lucy et Nicole Kidman), tous incroyables de justesse. Dev Patel occupe tout l'écran et ce n'est pas plus mal ! Comme l'acteur qui joue son rôle enfant. J'ai trouvé Nicole Kidman formidable en mère adoptive qui ne comprend pas l'attitude de ses fils (tous deux adoptés) mais les aime tels qu'ils sont. Je pense qu'ayant elle-même adopté des enfants, elle a du se remémorer ses premiers instants avec eux. Et puis forcément, j'ai adoré revoir sur grand écran, mon actrice chouchou, Rooney Mara, toujours aussi belle et photogénique. Un très joli rôle.

La réalisation est très soignée et la photographie est superbe, l'Inde, ses campagnes, le mouvement de la caméra, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film.

Une histoire très touchante, très émouvante, qui a réussi à m'embarquer pendant près de deux heures. J'ai été, comme à chaque fois, frappée par l'extrême pauvreté et toute la partie sur les enfants des rues est très émouvante et très dure à regarder.

J'ai versé quelques larmes à la fin, mais comment résister ? 

Mon avis : 


16 janvier 2016

Carol

J'attendais la sortie de ce film depuis sa diffusion à Cannes ! Ce fut long mais je ne regrette en rien toute cette attente. Todd Haynes a eu une idée de génie en décidant d'adapter au cinéma le roman de Patricia Highsmith (The Price of Salt) et en choisissant Rooney Mara et Cate Blanchett dans les rôles principaux. 

New York, décembre 1952. Le regard de Carol croise celui de Thérèse dans un grand magasin. Carol cherche un cadeau pour sa fille mais la poupée en question n'est plus disponible. Thérèse lui trouve un autre cadeau et après son départ, découvre que la sublime femme a oublié ses gants. Pour la remercier de lui avoir renvoyé ses gants, Carol invite Thérèse à déjeuner ... 

Que dire sans trop dévoiler ? Tout est là : le scénario, la réalisation, la photographie (à tomber à la renverse), la musique - et puis l'histoire tout simplement. Une des plus belles histoires d'amour que j'ai jamais vue au cinéma. Nous sommes en 1953, le maccarthysme et le puritanisme sont de rigueur aux USA, même à New York. Carol est une femme mariée, en instance de divorce, et vit dans un sublime manoir dans la campagne dans le New Jersey. Thérèse Belivet est une jeune femme timide, effacée, passionnée de photographie, dont le petit ami la presse depuis quelque temps pour sauter le pas et l'épouser (au retour d'un voyage en France). Mais il suffit d'un regard pour que tout bascule...

Forcément, rien ne se passe comme prévu. J'ai vraiment retrouvé tout ce que j'aime dans le cinéma : les silences pèsent fort que les mots, dans la vie réelle, la gestuelle et le regard suffisent à dire énormément et on s'attache à ces deux êtres, chacune murée dans son silence, sa souffrance. Le personnage de Carol ne m'a pas, j'avoue, de suite plu - elle est belle mais froide, et elle fait penser à ces actrices hollywoodiennes de cette époque, dont chaque geste (se passer la main dans les cheveux, allumer une cigarette) est calculé avec soin. Pourtant, rapidement on comprend qu'elle est prisonnière de ce mariage, de cette vie, de cette morale puritaine et que sa fille devient soudainement une monnaie d'échange entre elle et son époux (Kyle Chandler).



De son côté Thérèse a la fâcheuse tendance "à dire oui" à tout - elle se laisse mener par les autres, même par Carol au tout début. Un garçon veut l'embrasser, soit. Seule la photographie semble lui donner une voix, une identité. 

Et puis, j'étais très heureuse de ne pas avoir lu le livre avant, et donc d'être surprise par la fin. Totalement inimaginable pour moi. 

Un film sublime où les deux actrices arrivent à exprimer, toute en retenue et subtilité, ces émotions immenses qui les bouleversent. Elles sont toutes les deux magnifiques, chacune dans leur style, troublantes et émouvantes. J'adore les deux actrices et comme ceux qui lisent ce blog le savent, je suis vraiment fan de Rooney Mara et je la trouve lumineuse et exceptionnelle dans ce film. Elle m'a légèrement fait penser à Audrey Hepburn, ainsi habillée, elle semble si petite et si jeune, face à cette femme sensuelle et mature jouée par Cate Blanchett



Je suis ressortie comme émerveillée de cette parenthèse, éblouie par tout ce talent, emportée par la musique et j'ai trouvé tous les acteurs excellents. N'oublions pas Kyle Chandler, qui joue le rôle de Harge Aird, le mari trompé mais amoureux, et John Magaro qui semble sortir tout droit de 1953 ! Et enfin Sarah Paulson, parfaite dans le rôle d'Abby, la meilleure amie et l'ex de Cate Blanchett.

Rooney Mara et Cate Blanchett ont été nominées à de nombreuses reprises pour leurs rôles et le sont encore aux Oscars. Cate dans la catégorie Meilleure actrice et Rooney pour le Meilleur second rôle féminin - ce qui me plaît assez car les jurys n'ont pas à choisir. Rooney, tout le monde l'a oublié, avait déjà remporté à Cannes La Palme pour Meilleure actrice mais elle était absente, et elle partageait son prix avec Emmanuelle Bercot.



Pour moi, ce film reste d'abord une sublime histoire d'amour, pudique et intime. Comme Maurice m'avait touché à son époque (l'histoire d'amour entre deux étudiants), Carol reste pour moi le plus beau film sur une histoire d'amour entre deux femmes.  Un film qui vous transportera. Longtemps.

Mon avis : 

14 novembre 2014

My addictions of the week

En ce moment, grosse envie de cocooning ! Il faut dire qu'une journée sur deux, le ciel reste gris et la pluie tombe sans cesse. Le bon côté, c'est que je dévore les livres, trois en une semaine, que je profite de mes animaux, que je cuisine pour quatre, que je découvre de nouveaux blogs et que je peaufine les miens. Je retourne au cinéma et j'ai plusieurs expos sur mon agenda. 

Au menu cette semaine : Jake Gyllenhaal, La prochaine fois je viserai le cœur, Le meilleur pâtissier, Homeland, La vie d'Adèle, Rooney Mara, Calamity Jane, Guillaume Canet, favelas, Night Call...


17 juin 2014

Ain't them bodies saint (les amants du Texas)

J'avais voulu voir le film à sa sortie au cinéma mais finalement les choses ne s'étaient pas faites. J'ai donc acheté le DVD et j'ai découvert ce petit ovni cinématographique, clin d’œil aux amoureux du cinéma de Terrence Malick , mystère pour les autres. Une histoire d'amour au Texas dans les années 70, filmée subliment, des acteurs magnifiques et une sensation douce-amère qui vous envahit à la fin du film. 

L'histoire d'amour entre Ruth (Rooney Mara) et Bob (Casey Affleck) est celle de deux paumés du Texas, pauvres, esseulés, ils braquent des banques et rêvent d'avoir un jour leur propre maison. Mais un jour le destin les rattrape et le film commence avec leur dernier chassé-croisé avec la police. Une fusillade s'ensuit : la jeune femme blesse le shérif adjoint, leur complice est tué. Bob décide de porter l'entière responsabilité. Envoyé en prison, il n'a de cesse de s'échapper pour retrouver l'amour de sa vie, Ruth enceinte de leur enfant.

Les premières scènes sont magnifiques, comme les personnages de Badlands, ces deux jeunes personnages incarnent une Amérique qui a abandonné ses enfants, eux qui rêvent du plus simple mais sont incapables de vivre normalement. Les années passent, Ruth a donné naissance à la petite Sylvie et l'élève calmement dans une maison prêtée par le père de leur complice, Skerritt, une sorte de mafieux local (Keith Carradine). Ruth a beaucoup changé, la jeune femme a mûri et la maternité a profondément bouleversé sa vision de l'univers. Elle se sent responsable de sa fille, et si elle reste profondément seule - les images du film traduisent cette solitude profonde, elle s'ouvre peu au peu au monde, et chose surprenante, regarde le shérif adjoint (Ben Foster) s'approcher d'elle avec complaisance. 


De son côté Bob multiplie les tentatives d'évasion et écrit tous les jours à son amante. Il finit par réussir à s'échapper et décide de rejoindre Ruth et Sylvie pour quitter à jamais le Texas. Prévenus, la police locale, et plus spécialement le shérif adjoint tentent de protéger Ruth et Sylvie, de même que Skerritt qui ordonne au suspect de disparaitre corps et âme en laissant Ruth et Sylvie tranquilles. Mais Bob n'a que faire, aidé par le patron d'un bar, il prend contact avec Ruth afin d'organiser leur fuite, mais rien ne se passe comme prévu. 

Si vous aimez les films de Terrence Malick, vous ne pourrez pas vous empêcher d'y trouver de nombreuses similitudes, avec le même traitement de la lumière, des silences, un hommage appuyé à l'un de mes réalisateurs préférés. Mais David Lowery ne va pas aussi loin, ici point de salut dans la spiritualité comme chez Malick. Il dépeint l'Amérique des bouseux des années 70 - ici aucun échappatoire, et les personnages vivent et meurent seuls. Lowery filme un trio amoureux : entre Bob, emprisonné 4 ans loin de siens, incapable d'envisager une autre issue, le shérif adjoint (Ben Foster) amoureux de Ruth et cette dernière qui ne rêve que d'une chose : partir, mais seule avec sa fille, le réalisateur réussit le pari de nous faire aimer chacun des personnages. 

De plus, Lowery ne filme ni le braquage, ni l'évasion, il privilégie les personnages et opère quelques flashbacks pour montrer l'amour qui unit ces deux êtres, qu'on ne voit finalement presque jamais ensemble. Ce choix de montrer "l'après" peut dérouter les amateurs de Natural Born Killers ou Bonnie&Clyde.

Je suis, je le dis à chaque fois, une grande fan de Rooney Mara - j'avais donc hâte de la voir dans ce rôle et inquiète de ne pas la trouver à la hauteur, mais non du tout : elle confirme pour moi tout le talent qu'elle porte. Elle est sublime dans ce rôle. Je n'ai jamais partagé d'atomes crochus avec Casey Affleck ou Ben Foster, mais les deux acteurs se sortent bien de ce traquenard : car il faut ici s'adapter à la couleur locale, et tous deux passent le test haut la main (l'accent texan, à voir en v.o). Ben Foster est méconnaissable dans le rôle de ce shérif, amoureux transi, avec sa moustache et son chapeau qu'il ne quitte jamais.

La première scène s'ouvre sur leur arrestation et j'avoue que j'ai cru que l'action se passait dans les années 30 - sorte de Bonnie & Clyde, aussi qu'elle ne fut pas ma surprise en voyant les énormes voitures bleues de la police. Mais à réfléchir, je pense que cela a traduit la volonté du réalisateur de montrer ces bourgades où le temps n'évolue pas, où rien ne change. L'ennui transforme la jeunesse en truand et la mort n'est jamais loin. 


Ne croyez pas que l'histoire se termine très mal, elle se termine dans le sang et la douleur mais laisse néanmoins une lueur d'espoir, qui ressemble à cette lumière qui vient illuminer le visage des jeunes amants lorsqu'ils s'embrassent au lever du soleil. 

Un très beau film à qui il aura peut être manqué parfois le souffle lyrique qu'insuffle Malick dans ses films. 

Mon avis : 

01 avril 2014

Her

2h06 en compagnie de Joaquin Phoenix - que demander de plus ? Si vous doutiez du talent de l'acteur américain, je vous invite à aller le retrouver dans Her le dernier film réalisé et écrit par Spike Jonze. Le film a fait peu de bruit, si ce n'est aux Golden Globes, puis aux Oscars, où l'on mentionné la performance de l'acteur américain et l'histoire folle écrite par Spike Jonze.

Je ne le cacherai pas : j'ai été emportée, émotionnellement et visuellement par cette histoire. Celle de Théodore (Joaquin), perdu dans la ville des Anges qui occupe, dans un futur proche, un job assez spécial : écrivain public mais de lettres et missives d'amour. Il occupe ses journées à remercier une épouse pour leur cinquante années de mariage ou féliciter son fils pour sa réussite aux examens.

Le soir, il s'enferme chez lui, dépressif depuis le départ de son épouse Catherine (Rooney Mara) après huit ans de mariage, il trouve refuge devant des jeux vidéos en 3D dans son salon. Sa vie est morose et routinière. 

C'est alors qu'il découvre un nouveau système d'exploitation "OS1" pour son ordinateur. Ce dernier est le premier système dit intelligent qui sous la voix suave de Samantha (Scarlett Johansson) entre dans la vie de Theodore pour ne plus la quitter. Dès lors l'écrivain public ne peut faire un pas sans elle et il finit par tomber rapidement amoureux d'elle. Qui est Samantha ? Un système d'exploitation qui prend la forme d'un petit livret de poche, muni d'une caméra et d'un appareil auditif discret. 


Spike Jonze est un génie - il réussit en premier à recréer un Los Angeles à la fois contemporain et moderne, où les habitants se croisent sans se parler, absorbés par leurs vies virtuelles. Car rapidement l'OS1 envahit la population mais Theodore lui ne voit que  Samantha. Il sort à nouveau, sourit, s'amuse et vit une histoire d'amour avec un système d'exploitation. Évidemment, cette situation lui pose question - si elle est acceptée par ses amis, et ses collègues (ce qui nous ramène à un Los Angeles futur), son ex-femme Catherine lui rappelle soudainement l'importance du contact, du toucher, du goût. Un amour virtuel où le contact physique disparaît.  De son côté, Samantha ne cesse de se développer et commence sa recherche du "corps".

Je ne peux pas en dire plus, sinon que ce je vous raconte doit vous sembler étrange - pourtant, en tant que spectateur, j'ai été rapidement emportée dans ce monde au goût acidulé, où tout est aseptisé : du choix des couleurs, des pantalons taille haute pour les hommes, du retour de la moustache et des couleurs pastels qui dominent la décoration d'intérieur identique chez tous les personnages (un style très scandinave qui parodie ici le monde contemporain et la perversité de la mondialisation). La parabole avec la solitude humaine de ce futur nous ramène à notre société d’aujourd’hui, où on le sait déjà, les gens seuls sont dans les métropoles.



A part deux ou trois rencontres, dont un rendez-vous galant avec une Olivia Wilde désespérée, des soirées avec sa voisine et amie, interprétée avec talent par Amy Adams, et les souvenirs avec Catherine, Theodore navigue de son bureau à son travail sans contact. Le spectateur est en permanence avec lui, le film gravite autour de son personnage, on vit à travers lui - 2h06 de présence de cet acteur, qui seul chez lui, parlant à cette voix féminine, doit interpréter toutes les émotions sans jamais pouvoir toucher ou voir sa partenaire.  Je salue ici a performance de Joaquin Phoenix - que dire de ce regard, cette esquisse de sourire qui vous fend le cœur ? 

Rooney Mara, que j'adore et dont je vous bassine à chaque apparition montre encore une nouvelle fois son talent - les flashbacks de leur amour disparu sont magnifiques. Je ne me lasse pas de la voir au cinéma, je la trouve à la fois gracile, fébrile, et en même temps forte. Bref, le casting est parfait. Spike Jonze glisse ci et là des notes d'humour, on rit tout au long du film comme à chaque apparition du collègue de Theodore, un Chris Pratt magnifiquement enlaidi. Le spectateur sourit et pâtit de la solitude du héros.



Quelle chance d'être allée voir ce film, un petit bijou - le seul bémol (je me demande s'il n'a pas été voulu par le réalisateur) c'est le ton mielleux de la voix de Samantha (Scarlett Johansson) qui à la fin du film m'a passablement énervé. Si j'ai trouvé assez amusant de l'entendre à nouveau minauder, comme dans Don Jon - j'ai eu, à nouveau, très envie de lui filer une baffe !

A noter également la place prépondérante dans le film de la ville de Los Angeles, filmée ici avec amour - la lumière est sublime. Côté réalisation, rien à redire, je n'ai pas trouvé de temps long. Les petites touches d'humour (comme le petit personnage du jeu vidéo) sont présentes tout au long du film qui ne vire jamais dans le drame, mais reste subtilement mélancolique. Tout a été minutieusement préparé et le résultat est là, un vrai coup de cœur !  


Mon avis :


11 avril 2013

Side effects (effets secondaires) de Steven Soderbergh

Je ne sais plus où je l'ai lu, mais Steven Soderbergh aurait annoncé qu'il s'agissait de son dernier film. J'espère m'être trompée, car Soderbergh est un grand réalisateur. Il le prouve une nouvelle fois avec Side effects.

J'avais vu la bande-annonce et lu le pitch, or l'histoire est tout autre, le film vous entraine dans un thriller pharmatico-policier excellent et surprend tous les spectateurs. 

Je ne veux pas vous raconter toute l'histoire, mais sachez que vous n'avez pas dix pour cent du film dans la bande-annonce, ce qui je l'avoue fait du bien ! L'histoire est bien plus profonde et compliquée, et le choix du réalisateur était le bon !
 
En regardant la bande-annonce, vous comprenez que la jeune Emily (Rooney Mara) est dépressive. Son mari, Martin (Channing Tatum) sort tout juste de prison, lorsqu'elle commet une première tentative de suicide. A l'hôpital, elle rencontre le Dr Banks (Jude Law) qu'elle accepte de voir en sessions de thérapie. Il prend l'attache de la précédente psy d'Emily, Victoria (Catherine Zeta-Jones) qui lui confirme ses craintes et il met la jeune femme sous anti-dépresseurs. Peu à peu, celle-ci développe d'étrangers effets secondaires, en plus des sautes d'humeurs, elle devient somnambule et fait peur à son époux. Un matin, elle se réveille dans l'appartement et découvre son mari, mort, baignant dans une mare de sang. Accusée du meurtre, elle blâme le médicament et son psychiatre. La vie entière du Dr Banks se transforme en un véritable cauchemar....



L'histoire pourrait s'arrêter là mais elle ne fait que commencer. Car le réalisateur va trimballer les spectateurs dans une toute autre histoire. Un coup de génie ! Je me suis gentiment fait avoir et je ne lui en tiens pas rigueur. C'est la preuve du talent de ce réalisateur américain.

J'aime la manière dont il filme les acteurs, leurs visages, leurs gestes, leurs corps, il y a un vrai travail autour de l'image mais aussi du rythme, parfois lent, puis en accéléré. Un soin important est apporté à la musique qui rythme le film. Le réalisateur sait laisser place au silence, à l'immobilisme. La musique est le cinquième personnage du film. 

Le film ne tourne pas uniquement autour des firmes pharmaceutiques et des drogues qui sont prescrites comme des bonbons mais aussi sur d'autres thèmes comme la résilience et la vengeance. 




J'ai adoré Jude Law - pourtant je n'ai jamais été une grande fan de l'acteur, ici il porte sur ses épaules le rôle de cet homme détruit, et il le fait à merveille. Enfin, si j'avais vu Rooney Mara dans ses deux précédents rôles, The Social Network et Millénium (je préfère la version suédoise), là j'ai découvert son immense talent. Une actrice surprenante. Elle est la révélation du film. J'ai hâte de la voir dans ses prochains films. 

Je m'arrête là, si vous voulez vous faire surprendre par un film intelligent, bouillonnant et troublant, vous savez quoi faire ;-)

30 janvier 2012

Millenium

Je suis allée voir la version américaine de Millenium (Les hommes qui n'aimaient pas les femmes - traduction française de The girl with the dragon tattoo).

J'avais hésité à aller le voir ayant vu le téléfilm (en trois épisodes) diffusé en France sur Canal + et la version cinématographique. Donc troisième version pour moi du premier opus de la trilogie de Stieg Larsonn.

Vous comprenez mieux mon hésitation ! Surtout j'avais adoré les acteurs suédois, Michael Nyqvist et Noomi Rapace.

La Lisbeth Salander suédoise était juste parfaite, comme le journaliste Michael Blomkvist. J'aimais le fait qu'ils aient l'air juste normaux, enfin surtout le journaliste - l'acteur est considéré comme le Brad Pitt suédois (euh .. pas vraiment) mais je lui ai trouvé du charme et du talent. Leur duo m'avait emballé. J'ai acheté le coffret de la mini-série. L'univers y était très bien rendu, la Suède parfaitement représentée, les scènes violentes très bien filmées.
Noomi Rapace et Michael Nykvist

J'ai rêvé de voir les deux autres opus avec les mêmes acteurs. Alors non, je n'étais pas pressée de voir Hollywood s'attaquer à l’œuvre de Larsson. Surtout quand j'ai entendu le nom de Scarlett Johansson circuler pour le rôle de Lisbeth ! Au secours !

Donc voilà, j'avais peur de voir la version américaine - je ne suis pas une grande fan de Daniel Craig et Rooney Mara n'avait pas démontré encore tout son talent dans The Social Network. Mais je savais aussi que se cachait derrière la caméra David Fincher.

C'est lui qui m'a convaincu de retourner suivre la famille déjantée de Henrik Vanger encore une fois sur le grand écran.

Et je ne l'ai pas regretté ! Fort heureusement, Hollywood a su confier à cet homme le soin d'adapter cet opus de la trilogie, particulièrement sombre (avec une scène très violente) et il a voulu tout de suite marquer son style avec le générique de début. Un générique assez hallucinant, qui met en avant Lisbeth. J'ignore si on peut le trouver sur le web, mais il vaut le détour.  Je ne suis peut-être pas trop objective car j'adore les films de Fincher (Seven, Fight Club, l'étrange histoire de Benjamin Button, The Social Network,etc.).


Image issue du générique du film
Puis vient le film, l'histoire est désormais assez célèbre. Ruiné par un procès perdu contre un homme puissant, Blomkvist accepte l'offre d'un des derniers grands patrons suédois d'enquêter sur la disparition de sa nièce dans les années 60. Parallèlement, le spectateur suit la vie de Lisbeth Sander, jeune femme asociale, recluse, sous tutelle et qui travaille pour une compagnie d'espionnage industriel. Hacker de génie, elle pirate l'ordinateur de Blomkvist pour le compte de l'industriel puis finit par devenir son assistante. L'association de ces deux personnages va donner un tour complètement différent à l'enquête.

L’œuvre de Stieg Larsson offre un excellent scénario à n'importe quel réalisateur, donc on ne peut pas trop revenir dessus. Forcément, la version cinématographique a du faire certains choix (le film dure 2h20) comparé à trois épisodes télévisés ! C'est mon seul regret. J'en reparlerai plus tard.

Noomi vs. Rooney


On peut s'attarder sur les acteurs. Les deux acteurs m'ont convaincu. J'étais très sceptique envers le jeu de Rooney Mara, car j'avais encore en moi l'image très forte de Noomi Rapace. La comparaison vient sans doute de leur âge, Rooney fait vraiment jeune, Noomi moins, cette dernière ressemblait vraiment à une personne anorexique, marquée par la vie (donc plus proche du livre), Rooney est très mince mais elle a quand même l'air en bonne santé.

Mais la jeune américaine a su faire oublier ces différences physiques pour imposer cette personnalité hors du commun, qu'est Lisbeth Salander. Difficile de ne pas aimer Lisbeth, avec tous ses défauts, ses craintes, ses doutes et Rooney a su rendre parfaitement la guerre intérieure que doit mener Lisbeth pour affronter les autres, et elle-même.

Daniel Craig n'a pas joué à James Bond (en aparté : j'adore ses tenues vestimentaires dans le film). Il restitue bien avec Robin Wright (je l'adore) le personnage de ce journaliste hanté par la justice, quitte à y perdre tout son argent, et leur duo fonctionne bien. Et l'autre duo, celui de la trilogie Mikael/Lisbeth fonctionne aussi très bien. Rooney et Daniel vont bien ensemble. Les acteurs secondaires sont tous excellents, mention spéciale à Stellan Skarsgard, Christopher Plummer et Goran Visnjic.

Le rythme est soutenu, l'action toujours présente, l'intrigue parfaitement rendue, et la Suède bien présente (ah le froid ...mais il arrive aussi ici !). Je ne me suis pas ennuyée une seconde alors que je savais parfaitement ce qui allait arriver dans la scène suivante !

Mon seul regret fut la fin, un peu bâclée et trop romancée à mon goût. L'effet Hollywood chewing-gum ? La dernière scène m'a donc déçue. Sans doute par manque de temps, Fincher a décidé de réduire à deux minutes la fin de l'histoire. J'ai donc raconté à l'ami qui m'accompagnait la relation Lisbeth/Mikael, qui était très compliquée. Lisbeth ne change pas du tout au tout, elle ne règle pas ses problèmes en rencontrant Mikael, et disparait encore sans en parler à Mikael. Or ici, on n'a pas cette impression.

Mais à part ça, le film m'a donné envie de voir le deuxième opus. Alors, qu'importe si les acteurs sont américains ou suédois, car finalement c'est l'histoire que j'aime ! Ce duo est juste unique. Stieg Larsson est vraiment parti au mauvais moment.

Ma note : A+